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Actualités - ENTRETIEN

Cinéma 2006 - Entretien avec le réalisateur au lendemain de son César du meilleur court-métrage pour « Aftershave, Beyrouth après-rasage » « Mabrouk again », Hany Tamba !

Première participation libanaise aux Césars et une première victoire ! Le coup d’essai de Hany Tamba, une nomination déjà fort appréciée, s’est transformé en coup de maître, samedi soir. La première émotion passée si peu, Hany Tamba se remet lentement de sa victoire aux Césars 2006 – et on le comprend de vouloir prolonger le plaisir –, il nous confie ses impressions, ses attentes et ses projets. «J’étais en montage à Dubaï lorsque j’ai appris, le 27 janvier, que Aftershave, Beyrouth après rasage avait été nommé aux Césars. La sélection était déjà un immense bonheur, qui aurait pu s’arrêter là. Puis il y eut la nomination, une autre bonne nouvelle qui nous a comblés. Puis le César… C’est surréaliste ! » C’est en ces mots que le réalisateur entame la discussion, de Paris où il réside, deux jours après la cérémonie qui a enfin couronné son œuvre et, plus généralement, l’œuvre d’un jeune cinéaste libanais. Hany Tamba, le public a découvert son travail et sa sensibilité en 1997 avec un premier documentaire filmé caméra à l’épaule, Les barbiers de cette ville. Puis il l’a retrouvé deux ans plus tard avec son court-métrage Mabrouk again. Aftershave, Beyrouth après-rasage, présenté en avant-première au festival « Né à Beyrouth », a permis à quelques privilégiés de savourer ce « court » rempli d’émotions. Désolant, ce constat, désolant aussi que la production de ce film libanais, acteurs, scénario, sujet, techniciens, langue et même son titre soit exclusivement française. « Bizibi France était producteur délégué, VIP Films s’est chargé de la production exclusive à Beyrouth. Mais ce film, qui est une réflexion sur la société libanaise, a pu se faire grâce, exclusivement, aux moyens financiers du Centre national du cinéma français, à un préachat de France 3 et à une aide de l’Agence de la francophonie », précise le réalisateur. Avant de poursuivre, car l’essentiel demeure cette victoire et le bonheur qu’elle engendre : « Je suis ravi ! » Une soirée inoubliable « Quand le résultat a été annoncé, tout le monde a bondi sauf moi. J’étais tellement sous le choc… Mon cœur a glissé, se souvient Hany. Je ne sais pas comment je suis arrivé sur scène. Je croyais que je ne pourrais rien dire, et pourtant, les mots sont sortis. Je sentais que je devais remercier d’une façon générale les acteurs, l’équipe technique, qui ont tous été exceptionnels. Rendre hommage à mon père, dont c’était l’anniversaire, et, bien sûr, au Liban et aux Libanais qui vivent une période difficile. » Aftershave, Beyrouth après rasage, qui a déjà obtenu de nombreuses distinctions, dont le prix Attention talent FNAC au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, le prix du jury au Festival de Lille, et le prix Ciné-courts à Cabourg, a été projeté au cinéma MK2 Beaubourg, à Paris, pour deux semaines. En attendant une hypothétique mais très souhaitée sortie dans les salles libanaises, le court-métrage, édité par la FNAC en DVD, sous la bannière Attention talent et vendu dans tous ses points de ventes en France, regroupe les trois films du réalisateur de même que 40 minutes d’interview. « Je regarde la statuette, dit-il, deux jours plus tard, et je me sens très léger. Comme si, après avoir réussi plusieurs épreuves, le résultat est enfin là. Je me le devais à moi-même, à ceux qui ont cru en moi et au Liban. Mais en même temps, et c’est assez paradoxal, pèse sur mes épaules la responsabilité du prochain, que je me dois de réussir aussi bien. » Des projets à venir Le prochain, un long-métrage dont Tamba a achevé l’écriture en fin d’année 2005, raconte l’histoire d’un chanteur libanais exilé en France, reconverti en réceptionniste d’hôtel, après avoir eu son heure de gloire avec une célèbre chanson. « Tout le monde a oublié sa chanson, sauf quelques personnes au pays, dont un homme qui l’appelle et lui demande de revenir au Liban animer la soirée d’anniversaire de sa femme. C’est un film, comme dans Mabrouk again, qui évoque le passé, ou plutôt l’idée que l’on se fait de son passé et sa réinterprétation. » Le fidèle CNC a encore une fois donné sa confiance et une avance sur recette. Mais pour permettre la concrétisation de ce long-métrage, espérons que cette fois-ci, Hany Tamba sera prophète en son pays… « Sans mes acteurs, Rafic Ali Ahmad, Julia Kassar, Mahmoud Mabsout, Fady Reaïdy, Abdallah Homsy, Fadia Souaïby, qui sont formidables, sans la musique de Khaled Mouzannar et sans la belle image d’Emmanuel Soyer, le film n’aurait pas eu autant d’émotion. Je leur en suis très reconnaissant. J’espère aussi, conclut-il, que ce César sera le premier d’une série qu’on remettra à d’autres films libanais, mais aussi qu’il y aura des prix libanais pour que nos films ne soient pas uniquement reconnus à l’étranger. » « Mabrouk again », Hany ! Et à bientôt dans Beyrouth qui a besoin de ce regard plein d’humour pour se faire une nouvelle jeunesse. Carla HENOUD
Première participation libanaise aux Césars et une première victoire ! Le coup d’essai de Hany Tamba, une nomination déjà fort appréciée, s’est transformé en coup de maître, samedi soir. La première émotion passée si peu, Hany Tamba se remet lentement de sa victoire aux Césars 2006 – et on le comprend de vouloir prolonger le plaisir –, il nous confie ses impressions, ses...