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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - Eve Ensler, auteur des « Monologues du vagin » Haro sur le botox et le bistouri magique : «Le corps idéal est celui que nous habitons»

WASHINGTON - Irène MOSALLI Aujourd’hui, «beauté mon beau souci» rime avec chirurgie. Esthétique, bien entendu. C’est à qui veut raffermir, gommer ou gonfler rides, lèvres, hanches, ventre ou poitrine, ou tout à la fois. Toute une affaire que cette préoccupation par le physique qui a été évoquée dans une pièce de théâtre, récemment présentée à Washington. Elle s’intitule The Good Body (Le corps idéal). Elle est écrite et interprétée par Eve Ensler, qui connaît bien toute la sensibilité et les inquiétudes de la femme actuelle. Elle n’est autre que l’auteur d’une autre œuvre dramatique à succès, Les monologues du vagin, qui a touché une fibre dans ce domaine car elle dénonçait la violence contre les femmes. Cette fois, Eve Ensler attire l’attention sur les graves ramifications d’une société obsédée par un standard de beauté unique, imposée par les médias et difficilement accessible par la majorité qui, néanmoins, y aspire, coûte que coûte. Sur une scène ayant pour fond des images de formes féminines filiformes, l’écrivain-actrice, tout de noir vêtue, parle d’elle et d’une pléiade de femmes de différents backgrounds. Elle a elle-même un problème avec son ventre, «mon tortionnaire et ma relation la plus astreignante», et admet que son identification à «une féministe radicale» ajoute «une autre couche à son autoflagellation». Transcender la «tread mill mania» Après ce bref autoportrait humoristique, son ton devient plus grave pour relater les graves répercussions que peuvent avoir le bistouri, le laser et autres botox sur l’état mental. Témoin, l’exemple de cette jeune Italienne qui, soudain, avait décidé de subir une ablation de sa poitrine après avoir été violée par l’amant de sa mère. Il y a aussi cette femme qui subit régulièrement des opérations «d’embellissement» pour plaire à son mari, un chirurgien esthétique. Dans cet éventail de traumatismes, Eve Ensler vient également inscrire le sentiment de rejet qu’elle a senti enfant parce que sa mère l’a traitée de «sombre et poilue». De là, elle passe sur scène aux ennemis jurés de la femme: le pain et les desserts. Pour les conjurer, on la voit suant et suintant sur un «tread mill» imaginaire ou travaillant sur une balle d’exercice à effets visuels pour détendre l’atmosphère: la balle prend les couleurs rouge, verte et blanche, lorsque l’actrice se dit être en Italie. Et quand elle parle des femmes du monde entier, spécialement celles d’Afrique, de l’Inde et d’Afghanistan, c’est pour mieux dire aux Américaines combien elles sont induites en erreur en s’affamant volontairement, quand d’autres le font par nécessité. Elle rappelle que, dans les années 50, les jeunes filles étaient belles et joyeuses. «Elles avaient des cheveux ondulés blond Clairol et des porte-jarretelles. Aujourd’hui, elles s’engagent dans l’armée, grimpent sur des échelles, vont au gym et portent de pénibles chaussures pointues. Elles mangent peu. Elles ne mangent pas du tout. Elles restent parfaites. Elles restent minces. Ce que je ne peux faire.» Alors, Ensler a fait la paix avec son corps à l’instar, dit-elle, des mères africaines qui célèbrent chaque corps «comme un signe de la diversité de la nature» et les Indiennes qui «transcendent la “tread mill mania”» et sont heureuses avec leurs courbes et leur visage joufflu. C’est là le parcours d’Eve Ensler (considérée comme la Oprah Winfrey des planches, de l’obsession à la raison) pour convaincre que «le meilleur corps… est celui que nous habitons».
WASHINGTON - Irène MOSALLI

Aujourd’hui, «beauté mon beau souci» rime avec chirurgie. Esthétique, bien entendu. C’est à qui veut raffermir, gommer ou gonfler rides, lèvres, hanches, ventre ou poitrine, ou tout à la fois. Toute une affaire que cette préoccupation par le physique qui a été évoquée dans une pièce de théâtre, récemment présentée à Washington. Elle...