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Actualités - CHRONOLOGIE

DISPARITION Le dernier des trois frères de la lignée de Rachana nous a quittés Alfred Basbous au paradis des sculpteurs

Alfred Basbous n’est plus. Il s’est éteint le 1er janvier, chez lui, dans son lit, des suites d’une longue maladie, entouré des siens. Il est parti, comme il a vécu, en toute discrétion. Le second de la désormais légendaire lignée de sculpteurs a ainsi rejoint ses frères Michel (1921 - 1981) et Joseph (1929 - 2001) au paradis des sculpteurs. À eux trois, les frères Basbous – comme ils étaient communément désignés – ont révolutionné l’art sculptural libanais. Ils avaient fait de leur village natal, Rachana, dans les hauteurs de Batroun, un musée à ciel ouvert. Un lieu quasi sacré où la pierre sculptée se marie en toute harmonie avec la nature. Dans ce petit village, qui, depuis 1994 et grâce à l’initiative d’Alfred Basbous, accueillait à bras ouverts les artistes de tous les pays et tous les horizons, les sculptures pleurent. Né à Rachana en 1924, Alfred Basbous a commencé par être tailleur de pierres. Sauf que tout en travaillant dans le bâtiment, il se forme à la sculpture auprès de son frère aîné Michel, qu’il aidera, pour commencer, dans la taille des œuvres monumentales et des grosses commandes. Il le seconde dans la réalisation d’autels d’églises, notamment ceux des églises de Saint-Maron à Batroun et de l’église du couvent Sainte-Rafqa à Jrebta. Il débute véritablement dans la sculpture en 1957 par le figuratif avant de passer très rapidement à l’abstrait. En 1960, il obtient une bourse du gouvernement français et devient l’élève de Collamarini à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. De ses premières expositions, notamment en 1961 au musée Rodin à Paris jusqu’à 1994, date à laquelle il se consacre plus particulièrement à l’organisation de son symposium annuel, il fait connaître, tout comme ses frères, la sculpture libanaise sous toutes les latitudes, de la France au Japon, en passant par le Koweït, l’Égypte et les États-Unis. Outre son grand talent, tous ceux qui l’ont connu relèvent son humanisme pudiquement enrobé d’un air farouche. Un humanisme qui ressort notamment dans ses thèmes de prédilection : la femme, la famille, le couple, la maternité… Qu’il célèbre avec une tendresse magnifique aussi bien dans la pierre, le marbre, le bois ou le métal. La douceur sous l’écorce « Alfred Basbous était un vrai paysan du “jurd”. Il était capable de vous démettre une épaule d’une tape amicale, affirme Joseph Tarrab. Mais s’il pouvait être brusque dans son comportement et abrupt en paroles, cela n’était qu’une écorce. La pulpe était tout le contraire. À l’intérieur, il était plein de douceur, de tendresse, d’amour pour la vie et les hommes. Et cela se traduisait parfaitement dans son travail tout en courbes, rondeurs, passages subtils d’un plan à l’autre, qui invite à la caresse et à un rapport très intime entre l’œuvre et l’amateur. Alors que ses frères Michel et Joseph la violentaient, lui avait une sorte de discrétion et de pudeur dans son approche de la pierre. Cet amour de la vie et des autres se révélait aussi par la tradition du symposium qu’il a instauré au Liban. Il aimait et respectait les autres artistes et désirait donner leur chance aux jeunes talents, notamment libanais. » Très affecté par la disparition d’Alfred Basbous – qu’il a très bien connu pour avoir fidèlement sponsorisé les symposiums et la création du musée de la sculpture de Rachana – Antoine Wakim, PDG de la SNA, a, pour sa part, témoigné son admiration à ce grand sculpteur. « Avec ses deux frères, il a fait chanter la pierre. On peut d’ailleurs affirmer que les frères Basbous sont les descendants génétiques de nos ancêtres greco-romains qui ont fait de si belles choses avec la pierre. » Louant le courage et la ténacité d’Alfred Basbous « qui a réussi, malgré des conditions et des moyens très limités, à créer le symposium international de Rachana et qui, à travers son petit village, a permis au Liban d’être classé sur la carte du patrimoine de l’Unesco », Antoine Wakim a souligné qu’il devait être un exemple à suivre pour la communauté des affaires. « Alfred Basbous prouve qu’avec de la volonté, de la persévérance et de la détermination on peut, avec juste un marteau et une pierre, créer une richesse universelle. J’espère que la génération montante saura s’en inspirer. » S’il laisse un grand vide, Alfred Basbous peut néanmoins reposer tranquille. Sa fille Samia, ses neveux Anachar, Nabil, Sami, Toni et d’autres assurent déjà la relève de cette véritable dynastie d’artistes. Z. Z.
Alfred Basbous n’est plus. Il s’est éteint le 1er janvier, chez lui, dans son lit, des suites d’une longue maladie, entouré des siens. Il est parti, comme il a vécu, en toute discrétion. Le second de la désormais légendaire lignée de sculpteurs a ainsi rejoint ses frères Michel (1921 - 1981) et Joseph (1929 - 2001) au
paradis des sculpteurs.

À eux trois, les frères Basbous...