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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES Variations autour d’une « Vague » de Courbet au musée Malraux du Havre

Une Vague de Gustave Courbet peinte en 1869 est le prétexte d’une exposition qui retrace, au musée André-Malraux du Havre (Seine-Maritime), l’appropriation au XIXe siècle par les peintres, comme par les premiers «touristes», du bord de mer, un espace jusqu’alors délaissé. Cette année-là, le maître du réalisme s’est installé dans une baraque au pied de la falaise d’Etretat. S’il ne va pas jusqu’à planter son chevalet sur la plage, comme le feront ses amis Eugène Boudin et Claude Monet, il peut éprouver charnellement le spectacle de l’écume, la claque des embruns sur le visage et le bruit des galets qui roulent. Guy de Maupassant le décrit fixant la mer de sa fenêtre, le poil en bataille, la pipe accrochée à la bouche et la bouteille de cidre posée sur la cheminée... Les pêcheurs de la station balnéaire naissante le surnomment «le phoque» parce qu’il passe son temps à se baigner dans la mer, où il engrange des sensations qu’il restitue après dans son atelier. De ces séjours sur la côte normande entre 1865 et 1869 naîtront d’impressionnantes séries de «trombes», de «mers orageuses» et de «vagues». Cette exposition a pour origine l’achat en 2003 par le musée de l’une de ces «vagues» appartenant à un collectionneur américain qui souhaitait s’en séparer. «Notre idée a été de regarder d’où venait cette œuvre et ce qu’elle annonçait», explique Annette Haudiquet, conservatrice du musée. Le peintre, né à Ornans (Doubs) en 1819 et mort en exil en Suisse en 1877, s’inscrit dans son époque, celle de la découverte du rivage, jusqu’alors perçu comme un monde inquiétant et dangereux qu’il valait mieux éviter. «Petit à petit, on apprivoise le bord de mer, au nom de la santé, des loisirs, du plaisir», rappelle Annette Haudiquet. Influence du Japon Ce changement de perception permet aux artistes de poser un regard différent sur ce milieu jusqu’alors simple support pour les marines, dont le but était d’abord de mettre en scène des naufrages et des batailles navales. Courbet ne s’intéresse plus qu’au paysage lui-même et in fine seulement au mouvement de l’élément liquide, au point qu’il devient de plus en plus difficile, au fil du temps, de situer géographiquement ses toiles. Dans ce musée aux larges baies ouvrant sur la mer, le visiteur chemine entre Courbet et ses contemporains qui, de Monet à Maillol, en passant par Isabey, Mozin, Boudin, Maufra, Gauguin, Guillaumin ou Huet, ont aussi campé sur le rivage. Il s’amusera du parallèle fait avec la photographie, inventée dans ces mêmes années et qui aide les peintres à décomposer le mouvement de la mer. Il s’étonnera peut-être de l’influence du Japon, qui s’ouvre à l’Occident à cette époque et fait découvrir ses extraordinaires estampes. Les peintres français se nourrissent de ce genre illustré par les vagues et tourbillons de Katsushira Hokusai et d’Ando Hiroshige. De cette veine sont issus par exemple les paysages bretons d’Henri Rivière, qui annoncent la bande dessinée. L’exposition s’achève par une pure abstraction du dramaturge et peintre suédois August Strindberg, intitulée Vague VII, qui montre le chemin parcouru depuis la première Vague réaliste de Courbet.

Une Vague de Gustave Courbet peinte en 1869 est le prétexte d’une exposition qui retrace, au musée André-Malraux du Havre (Seine-Maritime), l’appropriation au XIXe siècle par les peintres, comme par les premiers «touristes», du bord de mer, un espace jusqu’alors délaissé. Cette année-là, le maître du réalisme s’est installé dans une baraque au pied de la falaise...