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ANALYSE - L’UE veut coopérer avec l’Iran, mais Téhéran doit répondre aux inquiétudes en matière de terrorisme et de droits de l’homme Les réserves américaines handicapent les efforts européens sur le dossier nucléaire

Alors que l’UE se montre disposée à développer la coopération politique et économique avec Téhéran, si ce dernier répond aux inquiétudes européennes en matière de terrorisme et de droits de l’homme, les réserves américaines, envers les efforts de Paris, Londres et Berlin pour amener l’Iran à renoncer définitivement à toute ambition nucléaire militaire, risquent d’affaiblir les chances de succès des négociations en cours. Dans le même temps, les États-Unis, déjà englués en Irak et en proie à de profondes divisions internes sur la marche à suivre face à Téhéran, peinent à définir une stratégie alternative claire, relèvent des responsables politiques et des experts. Les Européens sont parvenus à obtenir de l’Iran une suspension des activités d’enrichissement d’uranium et sont, désormais, engagés dans des discussions délicates sur une coopération avec Téhéran destinée à l’encourager à rester dans cette voie. L’UE est prête à « explorer les moyens de développer davantage la coopération avec l’Iran », mais Téhéran doit prendre des mesures pour répondre aux « autres sujets d’inquiétude de l’Union », précise le projet de conclusion du sommet de Bruxelles, obtenu hier par l’AFP. Toutefois, les mesures d’incitation proposées par Paris, Berlin et Londres n’ont de chances d’être convaincantes que si Washington, dont l’ombre pèse sur les discussions, fait aussi preuve de bonne volonté, en particulier dans les domaines commercial et sécuritaire. Or, les États-Unis ont déjà envoyé un signal négatif cette semaine en s’opposant pour la vingtième fois à l’entrée de l’Iran à l’OMC, alors que les Européens soutiennent sa candidature. Le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier, en visite éclair mercredi à Washington, a reconnu que les responsables américains restaient « sceptiques » face aux efforts européens. Il a aussi reconnu qu’une grande partie des chances de succès reposait sur un appui américain, même discret. Un groupe international d’anciens ministres des Affaires étrangères vient de lancer un appel pour que Washington sorte de sa réserve, estimant que « la coopération transatlantique est la seule voie pour une solution viable » au problème iranien. Le groupe, qui a publié une tribune dans le Washington Post, suggère aussi que les États-Unis reprennent langue avec Téhéran sur le terrain commercial et diplomatique, malgré un quart de siècle de rupture des relations bilatérales. Washington n’a pas découragé officiellement les démarches des Européens, mais estime que le dossier iranien aurait dû passer de l’AIEA au Conseil de sécurité de l’Onu, en vue de possibles sanctions contre Téhéran. Cette menace a été repoussée avec la suspension des activités d’enrichissement iraniennes, mais Washington, qui réclame un arrêt définitif et vérifié, la laisse toujours planer. Dans le même temps, Washington a du mal à définir une stratégie propre, au-delà d’un recours à l’Onu dont ni le principe ni les résultats ne sont acquis d’avance. Pour Ray Takeyh, spécialiste de l’Iran au Council on Foreign Relations, un institut indépendant, la difficulté tient notamment aux clivages au sein de l’Administration américaine. « Ces divisions sont source de paralysie », estime-t-il. L’élaboration d’une politique iranienne est d’autant plus délicate que Téhéran a une capacité considérable de nuire aux intérêts américains dans deux domaines : la stabilisation de l’Irak et une relance du processus de paix israélo-palestinien. « Ces questions sont toutes liées, dans la mesure où la politique iranienne en Irak ou vis-à-vis du processus de paix au P-O sont une source de tensions potentielles avec Washington, tout autant que le nucléaire », souligne le spécialiste. Christophe de ROQUEFEUIL (AFP)
Alors que l’UE se montre disposée à développer la coopération politique et économique avec Téhéran, si ce dernier répond aux inquiétudes européennes en matière de terrorisme et de droits de l’homme, les réserves américaines, envers les efforts de Paris, Londres et Berlin pour amener l’Iran à renoncer définitivement à toute ambition nucléaire militaire, risquent...