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Actualités - CHRONOLOGIE

RÉUNION DE NEW YORK - Réduire la dette passe par un effort soutenu sur une décennie Le Liban ne doit pas attendre de miracle des donateurs, selon la Banque mondiale

En recevant hier le Premier ministre Fouad Siniora à New York, la secrétaire d’État Condoleezza Rice entretient les espoirs au Liban de la tenue d’une conférence internationale en mesure de « sauver » le pays d’une crise liée à son niveau d’endettement astronomique. Si la tournure politique des événements semble en effet confirmer la mobilisation financière en faveur du Liban, les attentes qu’elle suscite ont parfois un caractère « irréaliste ». C’est en tout cas l’opinion de Omar Razzaz, chef du bureau de la Banque mondiale à Beyrouth. Contrairement à d’autres participants potentiels à un éventuel Paris III, l’approche de la Banque mondiale concernant le dossier libanais est surtout guidée par les intérêts à long terme du pays et le souci d’y promouvoir un développement durable. À cet égard, Omar Razzaz met en garde les Libanais contre un « faux espoir », selon lequel les donateurs vont purement et simplement renflouer le Liban d’un « coup de baguette magique ». « Cet espoir est malheureusement déconnecté de la réalité », estime l’expert. Il rappelle que l’endettement du Liban rapporté au PIB est le plus élevé au monde, puisqu’il se situe à 165 % du PIB, soit 36 milliards de dollars, sans compter les arriérés et d’autres engagements. « Par comparaison, toute l’assistance mondiale internationale a totalisé 77 milliards de dollars en 2003 », souligne-t-il. Rappelant que la grande majorité de la dette libanaise est détenue par des créanciers libanais, Omar Razzaz juge ainsi à la fois « irréaliste et contre-productif » de croire que les donateurs vont effacer la dette libanaise. Aux observateurs étrangers qui connaissent mal la situation libanaise et s’interrogent sur la nécessité de venir en aide à un pays dont le secteur bancaire regorge de liquidités (les dépôts représentent 250 % du PIB), le chef du bureau libanais de la Banque mondiale fait également observer que 60 % de ces dépôts sont en fait des créances à l’État. « En d’autres termes, le niveau énorme de la dette publique et le montant énorme des dépôts constituent les deux faces d’une même réalité. » Pour Omar Razzaz, ramener la dette libanaise à un niveau soutenable nécessite des efforts concertés de toutes les parties pendant une décennie. « Tant le Liban que la communauté internationale doivent tirer les leçons du passé », poursuit-il, en référence à l’échec relatif de la conférence de Paris II. Le Liban doit mettre en œuvre un plan de réformes global, réalisable, crédible et surtout enraciné dans un consensus national, recommande le représentant de la Banque mondiale. « Slogans et recettes toutes prêtes ne sont plus en mesure de convaincre les Libanais et les observateurs internationaux », avertit Omar Razzaz. S’il ne dispose pas de baguette magique, le gouvernement doit proposer à la population un plan issu de discussions élargies, qui réponde à une certaine logique, explicite les coûts à court terme et leur répartition sur différentes catégories de populations, ainsi que les bénéfices attendus à long terme, poursuit-il. De son côté, la communauté internationale doit éviter de rechercher des « solutions rapides » et soutenir au contraire un effort à long terme qui suppose de « conditionner » son aide aux « progrès tangibles d’indicateurs économiques et sociaux ». Sibylle RIZK

En recevant hier le Premier ministre Fouad Siniora à New York, la secrétaire d’État Condoleezza Rice entretient les espoirs au Liban de la tenue d’une conférence internationale en mesure de « sauver » le pays d’une crise liée à son niveau d’endettement astronomique. Si la tournure politique des événements semble en effet confirmer la mobilisation financière en...