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Actualités - CHRONOLOGIE

La presse dénonce vivement la libération du tueur La libération d’Agça crée un profond malaise en Turquie

La libération, jeudi, de Mehmet Ali Agça, auteur d’une tentative d’assassinat contre le pape Jean-Paul II en 1981, a créé un profond malaise en Turquie, faisant resurgir une sombre page de l’histoire du pays, sans compter les doutes sur sa légalité. Agça, 48 ans, est en effet connu en Turquie pas seulement pour avoir tenté de tuer le pape, mais également pour avoir abattu un célèbre journaliste libéral en 1979, Abdi Ipekçi, rédacteur en chef du quotidien Milliyet. Il a été condamné à mort pour ce meurtre en 1980, une peine commuée en prison à vie. Pendant cette sombre période de l’histoire de la Turquie, qui allait culminer avec un coup d’État militaire en 1980, la violence s’était déchaînée, avec des centaines d’assassinats en pleine rue, rarement élucidés, impliquant largement des militants ultranationalistes, les Loups gris, mais aussi des extrémistes de gauche. Première concernée par la libération d’Agça, par solidarité envers la personnalité d’Ipekçi, la presse a vivement dénoncé hier la libération du tueur, quasiment tous les quotidiens s’exclamant en chœur : « L’assassin est parmi nous » et « Jour de honte ». « Agça a ruiné l’image de la Turquie », relevait Ilnur Cevik, éditorialiste du quotidien anglophone The New Anatolian, en s’inquiétant du risque qu’il ne devienne une célébrité reconnue et admise. « Nous devons montrer que nous n’acceptons pas Agça dans notre société, qu’il est un paria. Est-ce possible ? C’est un test pour nous tous », concluait-il. En l’absence de tout sondage d’opinion sérieux, l’impact de la libération d’Agça sur la population est difficile à mesurer. À sa sortie de prison à Istanbul, des fleurs ont été lancées sur sa voiture, et une quinzaine de militants ultranationalistes lui ont manifesté leur soutien en déployant un grand drapeau turc devant le centre d’enrôlement de l’armée où il a été amené. Mais ils ont été largement « contrés » par la centaine de militants de gauche qui ont manifesté leur colère à une autre étape de son périple dans Istanbul, portant des pancartes avec les photos de victimes des séides de l’extrême droite. Plus inquiétant : l’ex-ministre de la Justice Hikmet Sami Turki, qui était en poste lors de l’extradition d’Agça d’Italie en 2000, a insinué que sa libération était liée à l’influence, au sein de l’appareil d’État, aujourd’hui encore, d’éléments ultranationalistes. Quant au principal intéressé, la conduite qu’il va adopter est imprévisible : en près de 25 ans d’incarcération, il a multiplié les propos délirants, laissant planer un fort doute sur sa santé mentale.

La libération, jeudi, de Mehmet Ali Agça, auteur d’une tentative d’assassinat contre le pape Jean-Paul II en 1981, a créé un profond malaise en Turquie, faisant resurgir une sombre page de l’histoire du pays, sans compter les doutes sur sa légalité.

Agça, 48 ans, est en effet connu en Turquie pas seulement pour avoir tenté de tuer le pape, mais également pour avoir abattu un...