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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION Le plasticien Jean-Michel Othoniel ressuscite le petit théâtre de Pierre Loti (photo)

À l’âge où ses petits camarades s’amusaient encore au bac à sable, Pierre Loti réalisait déjà sa première œuvre. Entre 7 et 12 ans, avec la complicité de son amie Jeanne et de ses deux grands-mères, celui qui s’appelait encore Julien Viaud donna ainsi vie à la centaine de personnages miniatures que le théâtre de la Coupe d’or ressuscite aujourd’hui à Rochefort-sur-Mer. Fragments de tissus ou de noyaux de fruits, un monde de bric et de broc librement inspiré du conte de Peau d’âne, et qui préfigure en fait toute l’œuvre de l’écrivain. Mais l’adolescent oublie peu à peu ses rêves d’enfant. Et range définitivement son armée de figurines dans une boîte en carton, un matin de 1862. Elles y resteront un siècle et demi à l’abri des regards. Pas vraiment oubliées, juste noyées parmi les richesses baroques de sa maison natale de Rochefort, aujourd’hui musée aussi inclassable que fréquenté. En 1890, dans Le roman d’un enfant, Pierre Loti formulait pourtant un vœu prémonitoire: «Un jour futur, ces successeurs inconnus, en furetant au fond des plus mystérieux placards, feront l’étonnante découverte de légions de petits personnages, nymphes, fées et génies, qui furent habillés par nos mains. » Invité l’an dernier à visiter la demeure du marin-académicien disparu en 1923, le plasticien Jean-Michel Othoniel bute sur le trésor. «Lorsque j’ai découvert ces petites marionnettes au grenier, j’ai immédiatement rêvé de les mettre en scène. Je me suis senti investi d’une mission.» Spécialiste incontesté du travail du verre depuis son habillage permanent de la station de métro Palais-Royal à Paris en 2000, le jeune artiste contemporain a, depuis, réalisé un splendide écrin. À la manière d’un architecte, Othoniel a dessiné les croquis des kiosques, des balcons, des pagodes, du trône et des étoiles qui réinventent l’univers du marin fantasque. Des maisons de poupées prestigieuses installées au centre de la scène de la Coupe d’or, petit théâtre à l’italienne du XIXe siècle. « J’ai toujours été fasciné par Loti, raconte Jean-Michel Othoniel. Mais plus par son monde et sa façon de vivre que par ses livres. Ce personnage sulfureux est extrêmement moderne, et cet univers de pacotille intéresse beaucoup les artistes contemporains.» «Créer la féerie à partir de bouts de ficelle est un peu notre marque de fabrique. Loti l’avait compris avant l’heure. Il faut voir par exemple ce petit bonhomme africain qu’il a fabriqué à l’âge de 7 ans. On dirait du Picasso. À l’heure de la culture zapping, je repense avec émotion à ce gamin artiste dans un monde où le temps n’en finissait pas de durer. C’est ce Loti là que j’ai envie de faire découvrir au public, pas le grand académicien», dit Othoniel. Le personnage, mais aussi son œuvre que ces jouets d’enfant adulte laissaient déjà entrevoir. Des voyages jusqu’aux fêtes, en passant par son amour immodéré pour la Turquie ou l’art du travestissement, tous les grands thèmes consacrés plus tard par Pierre Loti se devinent dans son interprétation enfantine du conte de Perrault. «Je pourrais presque dire que toute la chimère de ma vie a été d’abord essayée, mise en action sur cette très petite scène-là», écrivait Pierre Loti dans Le roman d’un enfant. Peau d’âne au Théâtre du Châtelet à Paris du 7 février au 13 mars.
À l’âge où ses petits camarades s’amusaient encore au bac à sable, Pierre Loti réalisait déjà sa première œuvre. Entre 7 et 12 ans, avec la complicité de son amie Jeanne et de ses deux grands-mères, celui qui s’appelait encore Julien Viaud donna ainsi vie à la centaine de personnages miniatures que le théâtre de la Coupe d’or ressuscite aujourd’hui à...