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Économie Pourquoi préfère-t-on la politique monétaire à la politique budgétaire ?

Par Charbel CORDAHI * L’incapacité de la politique budgétaire à atteindre le degré de stabilisation souhaité de l’ensemble de l’économie a largement contribué à la perte de crédibilité de cette politique auprès des économistes, qui préfèrent le recours à la politique monétaire. Cette conception, plus empirique que théorique, est renforcée par l’expérience des politiques budgétaire et fiscale qui n’ont pas réussi à être des outils de stabilisation de l’économie, notamment à cause de la lenteur de leur mise en application, des effets contraignants des déficits budgétaires et de la dette publique sur l’ensemble de l’activité. Pourquoi les économistes préfèrent-ils le recours à la politique monétaire alors qu’ils reconnaissent que la politique budgétaire peut aussi être utilisée pour contrecarrer les dérèglements économiques temporaires ? Les réformes budgétaires exigent un long travail parlementaire alors que les décisions monétaires sont prises par la Banque centrale. Pour réduire les délais, les gouvernements modifient la politique monétaire même si la modification de la politique budgétaire est mieux adaptée. De même, les chocs budgétaires créent des déficits qui devront être tôt ou tard compensés par des mouvements budgétaires inverses. Une autre explication provient de la rigidité nominale des prix à court terme, qui permet aux gouvernements d’augmenter la production mais aussi de mettre en œuvre une politique expansionniste avant les élections. Lorsque ces expansions sont anticipées par les consommateurs et les entreprises, la politique macroéconomique conduit à une inflation élevée mais sans gain en moyenne dans la production. De plus, se rendre compte que la demande globale a changé prend du temps. La collecte de statistiques fiables sur le revenu national nécessite des mois de travail, et il faut encore du temps pour modifier la politique budgétaire. On ne peut pas mettre en application du jour au lendemain des plans de dépenses à long terme. Et une fois que le changement de politique a été mis en œuvre, il faut aussi du temps pour qu’il agisse sur les variables économiques et pour que les effets de la nouvelle politique se fassent sentir. C’est pourquoi les acteurs économiques prennent souvent des décisions intuitives qui ne sont pas nécessairement conformes à la réalité économique. L’État est également confronté à un certain degré d’incertitude lorsqu’il doit décider des mesures à adopter pour modifier la politique budgétaire. Il ne connaît pas avec précision la valeur des grandeurs économiques et ne dispose que d’estimations établies sur la base de données historiques. Des erreurs dans l’estimation d’une ou plusieurs de ces variables donnent lieu à de mauvaises décisions dans la modification de la politique budgétaire nécessaire pour changer d’un montant donné le revenu d’équilibre. Les raisons ci-dessus ont fait de la politique monétaire, depuis la fin des années 1980, le bon outil pour favoriser la croissance et assurer la stabilité des prix. C’est notamment grâce à la flexibilité de sa mise en œuvre que cette politique permet de stabiliser l’activité économique. Docteur en économie – Centre de recherches et d’études doctorales de l’ESA (CRED). En coopération avec l’ESA
Par Charbel CORDAHI *

L’incapacité de la politique budgétaire à atteindre le degré de stabilisation souhaité de l’ensemble de l’économie a largement contribué à la perte de crédibilité de cette politique auprès des économistes, qui préfèrent le recours à la politique monétaire. Cette conception, plus empirique que théorique, est renforcée par l’expérience des politiques budgétaire et fiscale qui n’ont pas réussi à être des outils de stabilisation de l’économie, notamment à cause de la lenteur de leur mise en application, des effets contraignants des déficits budgétaires et de la dette publique sur l’ensemble de l’activité. Pourquoi les économistes préfèrent-ils le recours à la politique monétaire alors qu’ils reconnaissent que la politique budgétaire peut aussi être utilisée pour...