Rechercher
Rechercher

Actualités

La marche des linceuls - Des réactions mitigées Chamoun déplore, Souhaid et Sabeh réservés, Aridi applaudit

L’événement qu’a constitué la marche des linceuls organisée par le Hezbollah, et qui a drainé des dizaines de milliers de participants électrisés par le virulent discours anti-US de sayyed Hassan Nasrallah, a provoqué en week-end des réactions mitigées sur la scène locale. – Le président du PNL, Dory Chamoun, note que « la décision libanaise n’étant pas souveraine, les manifestations s’en ressentent. Celles qui résultent d’une volonté non libanaise sont autorisées. Tandis que celles qui traduisent un caractère libanais sont interdites, ligotées, réprimées. Même si elles ont trait à des questions de subsistance. En un spectacle contrasté, que tout le monde a pu contempler sur les écrans de télé, nous avons vu comment les forces de sécurité concentrées pour contrer la manifestation de la CGTL étaient aussi nombreuses que les manifestants. Pour un effet dissuasif, afin que les gens s’abstiennent de participer et de s’exprimer. Ou à bien y réfléchir avant de descendre dans la rue, car ils s’y exposeraient à l’outrage. C’est ce qui se passe chaque fois que les manifestations sont purement libanaises. Nous appelons à la souveraineté, à la récupération de la décision. Et nous nous attachons encore plus fermement à ces principes quand nous voyons que ce qui se passe sur le sol libanais ne découle pas de la volonté, ou du consensus, des Libanais ». Chamoun n’a pas voulu débattre sur le point de savoir si l’on peut ou non faire la guerre aux États-Unis à partir du Liban. Ni discuter des conséquences d’un tel défi. Se contentant de souligner que la marche des linceuls « n’est pas la seule qui sorte du cadre d’une entente entre Libanais. Malheureusement, les Libanais n’ont pas le droit d’exprimer leurs sentiments, leur volonté. Toute l’affaire est une question de souveraineté ». De leur côté, les députés Bassem es-Sabeh et Farès Souhaid, invités d’un débat organisé par Wardé sur les ondes de la Voix du Liban, ont développé des vues proches sur la marche des linceuls. – Ainsi Sabeh voit dans cette manifestation un message politique et une articulation fondamentale du conflit en cours au sein du monde arabe. Mais aussi, et surtout, une initiative tendant à lier le Liban à de nouveaux éléments relevant du contentieux régional. Il précise que les portraits de Moqtada Sadr brandis aux côtés de ceux de Hassan Nasrallah mettent ce pays en face d’un facteur nouveau alimentant la crise interne. Pour lui, le Liban ne peut certes pas être un îlot isolé dans la région. La réalité est même qu’il y est englué au point d’en payer un lourd prix sur le plan socio-économique. Et cela depuis trente ans. Mais de nouveaux tournants sont abordés, comme le montre la manifestation du Hezbollah. Il ajoute que le message semble, pour certains, contradictoire avec le précédent émis à l’adresse des USA par le Hezb à l’occasion des municipales (entendre que le parti est civil et politique). Mais que pour d’autres, les deux se complètent en fait, dans ce sens que le Liban, tout en portant attention à ses problèmes internes, ne peut être détaché du contexte régional. Et surtout pas du conflit arabo-israélien. Sabeh craint cependant que ce pays ne se retrouve, dans une prochaine phase, lié à une problématique nouvelle, différente du contentieux israélo-arabe. C’est-à-dire au dossier irakien, vu sous l’angle d’un catalyseur d’une hostilité dirigée essentiellement contre les États-Unis. – Farès Souhaid souligne de son côté que le Hezbollah tente ces derniers mois de prendre des options qui sont autant de responsabilités politiques que cette formation ne peut supporter seule. Il insiste : il ne revient pas au Hezb de décider de la guerre ou de la paix. Ce parti ne peut pas faire cavalier seul d’une manière indépendante, comme il le laisse entendre en annonçant qu’il met sa direction à la disposition du Hamas. Ou encore en laissant entendre qu’il est lié au mouvement de Moqtada Sadr, qui est pourtant condamné par des leaderships chiites ainsi que par des instances politiques de premier plan. Pour Souhaid également, l’interaction du Liban avec la région va de soi. Les chrétiens condamnent les atteintes (aux villes saintes ou aux sanctuaires mahométans en Irak) autant que les musulmans. Le pouvoir libanais doit tenir compte de ce qui se passe dans la région. À l’ombre des pressions US sur le Liban comme sur la Syrie. Mais il faut que ce pays cesse de servir de boîte à lettres ou de bouc émissaire. Dans ce sens, dit le député, que si les Syriens veulent adresser un message aux Américains, ils le font par le truchement d’une formation libanaise. Les Libanais ont payé un tribut très lourd. Ils savent à quoi mène la violence et l’extrémisme. Il souligne enfin que la décision véritable n’appartient pas aux Libanais mais à Damas. – Quant à Ghazi Aridi, ministre de la Culture, invité de la LBCI, il applaudit à tout rompre l’initiative du Hezbollah. Le timing est selon lui particulièrement bien choisi. Parce qu’il adresse un message au sommet arabe. En tenant un discours des peuples, dépassant sur le plan islamique la dimension purement chiite. Et contrant par là les tentatives américaines de provoquer une discorde entre sunnites et chiites en Irak. Parallèlement, le discours de Nasrallah fait front aux messages sanglants lancés par Sharon en Palestine et en Irak par les Américains. Le leader du Hezbollah se donne de la sorte, selon Aridi, une stature de rassembleur du peuple. Le ministre trouve qu’en se dressant face aux Américains, fort de sa propre assurance comme de la confiance des gens, Nasrallah traduit une réalité intellectuelle et culturelle qui fonde une position autant morale que politique. Ce qui permet à des milliers de gens de s’exprimer face au monde. Selon Aridi, l’option de la résistance est assumée par l’État. Ce qui signifie que ce que fait Nasrallah, même s’il n’est pas contresigné par l’État, entre dans le cadre de ce choix. Du reste pour Aridi, un leader qui parvient à réunir des foules si denses, des centaines de milliers de personnes, sans qu’il y ait le moindre incident, surclasse tous les autres.
L’événement qu’a constitué la marche des linceuls organisée par le Hezbollah, et qui a drainé des dizaines de milliers de participants électrisés par le virulent discours anti-US de sayyed Hassan Nasrallah, a provoqué en week-end des réactions mitigées sur la scène locale.
– Le président du PNL, Dory Chamoun, note que « la décision libanaise n’étant pas...