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Actualités - OPINION

Douce contagion

L’espoir. Un mot magique, dit et redit, martelé, un mot asséné, matraqué, jeté à la figure des voleurs de rêves. L’espoir, un mot simple, humble, plein d’humilité que 2004 a failli rayer de notre abécédaire, un mot qui resurgit des ténèbres, qui défonce les murs des prisons, qui fait un pied de nez aux bonzes qui nous gouvernent. Qu’ils se mettent à 96 contre 29, à 100 000 contre 4 000 ou à 30 contre tout un peuple, rien n’y fera : la baudruche explosera à la première occasion. Pourquoi ? Tout simplement parce que les lignes rouges ont été largement dépassées, que le clientélisme, la corruption, la « tutellisation » ont été confirmés, institutionnalisés, parce que la soif de réforme et d’alternance, les aspirations au changement ont été ignorées, bafouées, méprisées… La baudruche explosera tôt ou tard, aujourd’hui, demain, aux prochaines législatives, après les élections, c’est inévitable. Pourquoi ? Parce que le monde change, évolue, progresse à une vitesse hallucinante, parce que le monde est devenu un grand village et que la communication ne connaît plus de frontières, parce que la langue de bois et les élucubrations de politiciens pontifiants font désormais rire le plus ignorant des ignares. Parce que la ficelle est grosse, tellement grosse que plus personne ne croit aux promesses fumeuses proférées comme des menaces à partir de tours d’ivoire sans âme et sans mémoire. Le Liban « d’en bas », lui, vit à un autre rythme : celui de l’unité retrouvée, de la pluralité, du droit à la différence. Le Liban « d’en bas » aspire de toute son âme au changement. Sa voix est celle de l’avenir. Elle enfle, enfle ; elle est déjà fortement entendue dans les pays où démocratie a pour autres noms alternance, réforme, transparence. Et la tutelle, me diriez-vous, que faites-vous de cette tutelle ? C’est oublier que le monde a rétréci et que les valeurs universelles de liberté et de justice ne connaissent plus de frontières. Aucun pays ne pourra désormais échapper au changement. On l’a déjà vu, hier, en Europe de l’Est et dans l’ex-Union soviétique et, aujourd’hui, en Ukraine. Qu’elle est douce la contagion quand elle s’appelle liberté ! Il est d’ailleurs des symboles qui ne trompent pas et qui entretiennent la mémoire des peuples. Au Liban, le symbole est percutant de vérité, il est là au centre-ville, à portée de vue, à portée de main : le monument dédié aux martyrs de l’indépendance. Blessé, mutilé, longtemps ostracisé, il nargue ceux-là mêmes qui, à ses pieds, ont commis, en ce triste mardi 30 novembre, l’acte de double allégeance. Les hommes passent, les symboles restent. L’espoir aussi. Bonne année 2005. Nagib AOUN
L’espoir. Un mot magique, dit et redit, martelé, un mot asséné, matraqué, jeté à la figure des voleurs de rêves. L’espoir, un mot simple, humble, plein d’humilité que 2004 a failli rayer de notre abécédaire, un mot qui resurgit des ténèbres, qui défonce les murs des prisons, qui fait un pied de nez aux bonzes qui nous gouvernent.
Qu’ils se mettent à 96 contre 29,...