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Actualités - OPINION

Présidentielle - Le camp du régime se réclame de la confiance des décideurs Les reconductionnistes affichent un regain d’optimisme

Guerre psychologique ? Les partisans de la reconduction étalent ces jours-ci une assurance renouvelée. Ils assurent que l’amendement de l’article 49 C (Constitution) est à portée de main. À l’appui de leurs dires, ils soutiennent, dans l’ordre d’importance, les points suivants : – La Syrie, face à des temps troublés par les pressions US comme par les menaces israéliennes, n’a vraiment confiance que dans le président Lahoud. Car durant six années, elle a pu en éprouver la droiture. La constance dans des prises de position de ferme allié, à travers vents et marées. Dans ce cadre, elle n’a eu à relever aucun faux pas. De plus, elle n’a jamais eu besoin d’expliquer les choses, car elle a toujours été comprise à demi-mot. Dans ces conditions, le plus raisonnable reste toujours de se fier au vieil adage arabe : « garde l’ancien que tu connais bien, plutôt que de prendre du neuf dont tu ne sais rien. » – Il n’y a même pas à s’embarrasser, pour assurer l’amendement, de changer de gouvernement. Car la majorité des deux tiers y est assurée. Et si le président Hariri, ainsi que quelques ministres, devaient faire objection, ils seraient quand même tenus de se conformer à la décision prise. À moins de démissionner. En tout cas, le président du Conseil se verrait contraint de parapher le décret de révision. De même, la majorité à la Chambre serait acquise, forcément, en cas de souhait syrien. – Le patriarche Sfeir et l’Assemblée des évêques s’opposent certes à l’amendement de l’article 49. Mais se cantonnent finalement dans une positon de principe, sans engager le fer. Ils n’ont de la sorte évoqué aucune éventualité de mobilisation ou d’appel aux manifestations comme à la grève, et au boycott du pouvoir, pour contrer le projet. D’ailleurs, le chef de l’État aurait l’intention, durant son deuxième mandat, de répondre aux vœux de Bkerké sur des points capitaux. Comme la refonte du code des législatives, pour des dispositions équitables assurant une représentation parlementaire de proximité. Ou encore comme la libération de Samir Geagea et l’autorisation de retour pour Michel Aoun. En vue d’ouvrir la voie à une entente nationale commençant par une réconciliation générale. Dans le même sens, la décentralisation administrative serait enfin concrétisée. On compléterait en outre le retrait de la nationalité libanaise aux naturalisés qui l’auraient obtenue par la triche. Enfin, on réviserait la Constitution pour rééquilibrer les pouvoirs. Perrette, le pot au lait et la peau de l’ours – Quant aux présidents Berry et Hariri, leur statut dépendrait des résultats des législatives de l’an prochain. S’ils gardent l’appui de la majorité parlementaire, ils conserveraient évidemment leurs postes. À cette (importante) nuance près que si le président Hariri, après désignation, ne parvenait pas à s’entendre avec le chef de l’État sur la formation du gouvernement, comme le veut la Constitution, un autre Premier ministre serait pressenti. – Les candidats potentiels dont les noms sont actuellement évoqués n’ont aucun avantage sur le président Lahoud. Ni en termes de relations avec la Syrie. Ni en matière de traitement des affaires intérieures. Ni par rapport aux choix d’une politique permettant de garantir la stabilité sécuritaire du pays. Les postulants qui répondent aux qualifications énoncées par l’Assemblée des évêques (l’indépendance, en résumé) n’ont aucune chance sérieuse d’accéder à la première marche du podium (sous-entendu, puisqu’ils ne conviennent pas aux décideurs). – Quant à la question des tiraillements au sein du pouvoir, elle peut être finalement réglée. Par l’adoption d’un pacte général d’entente autour d’un programme commun de réformes, de réduction de la dette publique comme du déficit budgétaire et de redressement économique. – Les États-Unis et l’Union européenne, qui appellent au respect de la Constitution, ne peuvent pas être plus royalistes que le roi. Dans ce sens qu’ils n’auraient pas leur mot à dire si les Libanais eux-mêmes devaient choisir de retoucher le texte à leur guise. D’ailleurs, les USA vont sans doute s’entendre avec la Syrie sur le dossier libanais, et partant sur la présidentielle dans le cadre d’un arrangement global entre eux sur la situation régionale dans son ensemble. L’autre son de cloche Bien entendu, les assertions des reconductionnistes font sourire, sinon ricaner, les pôles ouvertement opposés à l’amendement de l’article 49 C. Qui rétorquent par les arguments suivants : – Il est manifestement abusif, en regard de la simple logique, de prétendre que la Syrie n’a confiance que dans le président Lahoud. Si elle devait elle-même l’affirmer, cela signifierait qu’elle avouerait un grave échec relationnel et un manque certain d’influence. Car elle reconnaîtrait de la sorte n’avoir pas su se tisser un réseau d’amitiés sincères au Liban. Or, au contraire, les fidèles dévoués, ce n’est pas ce qui lui manque ici, tant s’en faut. – On ne voit pas quel intérêt la Syrie aurait à assumer une déviation comme la reconduction ou la prorogation. Et encore moins pourquoi elle voudrait défier les USA, l’Europe, Bkerké et une large majorité de forces politiques libanaises. En prenant une mesure prêtant le flanc à de faciles critiques de foul, comme on dit en sport. Il lui est beaucoup plus facile, et rentable, de jouer le jeu dans les règles. En favorisant l’élection d’un nouveau président qui serait tout aussi proche d’elle que l’actuel. Sans l’inconvénient de paraître comme une provocation délibérée. Susceptible d’accroître cette tension avec Washington que Damas affirme vouloir réduire. Sans compter la grogne intérieure libanaise, ou le risque de nouvelles divisions, qu’il est aisé d’éviter. – Tenter de persuader le patriarche Sfeir des bienfaits de la reconduction, au titre que les candidats admissibles pour la Syrie ne sont pas meilleurs que le président Lahoud, n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. Car le prélat n’est évidemment pas contre l’amendement de l’article 49 C pour des raisons personnelles, mais par attachement indéfectible aux principes qui fondent l’intérêt national bien compris. Il estime que l’enjeu de l’alternance est d’une telle importance, dans sa finalité démocratique, qu’aucune dérogation ne doit être permise, même en faveur d’un grand président inégalable. Parce que tout précédent signifierait que chaque président voudrait, à son tour, rallonger son bail. On n’en finirait plus et le pays ne serait plus à régime démocratique. – Quant aux allusions aux revendications de Bkerké qui seraient satisfaites en cas de prorogation, il est évident qu’elles sont parfaitement inutiles. Car le patriarche n’entre ni dans le jeu des noms ni dans la conclusion de bazars quelconques. De plus, le pouvoir, quel qu’il soit, a tout simplement le devoir de réaliser les aspirations des Libanais et ne peut s’en vanter comme d’une faveur qu’il leur ferait. – Enfin, en ce qui concerne les chances des postulants qui ne seraient pas en grâce auprès de la Syrie, Bkerké estime justement que nulle partie extérieure ne doit intervenir dans une élection libanaise. Émile KHOURY
Guerre psychologique ? Les partisans de la reconduction étalent ces jours-ci une assurance renouvelée. Ils assurent que l’amendement de l’article 49 C (Constitution) est à portée de main. À l’appui de leurs dires, ils soutiennent, dans l’ordre d’importance, les points suivants :
– La Syrie, face à des temps troublés par les pressions US comme par les menaces...