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Actualités - CHRONOLOGIE

Rencontre-débat - La candidate à la présidentielle a répondu aux attentes des jeunes du Collège Melkart La leçon de politique et d’espoir de Nayla Moawad aux 14-18 ans

Elle a été ovationnée pendant près de cinq bonnes minutes par plus de deux cents élèves des classes secondaires du Collège Melkart qui l’avait invitée à venir s’exprimer, en ce 19 mars, sur la mère, la femme et le rôle de celle-ci dans l’édification des générations futures. Comme n’importe quel ténor de l’opposition depuis des années, peut-être même plus, parce que, avec son parcours, dont un des moments-clés a été sa candidature à la présidentielle 2004 il y a quelques semaines, Nayla Moawad a confirmé aux générations futures d’ici, nourries comme partout ailleurs aux Madonna, Carla Bruni, Britney Spears et autres Justine Henin-Hardenne ou les sœurs Williams, que les femmes libanaises pouvaient en avoir autant que les hommes, sinon plus. De cran. De courage. De volonté. Quelques minutes à peine ont suffi à la députée de Zghorta et aux jeunes élèves pour évoquer la femme, la mère, leurs rôles. Nayla Moawad a rappelé que les 5-24 ans constituent 40 % de la population et que « c’est sur leurs épaules que repose le poids énorme de la dette publique, contractée entre autres à cause de tous les gaspillages, les vols et les reconstructions ». Elle a évoqué aussi les 5-35 ans, c’est-à-dire 54 % de la population libanaise – « Notre peuple est jeune, et au Liban, on s’occupe de tout sauf de la jeunesse » –, déplorant que le Parlement ait à plusieurs reprises refusé d’abaisser l’âge de vote à 18 ans, déplorant également un chiffre inadmissible, celui de l’analphabétisme chez 20 % des jeunes Libanais, qui quittent l’école avant la fin du cycle primaire. Nayla Mowad a enfin parlé de la proportion tout aussi scandaleuse de jeunes chômeurs et chômeuses, avant de s’arrêter sur le fléau de l’émigration, reconnaissant que « ce n’est pas le pouvoir actuel qui va être la planche de salut qu’attendent les jeunes » Libanais(es). Quelques minutes à peine donc, parce que c’est la politique et son actualité qui se sont taillé la part du lion du débat mené d’une main de maîtresse par May Chidiac. Prouvant que les 14-18 ans n’ont rien à envier à leurs aînés universitaires dès qu’il s’agit de maturité et d’éveil politique. À une jeune élève qui lui demandait si un échec à la présidentielle ne risquait pas de mettre en péril sa réussite place de l’Étoile, Nayla Moawad a rappelé qu’elle n’a jamais convoité un poste, mais plutôt « cherché constamment à exprimer ses convictions ». Que si seul le Parlement lui importait, elle n’aurait pas appartenu à l’opposition : « Je me serais approchée des services de renseignements, et puis je me serais tourné les pouces, ma place à la Chambre aurait été garantie », a-t-elle dit, s’attirant un tonnerre d’applaudissements, comme à chacune de ses évocations des SR, de la tutelle syrienne, de la nécessité d’en finir avec « le suivisme » du pouvoir actuel, d’établir des relations équilibrées avec la Syrie dans le respect des libertés des deux pays. Leçon de politique, leçon de civisme et leçon d’espoir : « Le plus important est de ne pas attendre un signe du ciel ou de tirer les cartes, mais être convaincu que le changement doit se faire de l’intérieur ; il faut travailler pour ce changement qui nous blindera contre les pressions et les interventions », a dit la dame du Nord, soulignant que les femmes et les jeunes étaient les symboles de ce renouveau. Et puis elle a rassuré les jeunes : elle n’est pas naïve, elle sait pertinemment que des facteurs régionaux et internationaux influent sur le choix du président de la République libanaise, mais elle veut « un projet made in Lebanon, incarné par un président made in Lebanon – un projet tel que les décideurs ne pourraient pas, même s’ils le souhaitaient, l’occulter ». Elle leur a confirmé que plusieurs personnes de l’opposition sont candidates à la présidence, mais que toutes défendent les mêmes valeurs, et que dans les dernières semaines, cette opposition aura un seul candidat, que soutiendront Kornet Chehwane, le Forum démocratique et le Front national pour la réforme auxquels elle appartient. À propos de l’échéance présidentielle, justement, « la plus importante pour les Libanais », elle a dénoncé « le culot avec lequel on nous a interdit d’en parler », affirmant que sa candidature « a brisé le mur du silence », et qu’elle a été dictée par son respect pour le citoyen, qui a le droit de savoir qui souhaite accéder à la magistrature suprême et quel est son programme. Nayla Moawad veut une candidature hors norme, appuyé seulement par l’opinion publique, par la population, elle demande à chacun de lui donner son avis, de dialoguer avec elle, d’exprimer ambitions, rêves et idées. « Je ne veux pas jouer le jeu des alliances, je veux une autre vision de la présidence, faire comme si c’était le peuple qui votait », a-t-elle dit. Avant de rappeler aux deux cents paires d’yeux qui la scrutaient, fascinés par tant de courage, que les « régimes les plus forts ont chuté quand ils se sont opposés aux étudiants ». Z.M.

Elle a été ovationnée pendant près de cinq bonnes minutes par plus de deux cents élèves des classes secondaires du Collège Melkart qui l’avait invitée à venir s’exprimer, en ce 19 mars, sur la mère, la femme et le rôle de celle-ci dans l’édification des générations futures. Comme n’importe quel ténor de l’opposition depuis des années, peut-être même plus,...