Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Tribune Faut-il avoir peur de la délocalisation des entreprises au Liban ?

Par Hassan AYOUB* Nous assistons à des délocalisations d’entreprises depuis plusieurs années, et ce mouvement va certainement se poursuivre. À l’instar de nombreux pays, le Liban se trouve confronté à ce défi majeur. Cadbury Adams Middle East vient de décider la délocalisation de son usine de Zouk vers l’étranger à l’horizon de 2006. Pour justifier cette décision, sa direction invoque les nécessités de la compétitivité internationale qui exige de produire à un coût toujours plus bas. D’autres filiales du groupe, en particulier celles situées en Égypte, en Turquie ou au Maroc, pourraient récupérer une partie de la production libanaise. Cette décision résulte bien d’une analyse d’opportunité entre territoires national et étranger. Le choix de la seconde branche de l’alternative prive l’économie libanaise d’une capacité productive supplémentaire. Ceci aura des conséquences sur l’économie nationale (chômage, précarité et régression sociale). Est-ce à dire que notre pays va subir davantage de délocalisations ? Des solutions existent. Mais elles nécessitent une forte volonté politique et surtout elles exigent de se placer dans une logique offensive. Les pouvoirs publics doivent définir une stratégie audacieuse nationale qui va au-delà de la logique qui se contente de mesures sociales pour en atténuer les effets : aides à l’emploi, subventions aux entreprises. Cette stratégie doit comporter des mesures défensives et offensives. Les premières visent à : (i) prévenir la délocalisation (veille, anticipation, accompagnement, reclassement) ; (ii) favoriser la relocalisation des entreprises au niveau national (amélioration de l’attractivité des territoires régionaux). Les secondes visent à mettre l’accent sur les critères d’attractivité pour lesquels le Liban possède un avantage comparatif par rapport aux pays concurrents (main-d’œuvre qualifiée,…). Elles contribuent à promouvoir une approche intégrée de la compétitivité. Une mobilisation pertinente de plusieurs actions (d’innovation, de recherche et de formation professionnelle) peut en effet augmenter la capacité de l’économie libanaise à faire face aux mutations présentes et futures. Si les premières mesures visent à lutter contre la délocalisation, les secondes contribuent à encourager la localisation des activités de recherche et de développement (R&D). Il ne s’agit, on le voit, que des politiques nouvelles accroissant les dépenses publiques. Elles ne sont compatibles avec la situation budgétaire présente du Liban que si elles sont accompagnées d’un arbitrage entre les dépenses selon leur impact sur la croissance économique durable. En vue de faire du Liban « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique dans la région », ces mesures doivent aussi comporter des actions visant à décourager la « fuite des cerveaux » et à inciter les émigrés libanais à investir au pays, et à y développer leur savoir technologique et gestionnaire. Les Libanais qui se trouvent dans les quatre coins du monde doivent retrouver un esprit de battant qui allie la volonté de réussir à l’amour de leur pays. Pour cela, qu’il nous soit permis de le dire, il est temps d’inventer un nouveau patriotisme économique libanais. (*) Docteur en sciences économiques, Université de Lille 2.
Par Hassan AYOUB*

Nous assistons à des délocalisations d’entreprises depuis plusieurs années, et ce mouvement va certainement se poursuivre. À l’instar de nombreux pays, le Liban se trouve confronté à ce défi majeur. Cadbury Adams Middle East vient de décider la délocalisation de son usine de Zouk vers l’étranger à l’horizon de 2006. Pour justifier cette décision, sa direction invoque les nécessités de la compétitivité internationale qui exige de produire à un coût toujours plus bas. D’autres filiales du groupe, en particulier celles situées en Égypte, en Turquie ou au Maroc, pourraient récupérer une partie de la production libanaise. Cette décision résulte bien d’une analyse d’opportunité entre territoires national et étranger. Le choix de la seconde branche de l’alternative prive...