Éclairage Crise ouverte entre le Hamas et l’Autorité palestinienne

Une crise ouverte entre l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas et le mouvement islamiste Hamas pourrait éclater prochainement, prédisent des analystes palestiniens qui craignent qu’elle ne débouche sur un affrontement en dépit des assurances des deux parties. Deux jeunes Palestiniens ont été tués vendredi lors de heurts entre policiers et activistes radicaux du Hamas à Gaza. Les forces de sécurité palestiniennes voulaient empêcher ces derniers de tirer des roquettes contre le territoire israélien. Ces affrontements se sont produits alors que M. Abbas se trouvait à Gaza pour tenter d’imposer son autorité aux groupes armés à un mois du retrait israélien prévu de la bande de Gaza. Il s’en est vivement pris samedi au Hamas sans le nommer. « On ne peut pas d’un côté parler d’unité et sur le terrain tout faire pour affaiblir l’Autorité palestinienne », a-t-il déploré en réaffirmant que « l’usage légal des armes relève de la seule Autorité palestinienne ». Le dirigeant palestinien a également souligné qu’il ne voulait pas déclencher « de guerre civile ». Pour l’analyste palestinien Hani al-Masri, il s’agit d’une « lutte pour le pouvoir entre le Hamas et l’Autorité palestinienne et la résistance contre Israël est devenue ainsi un terrain d’affrontement ». Fort de son succès aux municipales, le Hamas a annoncé en mars qu’il participerait, pour la première fois, aux élections législatives prévues initialement le 17 juillet, mais reportées sine die. Toutefois, début juillet, le Hamas a averti l’Autorité palestinienne qu’il résisterait à toute tentative de le désarmer, après avoir refusé une offre de participer à un gouvernement d’union nationale. « L’affrontement est inéluctable », prédit de son côté un haut responsable sécuritaire qui a requis l’anonymat. Pour Adanne al-Doumaïri, chargé des relations avec la presse au ministère palestinien de l’Intérieur, le Hamas « veut confisquer le pouvoir, détruire les institutions de l’Autorité palestinienne et créer des organismes parallèles ». « Dans ce contexte, le seul choix de l’Autorité palestinienne est de faire respecter la loi et ne pas baisser les bras », ajoute ce responsable officiel. Le dirigeant du mouvement radical en Cisjordanie cheikh Hassan Youssef, qui émet des critiques contre l’Autorité palestinienne, affirme toutefois que le Hamas « n’a aucune intention de confisquer le pouvoir ». « L’Autorité palestinienne veut un règlement (négocié) et est incapable de défendre la résistance », dit-il à l’AFP, réaffirmant que le Hamas s’opposera à toute tentative de le désarmer. « Tant que les agressions israéliennes continuent, le Hamas ne gardera pas les mains croisées », a ajouté ce dirigeant. Le principal dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza, Mahmoud Zahar, avait lancé début juillet le même avertissement, affirmant ne plus faire confiance à l’Autorité palestinienne et son président. « Qui va défendre le Hamas ? Est-ce l’Autorité palestinienne, la sécurité préventive qui a arrêté nos membres ou le service des renseignements qui est en train de collecter des informations sur le Hamas? » s’était-il interrogé dans une interview à une agence de presse privée palestinienne. Le Hamas a d’ailleurs boycotté une réunion des principaux groupes palestiniens qui ont renouvelé samedi à Gaza leur « engagement » à respecter la trêve dans les attaques anti-israéliennes. D’après des sources sécuritaires palestiniennes, le Hamas dispose de 3 à 4 mille combattants armés dans la bande de Gaza. Sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam, fabriquent des roquettes Qassam, des engins imprécis, d’une portée d’environ dix kilomètres, capables d’emporter une charge de 5 kg d’explosifs. Des centaines de roquettes artisanales Qassam ou Nasser, un peu plus sophistiquées, ont été tirées contre le territoire israélien depuis le déclenchement de l’intifada en septembre 2000, faisant six tués. Hisham ABDALLAH (AFP)