Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Détenus en Syrie - Sit-in de Solide à Hadeth pour faire toute la lumière sur le sort des prisonniers Le cri de détresse des parents : « Que sont-ils devenus ? »(photos)

Dans la tristesse et le recueillement, mais avec beaucoup de détermination, près de 300 personnes ont observé hier, à l’appel de l’association Solide (Soutien pour les Libanais en détention et en exil), un sit-in dans l’enceinte de l’église Notre-Dame de Hadeth pour dénoncer le silence dans lequel les autorités syriennes et libanaises continuent d’emmurer la question des détenus libanais dans les prisons syriennes. Les protestataires étaient dans leur grande majorité des parents qui ont des preuves que leurs enfants et leurs proches se trouvent dans les geôles syriennes, et qui se dépensent, depuis des années, avec toute l’énergie du désespoir, pour faire parvenir un message qu’aucun officiel ne veut entendre, pour faire avancer un dossier humanitaire sacrifié sur l’autel d’intérêts politiques dits « stratégiques ». Le sit-in, qui marque le début d’une campagne intitulée « Il est de notre droit de savoir », a également mobilisé des personnalités publiques, des professeurs, des militants des droits de l’homme et des jeunes, convaincus qu’il est nécessaire de s’associer à la douleur des parents et de contribuer à briser un peu plus le mur du silence. L’objectif étant de régler un problème qui, en définitive, concerne des Libanais de différentes régions et de différentes communautés, tous victimes de disparitions forcées, puis extradés dans l’illégalité en Syrie. Un homme s’avance. La soixantaine. Les cheveux grisonnants, l’air maussade. Dans une attitude d’impuissance manifeste, il affirme que son fils, un soldat de l’armée, a été kidnappé par les forces syriennes le 13 octobre 1990. Marquant un temps de réflexion durant lequel il semble essayer de se souvenir dans les détails d’un fait lointain, il poursuit : « Il avait 22 ans. Donc il doit en avoir 36 aujourd’hui. Quand donc vais-je le revoir ? » Une femme voilée, qui vient du Liban-Sud, accompagnée d’autres mères en colère, s’en prend violemment, devant les caméras, au président de la Chambre, Nabih Berry. Elle accuse le mouvement Amal d’avoir arrêté, torturé et extradé ses fils Ismaël (22 ans) et Saleh (15 ans) Kayyed vers la Syrie en 1985, et affirme avoir des informations concernant la présence de ses enfants dans ce pays. « Qu’ils craignent Dieu un peu. Ils ne craignent donc personne ! » dit-elle, en allusion aux dirigeants et à M. Berry en particulier. Également parmi les protestataires, la famille de Boutros Khawand, ancien cadre du parti Kataëb, disparu et présumé détenu dans les geôles syriennes, ainsi que les membres du comité des parents des détenus libanais en Syrie. Un proche de détenu affirme, tout bas, qu’un gradé des Services est récemment venu lui conseiller de faire beaucoup moins de bruit autour de cette question, sinon... En larmes, Violette Nassif, l’une des responsables du comité, prend la parole devant les caméras. Son fils s’appelle Johnny. Il fait partie des soldats de l’armée arrêtés et emmenés le 13 octobre 1990 en Syrie. Il n’avait que 16 ans, et aucun grade. Tenant à la main une affiche représentant des civils irakiens fouillant la terre, après la chute de Saddam Hussein, à la recherche des corps de leurs proches disparus sous le règne du dictateur irakien, elle implore le monde et tous les dieux : « S’il vous plaît, il ne faut pas qu’on en arrive là. Nous ne voulons pas creuser la terre syrienne à la recherche des restes de nos enfants. Je vous en conjure. Il faut agir maintenant. Nous voulons savoir ce qu’il est advenu de nos enfants. » Plusieurs parents se joignent à elle dans ses prières, puis dans ses larmes. Parmi ceux qui ont répondu à l’appel de Solide et qui sont venus exprimer leur rage, leur peine et leur solidarité avec les parents : May Murr, le professeur Waël Kheir et Éliane Masri de la Fondation des droits de l’homme et du droit humanitaire, Hikmat Dib, Georges Haddad, Alain Aoun et Patrick Khoury du Courant patriotique libre (CPL-aouniste), Samy Gemayel, Nadim Gemayel, et beaucoup d’autres, interpellés par cette cause humanitaire. May Murr prend la parole pour se solidariser avec les parents. Son fils Kamal compte au nombre des disparus de la guerre. Dans un mot émouvant, elle s’adresse aux parents pour les appeler à rester unis, par-delà le communautarisme, dans leur combat pour retrouver leurs fils. Applaudissements généralisés des participants. « Les Américains, qui sont en train d’ouvrir les fosses communes en Irak, devraient exiger que la même chose soit faite chez nous », déclare un participant, sous couvert d’anonymat. Pendant ce temps, les militants de Solide, emmenés par le porte-parole de l’association, Ghazi Aad, ont distribué des bougies jaunes, des rubans jaunes (qu’on accroche généralement lorsqu’on pense fort à quelqu’un qui est loin et qui ne revient pas) et des masques aux participants. Pourquoi des masques ? En raison des paroles de la chanson de Feyrouz : « Weynon, weyn swaton, weyn wjouhon, weynon ? (Où sont-ils, où sont leurs voix, où sont leurs visages ?) » Une manière de rejeter la volonté officielle d’effacer toute trace de ces détenus de la réalité libanaise. « Ce n’est pas le gouvernement qui est responsable de cette tragédie, car c’est un gouvernement syrien au Liban. Ce sont les Ordres des avocats et des médecins qui auraient dû, depuis 15 ans, former une délégation chargée d’enquêter sur ce sujet et se rendre en Syrie dans ce but », affirme pour sa part une militante de Solide, Claude Hajjar. Prenant la parole, Hikmat Dib a appelé les autorités syriennes à reconnaître l’existence de détenus libanais en Syrie et à rendre publique une liste exhaustive de noms. Il a appelé à la libération immédiate des prisonniers, détenus en violation du droit international et de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le député Ghassan Moukheiber a également pris part au sit-in. M. Moukheiber, qui a dû répondre aux nombreuses questions des parents, a notamment appelé l’Ordre des avocats à rendre public le rapport élaboré par la commission ministérielle présidée par Fouad el-Saad entre 2002 et 2004. M. H. G.

Dans la tristesse et le recueillement, mais avec beaucoup de détermination, près de 300 personnes ont observé hier, à l’appel de l’association Solide (Soutien pour les Libanais en détention et en exil), un sit-in dans l’enceinte de l’église Notre-Dame de Hadeth pour dénoncer le silence dans lequel les autorités syriennes et libanaises continuent d’emmurer la...