Actualités - OPINION
Les dérives d’allégeance entravent l’essor du Liban retrouvé
Par KHOURY Emile, le 06 décembre 2005 à 00h00
Un dignitaire religieux exprime son inquiétude face à la situation politique, et partant sécuritaire ou socio-économique, du pays. Une situation marquée par l’instabilité et le manque d’orientation. À cause, selon cette personnalité, du travail de sape effectué par les résidus des services de renseignements syriens et de l’action des alliés de Damas, qui lui restent fidèles, non pas pour ses beaux yeux, mais parce qu’ils considèrent que leurs intérêts se confondent avec les siens.
Les Libanais, poursuit cette personnalité, ont espéré un moment, après le 14 mars, se débarrasser du joug ancien. À travers la majorité indépendantiste qu’ils ont pu faire élire lors des dernières législatives, pour tronquée que fût la loi électorale. Mais ils sont tombés dans un panneau inévitable : le droit de veto, ou même de contrainte, au nom du principe du consensus gommant la démocratie du nombre. Ce droit a été détourné de son esprit même, c’est-à-dire de la culture d’une coexistence harmonieuse, par les alliés de Damas. Notamment par le tandem Amal-Hezbollah.
Celui-ci arrache ainsi des avantages, comme de se faire représenter par cinq ministres sur trente, de détenir les AE ou des postes-clés sécuritaires, de faire réélire Berry à la présidence de la Chambre, de rejeter le désarmement du Hezbollah et même des Palestiniens. Et qui, en plus, empêche les autres d’obtenir leurs propres droits, bloquant par là le changement et frappant de plein fouet l’intérêt national bien compris. On sait, dans ce cadre de négativisme et d’obstruction, que c’est surtout le soutien de ce tandem qui maintient le régime à flot. Et que la quête de la vérité sur l’assassinat du président Hariri se voit entravée, tant par l’appui aux positions syriennes critiquant l’enquête internationale que par le rejet obstiné d’un procès international ou panaché. Aucune considération d’éthique ou de logique simple n’arrête le tandem en question : il a, comme si la dignité nationale n’était pas en cause, retiré ses ministres de la séance devant répondre aux outrages du chef de l’État syrien. Et il exige un procès au Liban, après avoir refusé que de simples interrogatoires de Syriens y aient lieu !
Pour en retourner aux pratiques décisionnelles, le pacte de Taëf, que le tandem Amal-Hezbollah met toujours en avant, édicte lui-même qu’en cas de désaccord, on procède au vote en Conseil des ministres. Mais l’axe chiite a torpillé ce précepte en menaçant de retirer ses ministres du cabinet. Une menace qui va très loin, puisqu’il l’utilise même pour s’opposer à ce que l’on débatte – simplement que l’on débatte – des questions qui ne lui plaisent pas ! Il n’est dès lors pas étonnant que d’autres parties voient dans cette attitude une sorte de chantage.
Jusqu’à présent, les dirigeants ont choisi de ne pas relever le gant. Ils ont évité le heurt frontal, pour prévenir l’implosion du gouvernement. Ils craignent en effet une crise ministérielle débouchant sur une crise de pouvoir, plongeant le pays dans la paralysie étatique et l’exposant à diverses secousses. Mais ils ne peuvent quand même pas se laisser ligoter indéfiniment. Car, en définitive, et au fond, ils se trouvent empêchés en pratique d’opérer les réformes indispensables pour sauver le pays. Et pour obtenir les assistances économiques ou financières dont il a urgemment besoin. Le plan de réforme doit être défendu, en effet, lors de la conférence des donateurs à Beyrouth, dans quelques semaines.
Il faut donc tirer les choses au clair, faire cesser la confusion, dans les meilleurs délais. Le dignitaire religieux cité estime qu’il est grand temps d’organiser le dialogue national dont tout le monde parle pour traiter de tous les litiges et les régler à l’amiable. Il ajoute que le débat devrait se faire dans le cadre du Parlement, qui est fait pour cela, soulignant que le tandem Amal-Hezbollah doit réaliser que s’il continue sur la même voie, d’autres groupements pourraient constituer des axes communautaires fanatisés et seraient tentés d’adopter les mêmes pratiques abusives, si payantes.
Ce dialogue doit porter sur la juridiction appelée à statuer sur l’affaire de l’assassinat du président Hariri. Sur l’application de la 1559 et de la 1614, sur les relations avec la Syrie et sur les réformes.
Émile KHOURY
Un dignitaire religieux exprime son inquiétude face à la situation politique, et partant sécuritaire ou socio-économique, du pays. Une situation marquée par l’instabilité et le manque d’orientation. À cause, selon cette personnalité, du travail de sape effectué par les résidus des services de renseignements syriens et de l’action des alliés de Damas, qui lui restent fidèles, non...
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