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En direct de Paris - Hommage à l’un des plus grands photoreporters du monde «Capa connu et inconnu» (photo)

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la disparition de Robert Capa, la Bibliothèque nationale française lui consacre, du 6 octobre au 31 décembre 2004, une magnifique exposition, une promenade à travers quelque 300 clichés en noir et blanc. Témoignages de toutes ces guerres absurdes, des paix fragiles de ce monde et des sensibilités de ce grand pacifiste qui a couvert tous les conflits avec humanisme, générosité et imprudence. Au point d’y laisser sa vie. Il n’avait pas peur, Robert Capa, du moins il le cachait bien. Pour réussir une photo et pour mener sa passion à bout, le plus loin possible, il n’hésitait pas à se rendre sur les terrains les plus minés. Minés par des guerres où la violence ne connaissait pas de limite. Il n’hésitait pas, non plus, à se fondre avec les soldats, à se coucher tout près des victimes, sous les balles, si cela était nécessaire, pour capturer l’instant, être le plus proche de la vérité. Tout simplement. Cette proximité et cette intensité, même si techniquement les photos n’étaient pas toujours parfaites, deviendront son label. «Si votre photo n’est pas assez bonne, vous n’étiez pas assez proche», dira-t-il. 300 clichés en noir et blanc, qui sentent le soufre, la souffrance, qui camouflent mal le rouge de la mort, qui suggèrent aussi, parfois, le bleu et l’espoir, sont réunis dans le bel espace de la Bibliothèque nationale qui a prêté au photographe ses murs pour un peu plus de deux mois (Capa n’a jamais participé à une exposition de son vivant). D’aventure en aventure Ce bel hommage à l’œuvre de Robert – Bob – Capa est également l’occasion de revenir sur ses tranches de vie, voyages, amours, amitiés et révoltes. Né à Budapest le 22 octobre 1913, Capa, qui est encore Endre Friedmann, va sillonner le monde, de France en Espagne et de Chine en Russie et en Indochine, avec son appareil photo et l’impatience de faire partager au monde l’essentiel, par l’intermédiaire de la presse qui va publier ses reportages. L’Europe d’avant-guerre (1932 - 1939) en est la première escale. Il vivra d’abord à Berlin et sera assistant puis apprenti-photographe à l’agence Dephot. Ensuite, il sera envoyé à Copenhague pour photographier Trotski, la photo est là, parmi d’autres, surprenantes; les manifestations du Front populaire, sainte Thérèse de Lisieux, le Tour de France de 1939. C’est également durant cette période qu’il va passer par Paris, rencontrer les photographes Chim et Cartier-Bresson qui deviendront ses amis. Surnommés «les trois mousquetaires», ils vont fonder, en 1947, avec la complicité de George Rodger et William Vandivert, l’agence de presse Magnum, car, dira Cartier-Bresson, «Capa aimait le champagne!». En 1934, Capa va également faire la connaissance de Gerda Phorylle. Elle deviendra la femme de sa vie et son assistante. Ensemble, ils vont inventer «Robert Capa» avant que le photographe ne se l’approprie définitivement. Ensemble aussi, ils vont couvrir la guerre d’Espagne, deuxième étape de l’exposition et important volet de l’œuvre de Capa (sa fameuse photo du milicien espagnol frappé par une balle fera le tour du monde). Il rentre à Paris en 1937, Taro choisit de rester pour couvrir les combats de Brunete. Elle va y trouver la mort le 25 juin. Elle sera la première femme reporter-photographe morte au combat. Inconsolable, son compagnon part en Chine passer quelques mois et ramène des images saisissantes de la bataille de Taierzwang et un étonnant reportage sur madame Tchang Kaï-Chek. Une suite logique Le reste de sa vie sera consacré à cette mission: témoigner de l’histoire et se refaire une vie. Une idylle avec Ingrid Bergman, qui va le mener un moment à Hollywood où il sera photographe de plateau, et qui va inspirer Hitchcock pour le scénario de Rear Window, et puis encore des voyages. Outre ces sublimes clichés, également exposés à la Bibliothèque nationale, sur la Deuxième Guerre mondiale, le débarquement en Normandie, la campagne de Belgique et la chute du Troisième Reich, figurent les inattendus portraits de Picasso et Françoise Gillot, Pablo et son fils Claude en vacances, de même que celui de Henri Matisse dans son lit. La guerre d’Indochine, où il sera envoyé par Life pour photographier l’évacuation des troupes françaises, sera son ultime destination et celle des visiteurs de l’exposition. Capa, marchant auprès des soldats, voulait être encore plus proche et plus précis. Il saute sur une mine le 25 mai 1954. La France lui décerne à titre posthume la Croix de guerre avec palmes. Capa le beau, dandy sauvage et révolté, est, le dit si bien cette exposition, «devenu ce qu’il voulait être, un photographe américain». Sans doute un des plus grands. Carla HENOUD
À l’occasion du cinquantième anniversaire de la disparition de Robert Capa, la Bibliothèque nationale française lui consacre, du 6 octobre au 31 décembre 2004, une magnifique exposition, une promenade à travers quelque 300 clichés en noir et blanc. Témoignages de toutes ces guerres absurdes, des paix fragiles de ce monde et des sensibilités de ce grand pacifiste qui a...