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Le député de Tripoli propose une durée de trois mois et un service civil optionnel Misbah Ahdab appelle les jeunes à faire du lobbying pour obtenir gain de cause (photo)

Le débat sur le service du drapeau, Misbah Ahdab connaît. Il y a trois ans, le député de Tripoli avait en effet été l’un des premiers à susciter ce problème bien avant que bon nombre de ses pairs à la Chambre se rendent compte, à la veille des élections législatives, qu’ils auraient peut-être intérêt à s’intéresser un peu à la jeunesse. Misbah Ahdab ne peut s’empêcher de remettre le projet de réforme et toute la campagne menée par les loyalistes sur le service militaire dans le contexte préélectoral: «Le gouvernement a pour mission principale de gagner les élections, ses membres l’ont d’ailleurs annoncé à maintes reprises, affirmant qu’il y a un raz-de-marée populaire qui soutient le pouvoir actuel. Entre autres, ils se permettent des dépenses politiques, électorales, aux frais de l’État. Ils prennent toutes les mesures qui puissent les rendre plus populaires, notamment sur le plan du service militaire.» «Lorsque j’ai proposé l’affaire du service militaire il y a plusieurs années, je me suis attiré les foudres du pouvoir. J’ai presque été accusé de traîtrise par les gens du pouvoir. On m’a demandé “comment je pouvais proposer ce genre de changement alors que nous sommes en pleine confrontation avec Israël”. Mon point de vue était différent. Pour moi, ce n’est pas en augmentant l’armée de 20 000 soldats que l’on peut faire face à Israël, mais en donnant la possibilité aux jeunes de rester au Liban et de participer au développement du pays à tous les niveaux, entre autres économique. Dans la mesure où il n’y a pas de croissance économique sans la vraie richesse du Liban, la richesse humaine, surtout les jeunes», indique-t-il. Le dossier du service militaire était « une ligne rouge», se souvient Misbah Ahdab: « Il ne fallait surtout pas parler de ce genre de choses, faute de quoi on était victime de réactions très agressives. Lorsque le débat s’est transposé, à l’époque, au Conseil des ministres, le président de la République a pris une position catégorique, refusant tout amendement à ce sujet.» Les bienfaits du service civil S’il se réjouit de ce regain d’intérêt pour un sujet qu’il juge important pour la jeunesse libanaise, Misbah Ahdab déplore néanmoins le traitement réservé au service militaire, qui se retrouve élément d’«une offensive de charme mal faite». « Lorsqu’on fait du charme à travers le service militaire, on devrait au moins trouver une vraie solution. Ce qu’ils sont en train de proposer est une demi-solution à contrecœur pour essayer de convaincre les électeurs. Alors que ceux qui font cette offensive ne sont même pas convaincus de la nécessité de faire une réforme au niveau d’un problème primordial pour les jeunes et leurs familles», note-t-il. Au sujet de l’abaissement de la durée de la conscription d’un an à six mois dans le projet de réforme, M. Ahdab indique: « Proposer une durée de six mois est vraiment aberrant. Pendant longtemps, je voulais éviter de rentrer dans les détails. L’idée principale était de soulever le problème, de provoquer le débat. Je suis fier de voir qu’ils ont enfin reconnu que c’est un problème à résoudre. Mais la vraie solution serait soit l’annulation du service militaire, soit l’abaissement de sa durée à trois mois. Pour moi, le mieux serait d’instaurer un service militaire optionnel, ce qui permettra à ceux qui le désirent de faire un service civil d’utilité publique, très important pour le Liban, dans la mesure où il pourrait faire ce brassage entre les différentes confessions. Un service civil pourrait se traduire en une police d’environnement où les jeunes pourraient rester pour surveiller les plages ou les forêts, ou encore instruire les citoyens sur les moyens de préserver la propreté des sites par exemple, aider les agriculteurs dans les moments d’intempéries, ou les touristes en été. L’essentiel étant de se sentir utile. Et si quelqu’un veut servir son pays militairement, il n’est pas nécessaire de le retenir plus de trois mois...» Quelle armée voulons-nous? Pour Misbah Ahdab, la question qui se pose réellement est de savoir «quelle armée nous voulons». «Qu’est-ce qui justifie le fait d’avoir une armée de 60000 soldats? Voilà une question à laquelle le pouvoir devrait répondre. Il devrait nous dire pourquoi il a besoin de 60000 soldats. Est-ce pour faire face à Israël? Je ne pense pas, parce qu’Israël possède 1500 avions et la bombe atomique. Ce n’est donc pas avec 20000 soldats de plus que nous remporterons cette guerre. Le pouvoir doit répondre à cette question. Il ne suffit pas d’accepter de concéder six mois, tout en laissant plusieurs petits détails sans règlements», affirme le député de Tripoli. Il évoque ensuite l’aspect budgétaire de la question. «Le pouvoir veut une armée de 60000 soldats, donc forte de 20000 soldats de plus. Il est incapable de financer ces 20000 soldats, et c’est pourquoi il essaye de les avoir à prix très bas: des jeunes, dans le cadre du service militaire, pour compenser la différence entre 40000 et 60000 soldats. En d’autres termes, pour faire des économies budgétaires, on compte sur les appelés», dit-il. «La question n’est pas seulement d’ordre économique, elle est également d’ordre politique. Quelle armée voulons-nous, quel doit être son rôle? L’armée doit-elle suivre la résolution du Conseil des ministres qui lui demande d’intervenir avec les FSI, ou bien elle devrait avoir un rôle différent, similaire à celui d’une institution militaire dans n’importe quel pays du monde? À la limite, elle pourrait avoir des rôles internes dans des cas de grands dangers, mais force est de constater qu’il est pour le moins curieux de demander à l’armée d’intervenir comme force de sécurité intérieure dans tous les détails, alors que nos FSI s’élèvent à 20 ou 30000 soldats. Avec les autres services de sécurité, le nombre de soldats s’élève à près de 100000 au Liban! Avons-nous besoin d’autant pour un pays de 3500000 résidents? Une autre question à laquelle le pouvoir devrait répondre», poursuit-il. Il est clair, pour Misbah Ahdab, que le pouvoir se pose les mauvaises questions. Qu’il occulte les vrais questions d’avenir, celles que les jeunes se posent: «Pourquoi participer à l’armée, pourquoi faire le service militaire, qu’allons-nous faire dans cinq ans, où va le pays dans cinq ans, quelle croissance économique est à prévoir, quelle est la vision d’avenir?» Faire du lobbying Le projet de réforme n’est donc rien moins qu’« une tentative de contourner le problème, qui ne s’intéresse même pas au problème et qui ne prend pas en considération le vrai besoin de réforme», dénonce Misbah Ahdab. «Il n’y a pas vraiment de réforme dans ce projet. C’est de la cosmétique électorale», dit-il. Concernant le laps de temps de cinq ans à l’étranger, qui permettait aux jeunes d’échapper au service militaire, ce qui n’est plus le cas actuellement, le député de Tripoli indique que «la principale réforme devrait donner la possibilité aux jeunes de rester au Liban, et non les inciter à quitter le pays». «Le système qui prévaut actuellement a encouragé les jeunes à s’en aller. Mais la réforme réelle n’est pas celle qui est proposée, dans la mesure où le problème persiste. De plus, quelle que soit la formule proposée, si l’on oblige quelqu’un à venir pour les besoins du service – que ce soit pour six mois ou un an – il va rater son année d’étude ou de travail. Je ne vois pas vraiment quelle société garderait le poste d’un employé pendant six mois, le temps qu’il finisse son service militaire ! Alors que pour trois mois, à la limite, c’est négociable», insiste-t-il. Misbah Ahdab pense qu’il est du devoir des députés de proposer une autre solution le jour où le projet sera voté à la Chambre et d’essayer de la faire voter. «Ce qui ne se fera malheureusement pas, parce qu’il y a toujours une volonté de nombreux parlementaires de suivre le gouvernement. Mais il y a des actions à prendre. Les jeunes peuvent recourir aux pétitions, ou aller voir les députés. Les élections ne sont pas très loin. Si jamais il y a une alternative à cette décision qui se profile à l’horizon, qui rabaisserait la durée du service à trois mois, ils peuvent – et doivent – faire du lobbying. Si jamais ils sont convaincus », conclut-il. M.H.G
Le débat sur le service du drapeau, Misbah Ahdab connaît. Il y a trois ans, le député de Tripoli avait en effet été l’un des premiers à susciter ce problème bien avant que bon nombre de ses pairs à la Chambre se rendent compte, à la veille des élections législatives, qu’ils auraient peut-être intérêt à s’intéresser un peu à la jeunesse.
Misbah Ahdab ne peut...