Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

RENCONTRE - Portraitiste des temps modernes, ses œuvres sont exposées dans les galeries de Londres Romanos Moukarzel, entre réalisme et illusion

Portraits, paysages et natures mortes signent l’univers pictural de Romanos Moukarzel. Baladant son regard sur les différents coins de la planète et balayant les toiles de ses pinceaux, l’artiste ne cesse de capter le moment et de saisir l’infini. «Peut-on reproduire le visage?» se demandait Nathaniel Hawthorne en 1850, alors qu’un peintre lui faisait son portrait? Et d’affirmer par la suite: «Je n’en ai jamais vu deux pareils, ils sont tous illusoires.» C’est en essayant de rendre cette illusion aussi vivante que possible, en investiguant les caractères des modèles qu’il portraiture, que Romanos Moukarzel débute sa carrière de peintre. Des rêves! Il en a fait plein dans sa jeunesse. Cet esprit épris d’indépendance et de non-conformisme ne s’est jamais senti appartenant à un establishment quelconque. Être fermier ou rentrer dans les ordres étaient ses aspirations premières. Mais c’était surtout la peinture qui le séduisait. Un riche parcours Ainsi, lorsque ses parents s’installent à Londres, le jeune Romanos amorce dans la ville de Gainsborouh la première étape de sa formation artistique, avant d’être admis, en 1984, à Sir John Cass School of Art. Il y demeurera quelques mois avant d’en être renvoyé. Très vite, l’Amérique et les «Liberal Arts» vont l’interpeller et développer en lui sa créativité. Mais c’est à Florence, où il poursuit des études académiques durant trois ans, qu’il va enfin trouver sa voie. De 1988 à 1991, dans un atelier à l’atmosphère quasi monastique, Moukarzel étudie l’ombre et la lumière, s’essaye aux différents genres de portraits et paysages. Bref, il parfait son apprentissage: «Réalisant que je n’avais aucun point commun avec l’art abstrait, je trouvais en Italie une certaine identité picturale.» Dès son retour en Angleterre, l’artiste multiplie les expositions: aux galeries Christies, Blains, Atrium ou encore la Royal Society Portrait. Autant de noms prestigieux de salles d’expositions où s’affichent ses différents paysages, portraits ou natures mortes. Maturation des œuvres Avec l’art du portrait qui est probablement le plus difficile d’entre tous, Romanos Moukarzel va peaufiner sa technique. «La texture, et plus particulièrement la texture crémeuse, m’a toujours séduit dans la peinture. C’est pourquoi mon travail s’est toujours effectué en plusieurs couches et mon modèle reproduit d’une façon lisse, presque plate. Au fil des années, après une courte traversée du désert où je mettais en question mon travail, j’ai voulu explorer quelque chose de nouveau.» Hachures, coups de brosse saccadés, accompagnés d’un mouvement plus physique qu’académique, laissant parfois s’installer l’accidentel, les gestes dénotent une maturation des œuvres. Peintre baroque (barocco signifiant perle irrégulière), Moukarzel mêle l’austérité au raffinement et la modernité à l’antique. Dans ses natures mortes qui, en anglais, se traduisent par «still live» signifiant vie immobile, il illustre les fruits ou les victuailles posés près d’objets qui ont été apprivoisés par l’homme. Ce sont des narguilés ou des cruches en poterie, éléments tirés du terroir libanais. C’est que cet artiste calme mais bouillonnant, mélange à la fois de passé et de présent, capte l’expression et immortalise le futur; ce peintre, pas si lisse qu’il en a l’air, ne semble pas avoir rompu les liens avec la mère patrie. Retour aux sources C’est au Liban, et plus précisément à Zghorta, dans son village natal du Nord, qu’il aime se ressourcer. Tantôt sur un flanc de montagne, essayant de traquer les premières lueurs de l’aube, ou dans l’après-midi à la recherche de cette lumière fugace. D’autres fois dans son atelier, jouant délicatement avec les teintes et leurs dégradés. Ce peintre, amoureux du brouillard et de la brume, tente de saisir l’inspiration partout où elle est pour soumettre à sa palette les voix de l’esprit humain ou les chants de la nature. Actuellement, une commande de quatre-vingts toiles, qui devraient comporter des paysages divers, l’emmène à parcourir les plaines, les vallées et les monts. Une course incessante à la recherche de la lumière…et du moment propice. Colette KHALAF
Portraits, paysages et natures mortes signent l’univers pictural de Romanos Moukarzel. Baladant son regard sur les différents coins de la planète et balayant les toiles de ses pinceaux, l’artiste ne cesse de capter le moment et de saisir l’infini.
«Peut-on reproduire le visage?» se demandait Nathaniel Hawthorne en 1850, alors qu’un peintre lui faisait son portrait? Et d’affirmer...