Une délégation du Hamas rencontrera aujourd’hui le chef de la diplomatie russe Israël « ne veut pas punir le peuple palestinien », affirme Livni

Israël « ne veut pas punir le peuple palestinien » de la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes, a déclaré hier à Londres le chef de la diplomatie israélienne, Mme Tzipi Livni. Israël entend « prévenir une crise humanitaire dans l’Autorité palestinienne », a souligné Tzipi Livni lors d’une conférence de presse conjointe avec Kim Howells, secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, qui remplaçait son ministre de tutelle, Jack Straw, souffrant. Israël a annoncé la semaine dernière le gel du transfert mensuel d’environ 50 millions de dollars de fonds correspondant au remboursement des droits de douane et de TVA qu’il prélève sur les produits destinés aux territoires palestiniens. Le Hamas « doit changer pour obtenir une légitimité internationale », a réaffirmé Mme Livni, mais « Israël, en parallèle, croit très important de trouver le moyen de prévenir une crise humanitaire dans l’Autorité palestinienne et d’aider le peuple palestinien au travers d’ONG, ainsi que par d’autres moyens qu’il nous faudra trouver dans les prochains jours et semaines ». Tzipi Livni arrivait de Paris, où elle s’est entretenue avec son homologue, Philippe Douste-Blazy, et le Premier ministre, Dominique de Villepin. Le chef de la diplomatie française avait mis en garde son homologue israélien contre le risque d’« un chaos » dans les territoires palestiniens. Mme Livni a répondu qu’« Israël ne veut surtout pas porter atteinte à la population civile palestinienne ». Mais « nous ne pouvons pas nous permettre de nous mentir à nous-mêmes, quand une organisation islamique appelle à la destruction d’Israël, Israël doit se défendre », a-t-elle dit. Côté palestinien, La délégation du Hamas, conduite par le chef du bureau politique du mouvement, Khaled Mechaal, doit rencontrer aujourd’hui le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. La visite devrait durer trois jours, a précisé l’ambassade palestinienne à Moscou. Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays, effectuera ainsi son premier grand déplacement, hors Proche-Orient, depuis sa victoire aux législatives de janvier, une visite très contestée en Israël. L’adjoint de M. Mechaal, Moussa Abou Marzook, qui fera partie de la délégation, a affirmé que le Hamas attendait ces entretiens « avec optimisme ». La Russie est capable de « remplir le vide apparu à cause des erreurs de la politique des États-Unis au Proche-Orient », a estimé M. Marzook, depuis Damas, dans un entretien accordé à l’agence russe Ria Novosti. La diplomatie russe a assuré pour sa part qu’elle n’exercerait aucune « pression » sur le Hamas au cours de ces entretiens sans précédent, mais comptait toutefois convaincre le mouvement islamiste d’adopter des positions plus « modérées ». Dans ce contexte, le Premier ministre israélien par intérim Ehud Olmert a affirmé hier que le président russe Vladimir Poutine l’avait assuré que son pays « ne portera jamais plus atteinte à Israël ». Le Hamas pourrait « changer sa position » à l’égard d’Israël, pour répondre aux « intérêts du peuple palestinien », a espéré de son côté, l’ambassadeur palestinien en Russie, Baker Abdel Munem, lui-même membre du Fateh. Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a toutefois souligné dans une interview au journal panarabe al-Hayat que les positions du Hamas radical, qui refuse toute négociation avec Israël dont il ne reconnaît pas le droit à l’existence, « ne peuvent changer de 180 degrés en un mois ». M. Abbas a appelé à « donner une chance au Hamas » qui s’apprête à former un nouveau gouvernement après sa victoire aux législatives du 25 janvier. Enfin, les riches monarchies pétrolières du Golfe ont plaidé en faveur de la poursuite de l’aide financière, appelant à ne « pas punir » le peuple palestinien pour avoir voté Hamas, dans un communiqué au terme d’une réunion de leurs chefs de diplomatie à Ryad.