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Concert - À l’église Saint-Joseph (USJ) L’Orchestre symphonique national libanais à l’heure de l’Europe (Photo)

Une chaleur étouffante, une moiteur qui colle et, comme d’habitude, une église Saint-Joseph (USJ) illuminée et pleine jusqu’aux derniers bancs. Un des avant-derniers concerts de la saison avec un parterre de choix (surtout aux premiers rangs) et un menu groupant des partitions de plusieurs pays européens. L’Orchestre symphonique national libanais, au meilleur de sa forme, placé sous la houlette du maestro Wojcieh Cziepiel avec, en « guest star », Piotr Kwasny, un brillant violoniste de 25 ans. Menu proposé, des pages de Dvorak, Szymanowski, Mendelssohn et Bartok. Organisé avec le concours conjugué des ambassades de Pologne, de Hongrie, de la République tchèque et de la Délégation de la Commission européenne au Liban, ce concert a fait miroiter, sous la bannière européenne, une musique aux multiples frontières alliant brio, lyrisme, originalité et audaces contemporaines. Ouverture avec le Carnaval de Dvorak, splendide œuvre de maturité d’un compositeur qui rêvait d’aller retrouver la gloire par-delà les océans, tout en découvrant le nouveau-monde. Séries de thèmes illustrant, avec verve et bonne humeur, les rêveries d’un promeneur à travers les dédales d’une ville où éclate la joie d’un carnaval... Promenade contemplative et méditative avec les incursions des bruits de la rue, sans oublier la présence furtive de deux amants seuls au monde au milieu de tout ce tohu-bohu... Partition colorée, vive, tonique, prestement enlevée, à la fois bouillonnante et habitée d’une sorte de sérénité populaire. Suit l’Étude en B mineur de l’admirable Karol Szymanowski à la vie proche des désirs et des interdits de Gide (qu’il rencontre d’ailleurs à Paris) et de Tchaïkovski, plus tourmentée et mouvementée qu’un roman du XIXe siècle. On s’étonne qu’un film ne soit pas encore réalisé sur ce personnage hors du commun, raffiné, à la production polymorphe et avant-gardiste, au destin dur, chargé aussi bien de succès que d’amers revers. On écoute donc, de celui qu’on a surnommé (et à raison) le « père de la musique polonaise », cette petite narration alliant douceur et nostalgie, tendresse et feux couvant sous la cendre... Bravoure et maestria Et arrive le morceau de bravoure par excellence, le Concerto pour violon et orchestre de Félix Mendelssohn avec, en soliste, ce redoubtable jeune violoniste venant de Cracovie, Piotr Kwasny. Il y a quelques jours, à l’Assembly Hall, il avait donné un remarquable récital devant une assistance entièrement conquise. Moment exceptionnel avec ce concerto aux trois mouvements qui s’enchaînent sans interruption. Faisant une large part au lyrisme et à la virtuosité, cette narration a toujours les faveurs de l’auditoire, surtout quand elle est interprétée avec autant de fougue et de maestria. Mélodie suave et accents passionnés pour ravir le cœur et où pleuvent en abondance chromatismes sanglotants, trémolos émouvants, coups d’archet furtifs ou prolongés et vibratos sortis du ventre d’une caisse qui cache brusquement toutes les magies sonores du monde. Pas de standing ovation mais plusieurs salves d’applaudissements qui font revenir le maestro (cheveux collés au visage à cause de la transpiration) et virtuose du violon (sourire désarmant dans un visage de chérubin) au-devant de l’autel. Mais c’est définitif, pas de bis. Dans cette chaleur accablante, la prestation est sufissamment dure. Après l’entracte, place à Bela Bartok avec une de ses dernières œuvres, c’est-à-dire quand le musicien luttait encore contre la leucémie qui le rongeait. Par temps de répit, il a pu signer ce Concerto pour orchestre, composition originale, dans sa conception et ses détails. Narration aux cinq mouvements où se déploie l’amour de faire parler les instruments de musique et d’évoquer les thèmes folkloriques nationaux. Si la volonté de vivre et l’espoir ne sont pas absents de cette partition, il n’en reste pas moins qu’on perçoit bien ici et là le sourd désespoir de la mort qui guette et l’angoisse de vivre une maladie incurable et fatale. C’est dans cette atmosphère lourde et oppressante, mais tendant aussi vers des échappées belles, que se développe cette œuvre riche et foisonnante de sujets traités avec une rare audace et une originalité sonore. Chaque instrument a ici sa vedette, momentanée il est vrai, mais une vedette qui se pavane, qui parade et qui fait avec superbe une démonstration de ses prouesses et de ses ressources, souvent convaincantes. Finale en apothéose avec, telle une heureuse rhapsodie, un éclatement général dominé par des cuivres particulièrement éloquents. Edgar DAVIDIAN
Une chaleur étouffante, une moiteur qui colle et, comme d’habitude, une église Saint-Joseph (USJ) illuminée et pleine jusqu’aux derniers bancs. Un des avant-derniers concerts de la saison avec un parterre de choix (surtout aux premiers rangs) et un menu groupant des partitions de plusieurs pays européens. L’Orchestre symphonique national libanais, au meilleur de sa forme,...