Rechercher
Rechercher

Actualités - interview

Municipales - Le Amid du BN s’explique sur l’alliance avec les aounistes « Avec le CPL, les mêmes objectifs, mais un style différent », affirme Carlos Eddé à « L’Orient-Le Jour »

L’annonce d’une alliance entre le Courant patriotique libre (CPL, de mouvance aouniste) et le Bloc national (BN) pour les élections municipales à Jounieh et à Jbeil a créé la surprise. Cette alliance s’étendra-t-elle à d’autres régions ? Sera-t-elle plus durable ? Sur quels principes politiques se fonde-t-elle ? Carlos Eddé, Amid du BN, explique, dans une interview à L’Orient-Le Jour, que « la coopération a naturellement commencé dans la ville de Jbeil, où l’électorat aouniste est très imbriqué avec celui du BN ». Il soutient que « le BN et le CPL sont d’accord sur les objectifs à atteindre, à savoir la souveraineté absolue du Liban et l’instauration de l’État de droit, bien que nous ne nous entendions pas toujours sur le style à adopter, les moyens à utiliser ou le discours politique, et que nous n’ayions pas la même lecture des événements régionaux ». Il poursuit : « Le général Aoun a des positions extrêmes sur lesquelles il n’abdique pas. Pour ma part, je ne suis pas prêt à faire de concessions sur les revendications essentielles, mais je pense que par une méthode plus souple, il est possible d’obtenir de meilleurs résultats. » Donc, selon lui, il s’agit d’une alliance opérationnelle plutôt que formelle, « destinée à capitaliser les forces communes et à mobiliser l’électorat afin de susciter un renouveau politique ». Pour ce qui est d’une coopération au niveau d’autres villes, M. Eddé déclare « que chaque cas sera étudié séparément ». Cette alliance risque-t-elle de durer dans le temps et de concerner d’autres échéances ? « Nous n’avons pas été aussi loin dans nos discussions, mais il n’y a aucune raison pour que cette coopération ne se poursuive pas si la bonne volonté existe chez les deux parties », répond-il. Cette alliance est-elle appelée à englober d’autres mouvements de l’opposition ? M. Eddé affirme que des pourparlers ont été entamés avec différentes parties, mais que rien de concret n’a encore été conclu. S’agit-il de partis et mouvements de l’opposition, notamment des membres de Kornet Chehwane (dont M. Eddé s’est retiré quelques mois après la formation de ce rassemblement) ? « Nous sommes en contact avec les différents mouvements de l’opposition », dit-il. « Mais l’important, c’est que nos alliés partagent nos valeurs et nos principes, c’est-à-dire qu’ils présentent des candidats compétents et intègres, ayant un programme clair sur base duquel ils seront élus. Nos alliés devront également être prêts à combattre l’hégémonie du ministère de l’Intérieur et le chantage qu’il exerce par son pouvoir à libérer des fonds municipaux afin d’obtenir la docilité de l’électorat. » Selon M. Eddé, « la campagne électorale du BN ne se déroule pas contre des personnes ou des groupes précis, mais contre les mauvaises habitudes électorales et la mentalité traditionnelle ». Que veut-il dire par « mauvaises habitudes électorales » ? « Ce sont les critères habituellement pris en compte comme les liens familiaux, les services rendus, etc. », explique-t-il. « Ce qui est certain, c’est qu’une grande part de responsabilité dans la situation politique actuelle du pays doit être assumée par les Libanais eux-mêmes, qu’il s’agisse d’une minorité qui a péché par action, ou d’une majorité qui a péché par omission. Si l’on continue à voter pour les mauvais candidats, selon les mauvais critères, dans le cadre d’une mauvaise loi électorale, on ne fera que perpétuer la conjoncture actuelle. Voilà pourquoi je pense qu’un changement des lois électorales, législatives et municipales n’est pas suffisant en soi, mais qu’il faut modifier les critères du vote. » C’est un travail de longue haleine... Le Amid illustre sa réponse par l’exemple d’une famille dont l’un des membres est drogué. « Cette famille a le choix de le soulager momentanément, en lui administrant une dose de drogue, ou elle peut opter pour un processus plus long et plus douloureux, mais qui mène à la guérison », souligne-t-il. « Si l’on applique cet exemple à notre situation politique, opter pour le processus plus long équivaut à reconnaître, tout d’abord, que notre système est faux, ainsi que nos critères électoraux. » Croit-il qu’une proportion importante de la population soit consciente de ce qu’il avance ? « Seule une minorité l’est, et encore, certains ne sont pas prêts à faire face au système et à se sacrifier », dit-il. « Cependant, conclut-il, il demeure crucial de présenter des choix clairs aux électeurs, de ne pas faire de mésalliances électorales. » M. Eddé insiste sur le fait que les formations des listes à Jounieh et à Jbeil ne sont pas encore décidées, et que les pourparlers avec les différentes parties se poursuivent. Il révèle cependant que le premier choix du BN, Joseph Chami, ne tient plus, « du fait de son alliance avec Gino Merhi, qui ne partage pas nos valeurs ». Propos recueillis par Suzanne BAAKLINI

L’annonce d’une alliance entre le Courant patriotique libre (CPL, de mouvance aouniste) et le Bloc national (BN) pour les élections municipales à Jounieh et à Jbeil a créé la surprise. Cette alliance s’étendra-t-elle à d’autres régions ? Sera-t-elle plus durable ? Sur quels principes politiques se fonde-t-elle ?
Carlos Eddé, Amid du BN, explique, dans une interview...