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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉCRANS DU RÉEL - Le documentaire de Delphine de Blic a été projeté samedi au CCF de Beyrouth «La trace vermillon»: entre humanitaire et abandon(photos)

Delphine de Blic, 32 ans, a récemment décidé de ne plus participer aux débats qui suivent la projection de La trace vermillon, le documentaire qu’elle a réalisé en 2002. Trop d’émotions, le plus souvent agressives, mais aussi envahissantes, explosaient littéralement du public. «Dans mes précédents films, je m’étais déjà confrontée aux thèmes de l’exil, de la mémoire et de l’enracinement, explique-t-elle. Et voilà que France 3 propose à de jeunes réalisateurs de s’atteler à un documentaire de commande sur le sujet qui, très précisément, correspondait à toute ma vie: ma mère a décidé, il y a 40 ans en 2002, de consacrer sa vie à l’humanitaire en Inde.» Autant dire que l’absence a toujours habité Delphine de Blic puisque sa mère est partie pour sa première mission alors qu’elle avait cinq mois. Élevée par sa grand-mère avec sa sœur et ses deux frères, dont deux d’entre eux ont été adoptés par Madeleine de Blic et son époux en Inde, elle voit sa mère neuf mois par an, puis de moins en moins. «L’écriture de ce film a été, dans ses débuts, très hésitante, poursuit-elle. La première image de ma mère a été celle de l’absente.» La décision est pourtant prise et la fille, caméra au poing, après l’accord qui a mis un temps significatif à être accordé par sa mère, se rend en Inde. Et, chaque matin, entre 5h30 et 7h, la mère répond aux questions précises et pressantes d’une voix off avide de vérités. «La chronologie du montage correspond à celle du temps de la réalité. Je suis revenue avec 60 heures d’images que j’ai mis six mois à mettre en place. » À aucun instant, Madeleine de Blic ne cède, «et tout le film s’articule autour de cette parole qui ne viendra pas». Une résonance universelle Ce qui fait la réussite de ce documentaire de 80 minutes – une double récompense au festival Cinéma du réel de 2003 –, c’est que, pas un instant, la réalisatrice ne se laisse aller à la tentation de s’ériger en victime. «J’ai dosé le rapport entre ma mère et moi de manière à construire le film autour d’une vérité et non d’un règlement de comptes. Et, au milieu des mémoires intime et archéologique, il y a des évocations politiques et la description d’un rapport au corps à l’époque où ma mère a pris sa décision.» Après La trace vermillon, Delphine de Blic a senti «le soulagement d’être regardée comme une femme par ma mère et non plus seulement comme sa fille», sans oublier la «fierté», découverte au regard du succès grandissant des projections, «d’avoir déployé un sujet qui a une résonance universelle auprès des mères et de leurs filles». Dans ses films, le parti pris de la réalisatrice est clair: «Pas d’investigations, pas d’archives, pas de témoins, mais plutôt des résonances, des secrets de famille et, surtout, des émotions d’aujourd’hui, et pas d’hier, qui vivent.» Surtout lorsqu’il s’agit, comme dans son prochain projet, de chercher «les traces de la Seconde Guerre mondiale auprès des femmes françaises qui ont vécu dans les camps». La trace vermillon a une extraordinaire vertu d’exutoire : en effet, pour les enfants abandonnés, Madeleine de Blic est en très grand tort et, pour les parents en crise de culpabilité, sa fille a fait un film malsain. Pour la troisième catégorie enfin, la moins agitée et la plus silencieuse, ce documentaire est une preuve, si c’était nécessaire, du danger quasi criminel des non-dits de famille. Diala GEMAYEL Au programme d’aujourd’hui: 19h30, Opération lune, de William Karel (52 minutes, 2002); 20h45, Le monde selon Bush, de William Karel (90 minutes, 2004). Séance: 2 000 LL. Renseignements aux 01420242/3.

Delphine de Blic, 32 ans, a récemment décidé de ne plus participer aux débats qui suivent la projection de La trace vermillon, le documentaire qu’elle a réalisé en 2002. Trop d’émotions, le plus souvent agressives, mais aussi envahissantes, explosaient littéralement du public. «Dans mes précédents films, je m’étais déjà confrontée aux thèmes de l’exil, de la...