Communautés - Départ du patriarche maronite pour le Vatican Sfeir : Ce n’est pas l’opposition qui a perdu les municipales mais des individus (photo)

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a estimé hier que l’opposition n’a pas perdu les élections municipales « en sa qualité d’opposition », puisqu’elle ne s’était pas présentée regroupée à ce scrutin et qu’en fin de compte, ce sont « des individus qui ont été défaits ». Mgr Sfeir a tenu ces propos à l’AIB, où se déroulait une cérémonie officielle à l’occasion de son départ pour Rome, où il doit prendre part dimanche aux côtés du pape Jean-Paul II à la cérémonie de canonisation du moine Neemetallah Hardini. Le patriarche, qui a été salué à l’aéroport par le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, est accompagné d’une délégation comprenant notamment les évêques Boulos Matar, Béchara Rahi, Chucrallah Harb, Maroun Sader, Francis Baysari, Boutros Gemayel et Boulos Saadé. « Il s’agit d’un grand événement pour le peuple libanais dans son ensemble, et en particulier pour les chrétiens. Nous y voyons un signe du ciel par lequel Dieu a voulu réconforter les Libanais et dépêcher des saints auprès d’eux afin de relever leur moral, fortifier leur foi et leur faire savoir qu’il est près de tous », a déclaré le patriarche à la presse. Prié de commenter les résultats des deux premières séries des élections municipales et d’évaluer l’attitude des autorités durant le scrutin, Mgr Sfeir s’est d’abord retourné vers le ministre de l’Intérieur, assis à côté de lui, disant aux journalistes que c’est à lui qu’il fallait poser cette question. « Pour notre part, a-t-il ajouté, nous avions exprimé notre point de vue dans le récent communiqué (des évêques maronites) et estimé qu’il y avait un certain nombre de lacunes, peut-être plus redevables au comportement des électeurs qu’à celui du pouvoir. » Un journaliste l’ayant interrogé sur ce qu’il pensait de la « défaite de l’opposition », le patriarche a répondu : « L’opposition n’a pas perdu en sa qualité d’opposition. Ce sont des individus qui ont été battus. Dans l’ensemble, il n’y a pas eu d’opposition regroupée pour que l’on puisse parler d’une défaite. » S’agissant des sanctions décrétées par les États-Unis à l’encontre de la Syrie, le prélat maronite a indiqué ne pas avoir changé d’avis à ce sujet. « Tout en réclamant depuis longtemps l’application de Taëf, qui prévoit le retrait de l’armée syrienne et le recouvrement par le Liban de son indépendance, nous avions dit que ce qui se déroule entre la Syrie et les États-Unis concerne ces deux pays et qu’ils sont plus à même de s’entendre entre eux que nous », a-t-il souligné. Mgr Sfeir a par ailleurs qualifié de « crimes contre l’humanité » les abus commis par des soldats américains à la prison irakienne d’Abou Ghraib. « Des Américains ont d’ailleurs eux-mêmes condamné ces actes immoraux », a-t-il ajouté, notant que « l’on peut gagner militairement une guerre et la perdre sur le plan moral ». Enfin, le patriarche Sfeir et tous les présents sont partis d’un grand éclat de rire lorsqu’un journaliste s’est inquiété de savoir si un jour le Liban pourra voir un de ses hommes politiques canonisé. « Vous devriez poser cette question aux hommes politiques eux-mêmes », a répondu le prélat. De son côté, M. Murr a affirmé, en réponse à une question sur les propos tenus jeudi par l’ancien chef de l’État, Amine Gemayel, qu’il tendait toujours la main à l’opposition, « indépendamment du fait que le mandat (du président Émile Lahoud) soit à son début ou à sa fin ». M. Gemayel avait déclaré à la LBCI que c’est le pouvoir qui avait naguère refusé sa main tendue et qu’à présent, il était trop tard parce que le mandat tirait sur sa fin.