Irak - Les résultats officiels annoncent une large victoire de la liste chiite conservatrice aux législatives Début des tractations politiques pour former un gouvernement d’union nationale

Les résultats officiels des élections législatives du 15 décembre en Irak ont confirmé hier la large victoire de l’alliance chiite religieuse, qui, en l’absence de majorité absolue, souhaite engager sans tarder des négociations avec les sunnites et les Kurdes sur la formation d’un gouvernement d’union nationale. La liste chiite conservatrice a largement remporté les élections législatives irakiennes du 15 décembre, sans toutefois obtenir la majorité absolue, a annoncé hier à Bagdad la commission électorale. L’Alliance irakienne unifiée a remporté 128 des 275 sièges du Parlement, a indiqué la commission électorale, qui a publié les résultats définitifs des élections, trente-six jours après le scrutin. Elle est suivie par la coalition kurde qui obtient 53 sièges et la liste sunnite du Front irakien de la concorde, avec 44 sièges. La liste de l’ancien Premier ministre Iyad Allaoui, chiite laïc, obtient 25 sièges et celle du sunnite Salah al-Motlak 11 sièges. Ces résultats confirment les indications préliminaires recueillies immédiatement après les élections, et qui donnaient un fort avantage aux chiites. Les tractations politiques pour un gouvernement n’ont pas attendu l’annonce des résultats intervenue, en raison de contestations et de vérifications, 36 jours après le scrutin. Le président Jalal Talabani – candidat à sa réélection – a lancé l’idée d’un gouvernement d’union nationale, qui semble avoir la faveur des Américains, mais des dirigeants chiites comme le puissant Abdel Aziz Hakim, tête de liste de l’Alliance irakienne unifiée, a souligné qu’« on ne peut pas ignorer le verdict des urnes ». Pour leur part, les États-Unis ont encouragé hier les élus irakiens à « travailler ensemble » pour former un nouveau gouvernement. Londres a par ailleurs salué hier comme un « progrès » la publication des résultats des élections en Irak, l’ambassadeur britannique en Irak estimant qu’elle renforçait l’idée d’une « diminution significative » des troupes britanniques dans ce pays l’an prochain. Mesures de sécurité renforcées Craignant des violences lors de l’annonce des résultats électoraux, les autorités ont renforcé les mesures de sécurité, fermant pour 48 heures les frontières des provinces à forte population sunnite de Diyala (nord-est de Bagdad), de Salaheddine (nord de la capitale) et d’al-Anbar (ouest de l’Irak). Les accès de Falloujah, ville sunnite et ancien bastion rebelle à 50 km à l’ouest de Bagdad, ont été aussi fermés pour trois jours, à partir de jeudi. À Bagdad, une opération de sécurité baptisée « Unité nationale » est en cours. Appels pour la libération de Jill Caroll La libération de la journaliste américaine Jill Carroll est une « priorité majeure » de l’Administration Bush, a indiqué la Maison-Blanche hier. Par ailleurs, un influent dirigeant sunnite a plaidé avec insistance pour la libération de Jill Carroll, une journaliste américaine de 28 ans enlevée le 7 janvier à Bagdad et menacée de mort par ses ravisseurs. Il s’exprimait à quelques heures de l’expiration de l’ultimatum fixé par les ravisseurs de Jill Carroll, qui ont menacé de la tuer si les femmes détenues en Irak n’étaient pas libérées. Se présentant sous le nom des « Brigades de la vengeance », groupe inconnu jusqu’ici en Irak, les ravisseurs ont menacé de tuer leur otage si les prisonnières en Irak n’étaient pas libérées sous « 72 heures », avait annoncé mardi soir la télévision al-Jazira en diffusant une vidéo de l’otage. Le Pentagone avait annoncé jeudi que la libération de six des huit prisonnières irakiennes détenues par l’armée américaine n’était pas imminente, en dépit des menaces d’exécution qui pèsent sur la journaliste, contredisant des informations des autorités irakiennes annonçant des libérations « dans les tout prochains jours ». Concernant les violences, deux civils irakiens ont été tués et un a été blessé vendredi matin lors de l’explosion d’un engin artisanal au passage d’une patrouille de l’armée américaine à Bagdad, selon la police. Cinq personnes, dont un colonel de la police, ont été enlevées dans la nuit à la sortie d’un restaurant du centre de Bagdad, par une trentaine d’hommes en uniformes non identifiés. Parallèlement, les forces de sécurité irakiennes ont déjoué une tentative d’assassinat du dirigeant chiite Abdelaziz Hakim, qui devait être mise à exécution par des hommes armés et plusieurs kamikazes à l’occasion de l’annonce des résultats des élections législatives, a-t-on appris hier de source militaire irakienne autorisée. De source politique, on a ajouté que des opérations étaient en cours pour retrouver l’ensemble des participants au complot.