Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Lettre ouverte au président de la République française

Permettez-moi de me présenter. Je m’appelle Raphaëlle Camilleri. Je suis Franco-Libanaise, ayant vécu plus de dix-huit ans au Liban, où je suis née. J’ai passé mon enfance dans les abris de Beyrouth, sous les bombes. Maintenant âgée de vingt ans, je suis étudiante à la prestigieuse London School of Economics and Political Science (LSE). C’est dans le cadre de mes activités extrascolaires à la LSE, où je fais partie du Grimshaw Club de relations internationales, que j’ai eu l’occasion d’organiser un voyage d’études d’une semaine à Beyrouth pour trente étudiants internationaux. C’est au cours de ce séjour que j’ai eu le privilège rare de rencontrer en tête-à-tête M. Rafic Hariri, alors encore Premier ministre libanais. M. Hariri, dont je ne connaissais jusque-là que très peu les convictions politiques, m’a immédiatement impressionnée par son discours visionnaire et sa profonde foi en l’avenir du Liban. Cet avenir, il le savait menacé par le fanatisme et l’extrémisme de certains. Cependant – et c’est là que l’homme m’a profondément inspirée –, il voyait en la jeunesse le symbole du renouveau libanais. C’est après avoir entendu ses paroles lucides que j’ai décidé de m’inscrire en vue des prochaines élections libanaises de mai, avec la ferme intention de participer au processus démocratique. Si je vous écris aujourd’hui, c’est pour deux raisons. D’abord, pour vous faire part en tant que Franco-Libanaise de mon grand attachement à ces deux pays, à mes deux patries. Ensuite, pour vous remercier d’avoir été personnellement présent aux funérailles populaires de Rafic Hariri, non seulement en tant que représentant de la France, mais aussi en tant qu’homme venu rendre hommage à un ami tragiquement disparu. Cependant, je vous écris aussi pour vous faire part de quelques paroles échangées avec M. Hariri lors de cette rencontre, en mars 2004. Alors que je lui demandais ce qu’il avait à dire à la jeunesse libanaise, désillusionnée après tant d’années de marasme, il répondit : « J’aimerais simplement lui dire : ayez confiance en l’avenir! » Puis, se retournant vers moi, il ajouta à mon attention et en arabe : « Vous êtes Libanaise, n’est ce pas ? » J’expliquai que mon père était aussi Français. Là-dessus, il répondit avec un petit sourire et sur un ton faussement confidentiel : « J’espère que vous avez voté pour mon ami Chirac à la dernière présidentielle. » Nous échangeâmes alors un sourire entendu, et l’entretien prit fin peu de temps après. De cette journée, je n’oublierai jamais ce petit aparté, qui symbolise plus qu’autre chose l’état des relations franco-libanaises telles qu’elles existaient sous le gouvernement de M. Hariri. Alors que nous quittions le Grand Sérail, j’échangeai quelques paroles, maintenant lourdes de sens, avec Amal Moudallali, conseillère des affaires étrangères auprès de M. Hariri. Je lui fis part de mon admiration pour cet homme et de mon souhait de le voir réélu en mai 2005. Elle m’écouta attentivement et répondit : « Vous savez, dans une démocratie, c’est le peuple qui a le dernier mot, mais nous espérons tous faire de notre mieux et être là l’année prochaine de nouveau, Inchallah. » Une bombe posée au bord d’une route, un lundi ensoleillé de février, aura eu raison de ce rêve. Mais la réaction digne de tous les Libanais, unis dans une même douleur, aura été, en fin de compte, le meilleur des plébiscites. Raphaëlle CAMILLERI Londres
Permettez-moi de me présenter. Je m’appelle Raphaëlle Camilleri. Je suis Franco-Libanaise, ayant vécu plus de dix-huit ans au Liban, où je suis née. J’ai passé mon enfance dans les abris de Beyrouth, sous les bombes. Maintenant âgée de vingt ans, je suis étudiante à la prestigieuse London School of Economics and Political Science (LSE).
C’est dans le cadre de mes activités extrascolaires à la LSE, où je fais partie du Grimshaw Club de relations internationales, que j’ai eu l’occasion d’organiser un voyage d’études d’une semaine à Beyrouth pour trente étudiants internationaux. C’est au cours de ce séjour que j’ai eu le privilège rare de rencontrer en tête-à-tête M. Rafic Hariri, alors encore Premier ministre libanais.
M. Hariri, dont je ne connaissais jusque-là que très peu les convictions...