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Possibilité de trêve politique jusqu’au deuxième rapport Mehlis
Par KHOURY Emile, le 19 novembre 2005 à 00h00
Des professionnels s’attendent au maintien d’un statu quo politique sur la scène libanaise jusqu’à la publication du deuxième rapport Mehlis, prévu pour le 15 décembre. Pour faire passer dans le calme ce laps de temps relativement court, des rencontres vont être multipliées entre les gens du 14 mars, comme avec les pôles du 8. C’est cette perspective qui explique pourquoi Walid Joumblatt annonce qu’il pourrait rencontrer aussi bien Michel Aoun que Samir Geagea. De son côté, le président Siniora, qui n’a jamais rompu le contact téléphonique, devrait voir Aoun à son retour de New York et rendre visite à Geagea. À travers ces concertations, on tenterait de consolider le front intérieur, de réduire la tension.
On laissera donc de côté pour le moment le thème de la présidentielle qui provoque des frictions sans donner de résultats. Il est en effet notoire que le président Lahoud n’entend pas démissionner, et qu’on ne peut l’y forcer dans les conditions actuelles. De plus, la plupart pensent qu’il faut prendre la précaution de s’entendre sur le successeur, ou au moins sur une liste réduite de postulants plausibles, avant d’aborder l’échéance. Et l’on est encore très loin d’un tel accord, car chacun veut un président taillé à la mesure de ses orientations propres. Par exemple, et pour schématiser les choses, les uns le souhaitent pro-Résistance sinon carrément prosyrien ; d’autres soupirent après un occidentalisé ; d’autres enfin rêvent d’un véritable nationaliste indépendantiste, néanmoins ami avec tout le monde.
Pour le fond, les partisans d’une accalmie font valoir l’inanité des gesticulations actuelles, puisque la situation politique sera inévitablement conditionnée, et modifiée, par le rapport Mehlis et ses retombées. Ils ajoutent qu’il vaut bien mieux s’occuper des problèmes sociaux et économiques des Libanais que de polémiquer dans le vide. En répétant qu’aujourd’hui on ne peut régler aucun dossier politique. Ni l’affaire de la présidentielle et du changement, ni les réformes, ni l’armement des Palestiniens ou du Hezbollah, ni la question du déploiement de l’armée le long de la ligne bleue, ni le tracé des frontières ou l’établissement de relations diplomatiques avec la Syrie. La poursuite des discussions sur ces points n’est pas seulement vaine, à leur avis, mais également néfaste pour le pays dont elle ébranle l’unité, la stabilité et les capacités de résistance économique. Pour que s’ébauche vraiment le tableau d’un nouveau Liban, il faut assurer une période transitoire protégée, pour que le pays ne subisse pas de coup fatal pendant qu’il se transforme.
Il faut donc attendre, sans préjugés, les nouvelles conclusions de l’enquête internationale, après l’éventuel interrogatoire des six officiers syriens. Ces sources répètent que même si on devait élire un nouveau chef de l’État dans des délais rapprochés, c’est-à-dire avant le 15 décembre, il n’est pas certain du tout que l’on mettrait du coup un terme à la subsistance des résidus de l’ancien système. Car ils restent introduits dans les rouages du Conseil des ministres, du Parlement et de l’Administration. Le changement ne peut être complété qu’une fois l’assassinat du président Hariri tiré au clair.
Il reste cependant à savoir si toutes les forces politiques locales sont d’accord pour temporiser et pour jouer la détente. Autrement dit, il reste à savoir si Damas va réussir ou non à continuer à mobiliser de fait ses alliés contre les haririens. Concernant l’enquête, certains de ces alliés fidèles, non contents de mettre en doute la crédibilité de la commission internationale, en exigent qu’elle étende ses interrogatoires à des officiers israéliens. En tout cas, on attend de voir si le président Assad va livrer les six. Et si, avec ou sans recommandation de Damas, les contestataires locaux vont accepter de mettre leurs attaques en sourdine jusqu’au 15 décembre.
Émile KHOURY
Des professionnels s’attendent au maintien d’un statu quo politique sur la scène libanaise jusqu’à la publication du deuxième rapport Mehlis, prévu pour le 15 décembre. Pour faire passer dans le calme ce laps de temps relativement court, des rencontres vont être multipliées entre les gens du 14 mars, comme avec les pôles du 8. C’est cette perspective qui explique pourquoi Walid...
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