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Actualités - CHRONOLOGIE

CINÉMA - Crises de larmes incontrôlables, récompenses refusées, diatribes politiques… Au-delà des palmarès, l’histoire des Oscars ponctuée de scènes d’anthologie

Crises de larmes incontrôlables, récompenses refusées, diatribes politiques : au-delà de leurs palmarès, les Oscars ont tout vu et la cuvée 2006 ne devrait pas déroger à la règle, surtout avec une sélection de films traitant de sujets de société explosifs. Ce sont l’émotion et les imprévus qui font de la cérémonie un événement mémorable, souligne Tom O’Neil, éditorialiste du site « theenvelope.com » : « Les Oscars récompensent des moments remarquables (de cinéma) et il est donc naturel qu’ils produisent eux-mêmes des moments spectaculaires », dit-il. Émoi par exemple en 1973 quand un homme nu monte sur la scène. David Niven, maître de la cérémonie, ne perd pas son flegme et met les rieurs de son côté en ironisant sur l’anatomie de l’intrus. Deux ans plus tard, alors que Marlon Brando vient de recevoir l’Oscar du meilleur acteur pour Le parrain, une jeune femme disant s’appeler « Sacheen Littlefeather » monte sur scène et refuse la récompense au nom de la star, en protestation contre le traitement par Hollywood des Indiens d’Amérique. En 2003, le documentariste Michael Moore, honoré pour son manifeste antiarmes Bowling for Columbine, scandalise les États-Unis en lançant « honte à vous » au président George W. Bush, trois jours après le début de la guerre en Irak. Lors de la même édition, l’acteur Adrien Brody sidère l’assistance en embrassant goulûment Halle Berry après avoir reçu sa statuette. Les organisateurs de la cérémonie sont partagés entre la hantise d’assurer un spectacle de qualité, vu par jusqu’à un milliard de téléspectateurs, et la nécessité de respecter la sensibilité de l’Amérique conservatrice. « Personne ne veut voir un incident comme celui du sein de Janet Jackson » se produire aux Oscars, résume Robert Thompson, professeur de culture populaire à l’université de Syracuse (New York, est), référence au fameux « dysfonctionnement de garde-robe » en 2004 lors du « Superbowl », la finale de football américain. Depuis ce scandale, qui avait valu une amende de 550 000 dollars à la chaîne CBS, les Oscars sont, comme nombre d’autres rendez-vous annuels, diffusés en très léger différé. Mais les réalisateurs de la cérémonie sont cette année sans doute plus inquiets à l’idée de voir des vainqueurs de statuettes livrer des diatribes politiques lors de leurs discours de remerciements. La sélection des 78es Oscars est bourrée de films touchant à des thèmes politiques et sociaux très sensibles, de la répression de l’homosexualité à la politique énergétique, en passant par le conflit israélo-palestinien et l’indépendance des médias. Marqué à gauche, George Clooney, sélectionné pour l’Oscar du meilleur scénario original et meilleur réalisateur pour le film sur le maccarthysme Good Night, and Good Luck, ainsi que pour le meilleur second rôle masculin dans le thriller Syriana, pourrait ainsi très bien lancer une pique à M. Bush. « Je pense qu’il existe une inquiétude de voir un lauréat comme Clooney prononcer un discours politique qui pourrait choquer certaines personnes (...), mais Hollywood a déjà la réputation dans l’Amérique profonde de faire partie d’un vaste complot de gauche et rien ne changera cet état de fait », note M. Thompson. Le producteur des Oscars, Gill Cates, a conjuré les futurs vainqueurs de faire court et intéressant, ne leur laissant que 60 secondes pour s’exprimer après avoir reçu leur statuette. Mais les artistes sont par essence des gens passionnés et imprévisibles, et personne n’a oublié l’explosion de joie de l’Italien Roberto Benigni, vainqueur des Oscars du meilleur acteur et du meilleur film étranger en 1999 pour La vie est belle. « Je veux embrasser tout le monde ! » avait-il hurlé après s’être juché sur le dossier de son siège.
Crises de larmes incontrôlables, récompenses refusées, diatribes politiques : au-delà de leurs palmarès, les Oscars ont tout vu et la cuvée 2006 ne devrait pas déroger à la règle, surtout avec une sélection de films traitant de sujets de société explosifs.

Ce sont l’émotion et les imprévus qui font de la cérémonie un événement mémorable, souligne Tom O’Neil,...