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Actualités - OPINION

Tribune « La nouvelle année commence bien pour le peuple soudanais »

Par Jan Pronk, représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Soudan La signature de l’accord global de paix par le gouvernement soudanais et le Mouvement de libération du Soudan le 9 janvier constitue une étape importante pour le pays. C’est l’espoir réel d’une fin possible et définitive à un conflit brutal et prolongé au Sud-Soudan qui a fait plus de 2 millions de morts, déraciné quatre millions de personnes, et forcé quelque 600 000 autres à fuir vers les pays voisins pendant plus de vingt ans. Il faut saluer les parties d’avoir tenu l’engagement pris au terme de la réunion historique du Conseil de sécurité des Nations unies tenue à Nairobi le 19 novembre 2004. L’accord est une prémisse à la promotion de la stabilité, de la réhabilitation et du développement dans toutes les régions du Soudan, à travers le partage du pouvoir et la distribution équitable des richesses du pays. Au-delà du conflit du Sud, l’accord ainsi que les protocoles de Naivasha, qui ont précédé, constituent un plan détaillé sur la manière d’aborder les conflits dans les territoires en lutte au Soudan comme le Darfour à l’ouest, où la situation est toujours horrible. La paix au Soudan est indivisible ; les parties au conflit du Darfour doivent s’inspirer de l’accord sur le Sud et rechercher une solution politique large à leur conflit le plus vite possible. L’année 2004 s’est écoulée, une année nouvelle a débuté et il n’y a cependant toujours pas de lumière au bout du tunnel pour les habitants du Darfour. Les parties ont communément violé tous les accords qu’ils avaient pris au cours des pourparlers de paix à Abuja et semblent avoir des difficultés à trouver un quelconque élan pour progresser vers un règlement politique négocié au conflit du Darfour. Et la souffrance du peuple se perpétue. Les gains de Naivasha doivent être préservés et consolidés. Il ne faut cependant pas se méprendre à ce sujet, ces gains restent encore trop fragiles pour être considérés comme acquis. Il faudra davantage que ces seules signatures pour voir s’instaurer la paix. Il reste encore à surmonter de nombreux défis pour rendre la paix irréversible. Sept tâches au moins sont prioritaires pour les jours et mois à venir. Premièrement, au Sud, des entretiens doivent se tenir avec les autres mouvements qui n’ont pas participé à Naivasha, pour s’assurer qu’ils adhèrent à l’accord de paix. Deuxièmement, le conflit du Darfour doit se résoudre de manière expéditive, sinon les gains de Naivasha sont en péril. Troisièmement, les conflits dans l’est et le nord du Soudan doivent également être abordés. La priorité doit être donnée à l’organisation d’une conférence nationale par le nouveau gouvernement, au cours de laquelle toutes les parties soudanaises participeront sur un pied d’égalité. Quatrièmement, les six millions de personnes déplacées et de réfugiés, un nombre important, devront retourner vers leur terre d’origine pour y être réinstallés. Cinquièmement, un grand nombre de combattants devront être désarmés, démobilisés et réintégrés dans la société. Il faudra les aider à s’adapter de nouveau à la vie civile, et pour cela, ils auront besoin de travail. L’expérience prouve que le désarmement et les programmes de réintégration échouent et que les anciens combattants reprennent les armes s’ils n’ont pas les moyens de se refaire une vie. Sixièmement, quand une guerre prend fin, la population civile continue à souffrir à cause de la présence fréquente de mines sur ce qui constituait les champs de bataille. Le Soudan n’est pas une exception. Le pays est jonché de mines qui continueront à menacer de nombreuses vies si l’artillerie n’est pas dégagée avant que la population ne commence à se déplacer en masse à travers le pays. Enfin, les perspectives de paix ont conduit à de grandes attentes de développement. Les espoirs devront être satisfaits. Les donateurs devront soutenir l’assistance au développement au Soudan. Mais le plus important, la richesse du pays et ses ressources devront être investies en mettant en place des programmes de développement durable pour s’attaquer à une source majeure de conflits : la pauvreté et le sous-développement. Les Nations unies sont prêtes à agir rapidement maintenant que l’accord de paix global a été signé et elles y ont bientôt une mission de soutien à la paix. La tâche est énorme. Tous les efforts devront être déployés pour assurer le succès de la mission d’aide aux Soudanais dans leur recherche de paix dans un pays déchiré par les ravages des guerres depuis son indépendance. Le Conseil de sécurité de l’Onu devra revoir son approche de la situation globale au Soudan. Une stratégie d’ensemble et intégrée est requise pour traiter la situation complexe et aux multiples facettes du Soudan afin de placer le pays sur une base stable et de l’aider à instaurer la paix durable et le développement soutenu. Les dirigeants soudanais – tous les dirigeants – devront se montrer à la hauteur du défi. Ils ont la responsabilité première de combler les espoirs de leur peuple pour un futur prospère et pacifique. Ils devront démontrer qu’ils peuvent gagner le combat pour la paix. Ils devront réaliser qu’il reste encore un long chemin à parcourir avant de crier victoire. Avec la signature de l’accord de paix derrière nous, le Soudan va être témoin d’un grand tournant dans son histoire. Tous les Soudanais le doivent à eux-mêmes, à toutes ces personnes qui ont perdu leur vie durant la guerre, à toutes les personnes qui ont perdu tous les moyens de mener une vie décente, aux millions de déplacés et réfugiés dispersés à travers le pays, pour mettre un terme à la souffrance et placer le pays sur le chemin ferme de la paix, la stabilité et la prospérité.
Par Jan Pronk,
représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Soudan

La signature de l’accord global de paix par le gouvernement soudanais et le Mouvement de libération du Soudan le 9 janvier constitue une étape importante pour le pays. C’est l’espoir réel d’une fin possible et définitive à un conflit brutal et prolongé au Sud-Soudan qui a fait plus de 2...