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Actualités - OPINION

De pure sagesse politique

Nous avons reçu de Mlle Lélia Mezher, étudiante en droit à Paris, la réflexion suivante en réaction à l’article paru jeudi dernier dans la rubrique « Sur les campus » concernant les étudiants et la crise sociale: «Il est normal que les étudiants soient en colère contre la cherté de la vie, la flambée injustifiée des prix et l’absence de tarifs réduits dont ils sont censés être les premiers bénéficiaires. « D’aucuns vous diront: “C’est normal, ils sont jeunes, ils ressentent le besoin de se rebeller contre le fait accompli. Ils se calmeront une fois qu’ils trouveront du travail, se marieront, auront des gosses ”. « Le fond du problème, l’origine du malaise ressenti par les étudiants, trouve sa source dans un mal bien plus profond. Le gouvernement, l’État dans son ensemble, refuse de donner aux étudiants le statut qui est le leur dans tout État démocratique respectable. La raison de cette impasse sur toute une tranche de la société libanaise qui représente plus de 25 % de la population? « En fait, il n’existe pas une raison, mais bien plusieurs éléments qui fondent cette politique d’exclusion. Les jeunes sont vecteurs de changement parce qu’ils sont précisément jeunes. Ils sont dans la force de l’âge, encore bercés d’illusions – ou de volonté – et peuvent rendre le monde meilleur. Voilà principalement pourquoi les pays autoritaires se dressent contre la jeunesse ou encore créent des structures pour les y enrôler (jeunesse communiste, fasciste, etc.). « Au Liban, ces velléités de remise en question du statu quo instauré par les politiques sont contrées parce que les revendications des jeunes ne se limitent pas seulement à l’amélioration du paysage socio-économique. Il n’est pas réaliste dans un pays de résoudre un problème sans en aborder un autre. Tout y est imbriqué. La crise économique dissimule à peine l’absence de l’État sur la scène politique. En manifestant contre les injustices sociales et l’inflation, les jeunes seraient en fait en train de critiquer le gouvernement, et ils seraient indirectement en train de mettre le doigt sur l’absence de représentativité au sein du Parlement, la présence syrienne ou le système confessionnel. « Pourquoi alors l’État ne satisferait-il pas les demandes des jeunes et des étudiants, évitant par là le risque d’une quelconque grogne sociale? Pourquoi ne mettrait-il pas en place une politique sociale qui permettrait aux jeunes de se consacrer à leurs études plutôt que de s’acharner à travailler pour pouvoir étudier, se nourrir et se loger? « Car une fois correctement pris en charge par la Sécurité sociale, une fois qu’ils bénéficieront de tarifs réduits dans les cinémas, les théâtres et autres lieux de culture, ils auront bien plus de temps à consacrer à leur pays. Ils seront financièrement stables et voudront alors obtenir plus. « Ils seront prêts à manifester, à faire la grève durant des mois. Ils voudront obtenir le vote du projet de loi sur le mariage civil facultatif, ils voudront que les femmes soient plus représentées au sein du Conseil des ministres et de la Chambre des députés. Ils agiront contre la mendicité des mineurs et protesteront enfin – peut-être sérieusement – contre la présence syrienne au Liban. « Et tout cela, ni le gouvernement ni les États voisins ne peuvent se le permettre. Une double solution s’impose alors: réprimer et augmenter le malaise social en provoquant une hausse des prix. Une solution de pure sagesse politique.» Lélia MEZHER DESS en droit-Paris
Nous avons reçu de Mlle Lélia Mezher, étudiante en droit à Paris, la réflexion suivante en réaction à l’article paru jeudi dernier dans la rubrique « Sur les campus » concernant les étudiants et la crise sociale:
«Il est normal que les étudiants soient en colère contre la cherté de la vie, la flambée injustifiée des prix et l’absence de tarifs réduits dont ils...