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Le désengagement relatif des décideurs modifie déjà les rapports de force parmi leurs alliés

1498. Le duc d’Orléans accède au trône sous le nom de Louis XII. Tout de suite, il rassure ses adversaires : « Il ne serait pas décent et à l’honneur d’un roi de France de venger les querelles d’un duc d’Orléans. » Autrement dit, un roi ne règle pas les comptes d’un duc. Majestueux. Mais cette médaille souveraine a son revers. En effaçant l’ardoise, on gomme le passif avec l’actif. On annule aussi les engagements pris antérieurement. Sauf, évidemment, si l’on tient à rester « décent » et à faire montre d’« honneur ». Esprit de chevalerie qui n’a pas complètement disparu de la planète, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Et qui se manifeste notamment, c’est bizarre, au niveau de la politique. Au titre d’une indispensable crédibilité. Essence fluide dans un domaine mobile, où les fixateurs comme les pactes signés ne sont pas fréquents. Il est ainsi connu que si les Anglais ont perdu pied dans cette région, où ils étaient si bien implantés, c’est en grande partie à cause de leur taux réduit de fiabilité. Ou, si l’on préfère, de leur réputation de duplicité. En revanche, on sait, depuis quelques lustres, que les Syriens n’ont qu’une parole. Qu’ils n’abandonnent jamais leurs amis. Que lorsqu’il y a de l’eau dans le gaz, ils sanctionnent peut-être, mais sans aller jusqu’à la rupture définitive. Dans la mesure cependant, il faut le souligner, où des intérêts capitaux, ou une stratégie déterminée, ne se trouveraient pas sérieusement compromis par un attachement excessif au principe de fidélité. Et aussi, il convient également de le relever, dans la mesure où l’on a payé au centuple un service rendu par une partie dont on est idéologiquement, politiquement, éloigné. Dans de tels cas, sans qu’il y ait lâchage définitif, il y a, au bout de plusieurs années de remboursement, une décrue de protection ou d’aide. Ce qui peut être fatal à certains, comme l’illustre l’exemple d’un ex-chef de milice chrétienne qui avait choisi de graviter dans l’orbite de Damas. Cette optique générale se traduit manifestement, aujourd’hui, par la désaffection larvée à l’égard du mouvement Amal. Dont le handicap premier est, tout simplement, qu’il ne constitue plus qu’une carte mineure, limitée à une influence locale sectorielle, à jouer. Alors que le Hezbollah représente un atout majeur en regard de la priorité syrienne de l’heure : résister aux pressions US et endiguer les menaces israéliennes. En gérant au mieux, parallèlement, cet autre dossier capital : l’évolution impérative des temps vers les nécessités d’une profonde réforme interne. Dont, soit dit en passant, le Liban fait partie intégrante, initiale même, comme l’indique le président Assad dans des confidences à un ministre libanais. De toutes ces considérations procède, à l’évidence, le prudent « que le meilleur gagne » que les décideurs adressent aux protagonistes du cru. Un slogan assorti de conseils apaisants, efficaces, qui interdisent tout triomphalisme aux gagneurs et tout esprit de vindicte aux perdants. Or « le meilleur » jusqu’à présent sur le terrain, c’est le Hezbollah. Il l’a emporté dans la Békaa, au Mont-Liban et à Beyrouth face à Amal. Et déjà, sans préjudice des résultats à venir, il a moralement marqué d’importants points politiques au Sud. Comme le prouve le cas de Tyr. Pour garder ce bastion inexpugnable, où il a toujours fait la pluie et le beau temps, le mouvement de Berry a dû se résoudre à s’y allier avec les communistes. Pour les 1 350 voix qu’ils lui promettent et qui devraient faire la différence. Ces développements sont, sur la scène locale, d’une importance extrême. Car au Sud, contrairement au Mont-Liban, les municipales s’affichent comme un baromètre effectif des législatives de l’an prochain. Qui risquent a priori de balayer l’empire de Berry. Surtout si la nouvelle loi électorale devait écarter le découpage élargi, permettant les parachutages et les monopoles, au profit de la petite circonscription, assurant une vraie représentation de proximité. Or, justement, le Hezbollah se proclame, par la bouche de ses cadres, dont Naïm Kassem, très proche des gens. Cela étant, les jeux ne sont jamais faits d’avance en politique. L’état définitif, et déterminant, des relations syro-américaines n’est pas encore fixé. Il faut attendre la présidentielle US. En tenant compte de la volonté syrienne de ne pas rompre le dialogue. Il n’est pas dit qu’une éventuelle détente ne soit pas bien exploitée par l’habile Berry. Car elle pourrait impliquer, par un jeu de balancier, une désaffection relative de Damas à l’égard du Hezb. J.I.
1498. Le duc d’Orléans accède au trône sous le nom de Louis XII. Tout de suite, il rassure ses adversaires : « Il ne serait pas décent et à l’honneur d’un roi de France de venger les querelles d’un duc d’Orléans. » Autrement dit, un roi ne règle pas les comptes d’un duc. Majestueux. Mais cette médaille souveraine a son revers. En effaçant l’ardoise, on gomme le...