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AFGHANISTAN - L’ancien « général » tente de faire oublier son passé sanglant Pacifique et ambitieux, le « Dostam nouveau » est arrivé

Plus de 400 armes automatiques s’étalent sur une longue table au milieu des jardins de la somptueuse résidence d’Abdul Rashid Dostam : le cadeau aux autorités du « général » afghan, qui tente de faire oublier son passé sanglant et affiche des ambitions ministérielles. En cette journée grisâtre de février, près de 2 000 invités s’égayent dans le décor kitsch – lampadaires multicolores en forme de tulipes retournées le long de la piscine extérieure, cocotiers et fleurs en plastique autour du bassin intérieur – fourni par le maître des lieux. La plupart, barbes blanches et longues tuniques traditionnelles, entourent la silhouette massive de l’homme fort du Nord afghan, enveloppé d’un « chapan » (long manteau traditionnel local) vert et jaune. Visage rond, cheveu et moustache poivre et sel ras et raides qui lui donnent un physique d’ours taciturne, Dostam, arrivé dans un convoi de Mercedes et 4x4 noires aux vitres fumées, accueille également des représentants de la force de l’Otan (Isaf), de l’ambassade américaine et du gouvernement afghan. Oubliés les rapports réguliers sur les atrocités commises par les milices de Dostam, dont la mort de centaines de talibans entassés et étouffés dans des containers : dans un pays encore fragile, l’heure est au consensus politique. « Cette livraison va contribuer à renforcer la paix et la stabilité dans la région », commente le « général ». Devant lui s’étire une rangée de quelque 400 fusils automatiques : la première livraison d’armes des combattants ouzbeks au DIAG, le programme gouvernemental de désarmement des milices illégales, promu par la communauté internationale. Un butin bien modeste, dans une province, Jawzjan, truffée de centaines de caches d’armes héritées de décennies de guerre. Selon Nazmus Jugbery, un employé du DIAG, « seules 10 % des armes y ont été collectées ». Parmi les modèles, on trouve plusieurs fusils 303, utilisés pour la première fois par les Anglais lors de la... Première Guerre mondiale. « En moyenne, 25 à 30 % des armes récupérées fonctionnent », note sur place l’un des responsables du DIAG, Ahmad Jan Nawzadi. Mais l’intérêt de la cérémonie est ailleurs, et se décline dans la suite du discours de Dostam, réputé amateur de whisky qui s’était fait très discret ces derniers mois, et que certaines sources occidentales disent malade, évoquant un début de cancer du pancréas qu’il serait allé faire soigner à l’étranger. « J’ai été le premier à combattre les talibans et el-Qaëda pour libérer l’Afghanistan. Nous devons maintenant lutter contre l’insécurité et l’opium », déclare-t-il. « Les gens des provinces du Nord me connaissent. Si je les appelle à désarmer, ils le feront », affirme-t-il en précisant qu’il « ne fait pas cela pour le gouvernement, mais pour la paix ». Interrogé un peu plus tard par l’AFP, celui qui occupe depuis 2004 le très honorifique poste de « chef d’état-major du haut commandement des forces armées » du gouvernement avoue pourtant qu’il est « candidat » au poste de ministre de la Défense, alors qu’un remaniement du gouvernement semble imminent. « Depuis plusieurs mois, Dostam a multiplié les contacts avec nous », explique sur place un responsable de l’Isaf, chargé de la sécurité dans la région. « Nous avons essayé de travailler sans les chefs de guerre. Mais on s’est aperçu que cela marchait mieux avec, car ils sont implantés », se justifie-t-il, avant de conclure : « Nous connaissons le passé, mais nous espérons également que, d’ici à quelques années, d’autres prendront leur place. »
Plus de 400 armes automatiques s’étalent sur une longue table au milieu des jardins de la somptueuse résidence d’Abdul Rashid Dostam : le cadeau aux autorités du « général » afghan, qui tente de faire oublier son passé sanglant et affiche des ambitions ministérielles.

En cette journée grisâtre de février, près de 2 000 invités s’égayent dans le décor kitsch –...