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Actualités - OPINION

Fondement de la vie publique, le code des législatives n’est pas pour demain

Une évidence que souligne un ministre influent : il reste trop peu de temps avant la présidentielle pour élaborer un nouveau code électoral réservé aux législatives. La Chambre actuelle n’est d’ailleurs pas pressée de modifier les règles d’un jeu dont elle est elle-même issue. On voit mal les députés, dont bon nombre sont parachutés, scier de leurs blanches mains la branche de l’arbre sur laquelle ils se trouvent assis. Il faudra donc attendre le premier gouvernement du prochain régime pour préparer la nouvelle loi et la faire voter. Dans une relative précipitation puisqu’il resterait alors à peine un semestre avant les élections. Insistant sur la disqualification de la Chambre actuelle, ce ministre souligne qu’elle est à mille lieues d’initier un changement positif. Pour installer à sa propre place une législature vraiment représentative. Née d’un scrutin libre et d’une saine pratique démocratique. Partant de ce constat, et du principe que l’on ne peut être juge et partie à la fois, c’est au gouvernement qu’il appartiendra de légiférer en la matière. En base de pouvoirs extraordinaires qu’il devra demander à cette fin. Il pourra de la sorte redessiner les circonscriptions, la préférence allant au caza. Et instituer une dose de proportionnelle afin que les droits des minorités soient bien assurés. À ce propos, il convient de réparer une dérive importante : la parité égale entre chrétiens et musulmans à la Chambre n’est que pure illusion. En effet, dans le système hybride, tronqué, appliqué depuis Taëf, nombre de députés chrétiens (plus du tiers en fait) sont élus par une majorité musulmane et ne représentent pas vraiment leur collectivité propre. Ils sont, la plupart du temps, les féaux d’un chef de liste musulman et suivent ses directives. Ce détournement est rendu possible par le découpage élargi, qui facilite les parachutages. Pour y remédier, il faut donc se rabattre sur la petite circonscription, qui favorise la représentation de proximité. Et garantit, au moins, aux électeurs la certitude de connaître les candidats. Cette tendance correctrice se trouverait renforcée par l’adoption d’une dose de proportionnelle. Ce qui décuplerait l’intérêt de l’électorat pour le scrutin. Et réduirait le taux d’abstention dû à l’indifférence naturelle que provoque un système courant plus proche de la désignation que de l’élection. Sur le plan technique, et toujours pour renforcer la participation active de la population à l’opération démocratique, la personnalité citée pense qu’on doit autoriser les Libanais à voter également avec leur carte d’identité nationale. Et non uniquement avec leur carte d’électeur. Qui, souvent, à cause d’erreurs d’inscription ou d’inadvertance administrative, ne leur est pas délivrée. Sans compter qu’on ne peut se fier, pour établir les taux de participation, aux listes d’électeurs établies. Car elle sont truffées de défauts divers, gardant par exemple les noms de personnes disparues ou incluant des expatriés. Qu’on comptabilise donc à tort parmi les abstentionnistes. Ainsi d’ailleurs que ceux qui, pour de multiples raisons indépendantes de leur volonté propre, se voient privés la carte électorale. Dont l’existence comme seul moyen de vote fausse en outre le jeu démocratique. En effet, dans ce système, les candidats peuvent, une bonne semaine avant l’élection, relever les listes précises de tous les noms auxquels la carte a été délivrée. Et manœuvrer en conséquence. Émile KHOURY
Une évidence que souligne un ministre influent : il reste trop peu de temps avant la présidentielle pour élaborer un nouveau code électoral réservé aux législatives. La Chambre actuelle n’est d’ailleurs pas pressée de modifier les règles d’un jeu dont elle est elle-même issue. On voit mal les députés, dont bon nombre sont parachutés, scier de leurs blanches mains la...