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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE Émilio Trad à la galerie Alice Mogabgab jusqu’au 18 février Les mystères de la lumière

Un Argentin d’origine libanaise, installé à Paris depuis 1982. «C’est mon grand-père qui est libanais, dit-il dans un sourire amusé, tandis que moi je suis seulement argentin…» Peintre traquant la lumière, énigme de la vie, Émilio Trad n’est pas à sa première exposition beyrouthine où la lumière pleut à profusion. Pour la quatrième fois présent sur les cimaises de la galerie Alice Mogabgab, on retrouve avec plaisir (jusqu’au 18 février) sa palette riche en tonalités à la fois subtiles et sourdes. On retrouve aussi sa vision étonnante d’un monde surprenant, légèrement inquiétant, où rêves, imaginaire et pans de réalité ont des croisements insolites. Onirisme somptueux, parfois vénéneux, avec un rendu pictural impeccable, léché jusqu’à la dernière touche. Jamais huile ne fut si docile, si domptée, si dextrement posée pour des effets qui laissent le visiteur rêveur, comme nimbé d’une certaine lumière... Rencontre autour de ses vingt tableaux, toutes dimensions confondues, qui font l’événement pictural de la saison. Jeans bleu marine, chemise rayée orange, cheveux roux, teint clair et des yeux d’une grande mobilité, voilà Émilio Tabet, cinquante-trois ans («Mon anniversaire tombe ce jeudi», souligne-t-il d’un ton enjoué!), sagement entouré de ses toiles comme de ses enfants. Sujet de ces tableaux qui tapissent la grande galerie, 253 rue Gouraud, à Gemmayzé: un vibrant hommage à Florence («Qui n’aime pas cette ville?», s’interroge-t-il) et une franche inspiration des pages de la Divine comédie de Dante Alighieri. Avec une touche où le sens chrétien affleure brusquement entre deux visions «dantesques»… Ceux qui avaient pu admirer cette peinture conciliant rigoureuse technique classique et sujets modernes, avec personnages statiques, énigmatiques (entre Delvaux, Klossowski et Fini) et des objets hétéroclites (une bouteille, une chaise, une poupée désarticulée) comme récupérés par un inconscient et une mémoire qui refusent de se plier à la fonction d’oubli, seront ravis de retrouver une œuvre et un artiste qui n’ont pas dit leurs derniers mots. «Ma peinture n’a pas changé aujourd’hui, car ce sont toujours les mêmes aplats, les mêmes superpositions, mais ce sont mes personnages qui ont gagné du terrain. Car, en fait, on ne peut pas toujours renouveler les thèmes: un nu, c’est un nu, et pourtant ce n’est pas la même chose chez Velasquez et Bacon. Ici, entre ma passion pour Florence et la flânerie entre les lignes de Dante, surgissent des clins d’œil à une littérature ésotérique et à une ville. Sans oublier un certain aspect chrétien avec un traitement plus symbolique qu’anecdotique…» Comment définir la peinture quand elle a pris tant de place dans une vie? «J’avoue que depuis l’âge de dix-neuf ans, où j’ai commencé à fréquenter les beaux-arts à Buenos Aires, ni palette, ni chevalet, ni tubes à peinture ne sont plus sortis de mon quotidien», affirme sans ambages Émilio Trad. Et de poursuivre: «La peinture, bien entendu, c’est une vocation. Elle me fascine, me foudroie. Mon premier choc pictural fut avec une œuvre du peintre argentin La Camera. Ma première exposition remonte à 1976, avec deux amis en Argentine, à la galerie La Bocca. Et depuis, les accrochages se poursuivent régulièrement… Pour en revenir à définir la peinture, c’est bien difficile… La peinture c’est toute ma vie, tout ce que j’aime, tout ce qui me tracasse. C’est un plaisir, certes, mais c’est aussi un calvaire que de réussir un tableau. Mon travail finit avec la toile terminée. Alors là, je dis tout. C’est ainsi que je m’exprime ! Mon peintre préféré est Vermeer. Car il a percé les mystères de la lumière. Un bon peintre est sans nul doute celui qui capte la lumière et les couleurs et qui en fait un usage adapté à son sujet. C’est ce qui s’appelle l’harmonie…» Dix ans déjà séparent les quatre expositions beyrouthines d’Émilio Trad. L’art du peintre a évolué, ses sujets et ses thèmes, entre personnages pris dans le canevas des toiles et rues de Florence à l’architecture de rêve, ont fait une franche coudée vers cette lumière qui intrigue tant celui qui admire Vermeer et Velasquez. Et Beyrouth a-t-elle changé en dix ans? «Oui, confie Émilio Trad, en 1996 je me souviens qu’il n’y avait même pas encore sérieusement de rues. En quelques années, tout s’est reconstruit, c’est presque un miracle! C’est magnifique de voir le centre-ville et cette fabuleuse vie nocturne qui l’habite…» Edgar DAVIDIAN

Un Argentin d’origine libanaise, installé à Paris depuis 1982. «C’est mon grand-père qui est libanais, dit-il dans un sourire amusé, tandis que moi je suis seulement argentin…» Peintre traquant la lumière, énigme de la vie, Émilio Trad n’est pas à sa première exposition beyrouthine où la lumière pleut à profusion. Pour la quatrième fois présent sur les cimaises de la...