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L’Université antonine rend hommage à l’esprit du père libanais de la Déclaration des droits de l’homme Feltman : La 1559 s’inscrit au cœur de la pensée de Charles Malek

L’Université antonine a célébré hier la culture des droits de l’homme sur son campus de Baabda, en rendant hommage aux « pères fondateurs » de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), plus particulièrement au père libanais du texte, le philosophe Charles Malek. L’occasion de convier plusieurs associations actives dans le domaine des droits de l’homme à exposer leurs programmes, mais aussi des diplomates et des académiciens à évoquer la pensée et l’héritage de Charles Malek. L’occasion également pour l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, de transmettre un message fort concernant la détermination de Washington à faire appliquer la résolution 1559 et à voir les prochaines élections législatives « refléter la volonté réelle du peuple libanais ». M. Feltman a ensuite été relayé par le chef de la délégation de la Commission européenne au Liban, Patrick Renauld, qui a fait allusion « aux conséquences » sur les rapports avec la communauté européenne que pourrait avoir la violation des droits de l’homme par les partenaires de l’UE au sud de la Méditerranée. L’occasion enfin pour l’association Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil), les mères des détenus libanais en Syrie, l’ex-député Gabriel Murr et les étudiants de l’université, d’évoquer successivement, devant les intervenants et l’assistance, les violations flagrantes par le pouvoir des droits de l’homme durant les dernières années, notamment le dossier des prisonniers libanais en Syrie, la fermeture de la MTV et l’incarcération de Samir Geagea. La journée dédiée à l’esprit de Charles Malek a commencé par une exposition de photos sur le campus de l’université. Chacune des associations participant à l’événement a monté son stand, pour faire un exposé de ses activités. Ensuite, à partir de 12h, les représentants de dix associations ont pris tour à tour la parole à l’amphithéâtre de l’université, pour évoquer le parcours de leurs ONG respectives. Puis, à 15 h, un panel a réuni le recteur de l’Université antonine, le RP Louis Rohban, le rédacteur en chef du quotidien an-Nahar, Ghassan Tuéni, l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, le chef de la délégation de la Commission européenne au Liban, Patrick Renauld, le porte-parole de la Fondation des droits de l’homme et du droit humanitaire, le professeur Waël Kheir, et Mme Juliet Wurr, premier secrétaire adjoint à l’ambassade des États-Unis, en tant que modérateur du débat. Trois diplomates et trois personnalités académiques : quoi de mieux pour évoquer la pensée de Charles Malek, archétype de la personnalité polyvalente, puisqu’il fut philosophe, théologien, homme politique diplomate, savant et mathématicien. « S’il avait également été musicien, poète, peintre et sculpteur, Charles Malek aurait facilement répondu aux critères de l’homme universel de la Renaissance », a indiqué dans ce cadre Waël Kheir, dans un long et remarquable exposé. C’est Charles Malek le croyant que le père Louis Rohban a privilégié dans son approche, rappelant l’influence de saint Paul, de saint Augustin, de Suarez, de saint Thomas d’Aquin et de Jacques Maritain sur le philosophe et, partant, sur la conception même des droits de l’homme. L’intervention de Feltman Toujours dans un style académico-philosophique et avec l’élégance, la causticité et le panache naturels qui le caractérisent, Ghassan Tuéni n’a pas hésité à qualifier Charles Malek, qui fut autrefois son professeur, de « prophète ». Donnant lecture de la DUDH, il a ajouté que l’article 3 stipule que « chaque homme a droit à la vie, la liberté et l’intégrité de sa personne ». « Notamment Marwan Hamadé », ajoute Tuéni. Tout comme il évoquera, en lisant l’article 9 sur la détention arbitraire, la question des détenus libanais en Syrie, puis le scandale des écoutes téléphoniques en citant l’article 11 sur les ingérences arbitraires dans les communications ou la vie privée. Et d’ajouter, concernant toujours la disposition de l’article 11 contre les campagnes de diffamation : « Cela ne s’applique guère aux ministres aujourd’hui ». Puis, le journaliste évoque la codification dans la DUDH de normes et de principes généraux universels hérités, à travers l’histoire, de plusieurs civilisations, avant de se lancer dans une comparaison entre l’idéal des droits de l’homme et la réalité de la situation sur le terrain. Et de conclure sur une phrase de Malek : « Je peux m’élever contre mon gouvernement s’il ne remplit pas ses engagements. » Évaluant de son côté l’impact de la DUDH dans le monde entier, Jeffrey Feltman passe rapidement à des choses concrètes. Ainsi met-il l’accent sur le fait que les droits de l’homme constituent une priorité dans la politique nationale américaine. Cela s’incarne dans l’idée selon laquelle la démocratie appartient à tout le monde, et dans les politiques visant à diffuser la démocratie dans le monde. Les droits de l’homme, c’est surtout le droit des peuples à l’autodétermination, rappelle-t-il, évoquant les expériences irakienne et afghane. « Quant au Liban, il a les possibilités de devenir un exemple de démocratie et de respect des droits de l’homme dans la région. Le Liban a une histoire riche en matière de participation active du peuple à la politique. Sa société civile est importante et son Parlement actif. Les médias libanais rendent largement compte d’opinions différentes dans leurs pages, répercutant une image complète du débat politique », a indiqué M. Feltman. « Cette tradition riche doit permettre au Liban de bénéficier d’élections législatives libres, justes et crédibles au printemps 2005. De telles élections permettront à l’opinion publique de constater l’attachement du Liban à la DUDH. Les États-Unis, qui œuvrent avec leurs partenaires au Conseil de sécurité qui sont déterminés à aider le Liban à appliquer la 1559, se féliciteront des résultats des élections législatives répercutant la volonté réelle du peuple libanais », a-t-il indiqué sous les applaudissements, ajoutant que la 1559, « qui réclame le retrait de toutes les forces étrangères », correspond à l’article 21 de la DUDH relatif au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et que « les Libanais ont le droit de déterminer eux-mêmes leur avenir ». Et de conclure en affimant que la 1559 se situe dans la lignée de l’héritage de Charles Malek. Solide et la MTV Quant à Patrick Renauld, il a rappelé que « le respect des droits de l’homme a le rang d’élément essentiel dans tous les accords et en particulier dans les accords d’association conclus avec les partenaires méditerranéens », notamment le Liban. Il a proposé « le lancement d’un dialogue politique sur les droits de l’homme, dès la ratification de l’Accord d’association, un dialogue basé sur un état des lieux que nous partageons, à partir duquel nous pourrons bâtir un plan d’action avec des objectifs et des résultats à atteindre ». « L’UE ne se veut ni paternaliste, ni policière. Nous sommes des partenaires, des voisins, qui se respectent et qui respectent les droits de l’homme », a-t-il conclu. Un débat a ensuite suivi la séance, avec des interventions sur des sujets chauds, notamment les détenus libanais en Syrie, dossier sur lequel quasiment toutes les questions ont porté. À Ghazi Aad, porte-parole de Solide, et à deux mères de détenus, qui lui ont demandé pourquoi les atteintes syriennes aux droits de l’homme, notamment dans le cas des prisonniers libanais en Syrie, ne font pas l’objet d’un ciblage de la part de Washington, M. Feltman a répondu : « Nous suivons attentivement la question dont vous parlez. Nous voulons la mise en place de relations normales et un dialogue sur les questions qui intéressent directement les deux pays (le Liban et la Syrie), dont les disparus. » Gabriel Murr a ensuite pris la parole pour évoquer la fermeture arbitraire, sans droit à la défense, de la MTV. Quant à Patrick Renauld, interrogé sur le cas de Samir Geagea, il a répondu : « C’est une affaire qui est une partie des problèmes évoqués. Nous voulons que les droits de l’homme soient appliqués. Mais cela doit se produire à travers le dialogue. La frontière entre l’ingérence et le partenariat est fragile. Nous voulons appuyer nos partenaires dans leurs réformes, et la démocratie est le meilleur moyen de développer la société, mais nous ne pouvons l’imposer par la force. Je sais quelles sont les souffrances des mères des détenus », a-t-il dit. Avant de conclure, au sujet du partenariat entre l’UE et les pays du Proche-Orient : « Ils devront ou bien accepter ces principes communs, notamment le respect des droits de l’homme, ou bien assumer les conséquences. » Le Liban sous forte pression en 2005 pour appliquer la 1559 Des sources diplomatiques prévoient de fortes pressions sur le Liban au cours de l’année 2005, a indiqué hier notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane. Ces pressions concerneraient essentiellement l’application de la résolution 1559, la nomination de Terjé Roed-Larsen comme responsable de ce dossier intervenant justement dans cette perspective. Par ailleurs, ces mêmes sources ont également critiqué la position du Premier ministre, Omar Karamé, qui a fait de la 1559 un enjeu de politique intérieure, alors qu’elle fait partie intégrante de la légalité internationale. La désignation de M. Roed-Larsen serait ainsi intervenue pour montrer à M. Karamé que le processus d’application de la résolution est définitivement et irrémédiablement enclenché. En outre, les pressions prévues devraient également intervenir en vue de réaliser l’implantation des Palestiniens, malgré l’opposition d’un certain nombre de pays européens à ce projet. Une délégation du département d’État américain à Marjeyoun Une délégation américaine formée du directeur du bureau libanais du département d’État américain, Alistair Baskey, actuellement en visite au Liban, et de membres de l’ambassade des États-Unis à Beyrouth, s’est rendue dans la zone anciennement occupée. C’est la deuxième délégation américaine, en l’espace de quatre jours, qui visite le Liban-Sud. La première était formée de congressmen. M. Baskey s’est arrêté à Marjeyoun et à Klaya, où il a inspecté un projet agricole mis en place par World Vision et financé par l’USAid. À Marjeyoun, le responsable américain a rencontré Adib Farha, membre du Conseil national de l’audiovisuel, et Fouad Hamra, président du conseil municipal. M. Baskey, qui quittera Beyrouth demain, vendredi, devrait rencontrer, à l’ambassade de Aoukar, plusieurs personnalités libanaises. Michel HAJJI GEORGIOU

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