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Actualités - OPINION

Tendance accentuée en faveur de la circonscription réduite

Bien entendu, pour le moment, la caste politique reste focalisée sur le manifeste du Bristol. Donc sur l’unification de l’opposition, à travers ce programme commun. Présenté par certains angélistes, qui se bercent probablement d’illusions, comme constituant une ouverture de dialogue avec le système, féaux libanais et décideurs syriens inclus. Pour ces optimistes, qui ne prêtent qu’une oreille distraite aux vitupérations anti-joumblattistes des hérauts de Damas, les explications du leader progressiste sur la présence militaire syrienne, sa défense de la résistance, son refus de l’envoi de l’armée au Sud, doivent suffire pour amadouer les tuteurs. Oubliant que le manifeste lui-même précise que les positions sur ces points ne sont pas unifiées (tant s’en faut), ces rêveurs vont jusqu’à généraliser le crédit dont Joumblatt bénéficierait derechef auprès de la direction syrienne. En affirmant qu’il couvre l’ensemble de l’opposition qui devrait cesser d’être accusée, plus ou moins directement, de félonie antifraternelle, sinon de haute trahison. Mais cette optique, un peu surréaliste, cet optimisme béat ne fait pas vraiment florès au sein de l’opposition. La plupart des contestataires restent en effet dubitatifs, prudents, sceptiques, quant aux intentions du camp d’en face. Ils soulignent que les dés étant maintenant jetés, il faut tout simplement aller de l’avant sur la même voie de résistance au fait accompli, au coup d’État permanent découlant de la prorogation. Ou bien plus exactement, de la mainmise politique des tuteurs maintenant légalement révoqués par le Conseil de sécurité de l’Onu. Ces sources indiquent qu’il s’agit maintenant pour les pôles de l’opposition d’approfondir leurs concertations. Pour réduire le plus possible leurs champs de divergence, tirer au clair les zones d’ombre. Et s’entendre, par exemple, sur une même ligne concernant la présence militaire syrienne ou l’envoi de l’armée au Sud. Certains suggèrent que cet effort de cimentation s’accompagne de meetings populaires censés stimuler, par l’exaltation et la fièvre, le sens de l’unité interne opposante. Tout en préparant le test crucial des élections du prochain printemps. En continuant, même si c’est visiblement sans espoir, à exiger un cabinet des élections neutre, qui serait dirigé par Sélim Hoss et ne comporterait pas de candidats. Et en bataillant pour une loi électorale aussi juste qu’accélérée. Car le temps commence à manquer, si l’on veut savoir sur quel pied danser et comment mener campagne. Les opposants disent à ce propos ne pas comprendre pourquoi le chef du gouvernement n’envisage la loi électorale que pour février. Ils soulignent que le dossier est saturé d’études et de débats détaillés. Qu’il a fait l’objet de dizaines de projets soumis par les partis ou pôles au pouvoir, à la demande, comme on sait, du précédent ministre de l’Intérieur, Élias Murr. Toutes les dispositions possibles et imaginables sont disponibles, dans le moindre détail. Il n’y a plus, en pratique, qu’à en faire le tri et le choix. Ce qui, normalement, ne devrait pas prendre plus d’une semaine. Le gros du travail, ajoutent ces sources, porte sur le découpage des circonscriptions. Or, il n’y a pas trente-six choix à ce propos. Ou l’on garde les mohafazats, sans bizarres exceptions comme par le passé. Ou on fait fifty-fifty, soit un demi-mohafazat ou deux cazas. Ou on revient au caza, comme jadis avant guerre. Comme l’actuel ministre de l’Intérieur a déjà précisé que les préoccupations de Bkerké et du camp chrétien seraient prises en compte, la tendance semble donc être à la circonscription réduite. Soit le caza, qui assure une bonne représentation de proximité. Soit la formule dite moyenne, demi-mohafazat ou deux cazas liés. Il semble exclu, malgré les récriminations d’un Berry, que l’on veuille garder la grande circonscription. Parce que le Liban étant sous surveillance internationale, la reprise du système de parachutages, de bulldozers, serait vite condamnée à l’extérieur comme une triche à peine camouflée. Ainsi, des ministres pensent que finalement on va se retrouver avec un panel global de 17 ou 18 circonscriptions pour l’ensemble du pays. À moins qu’on n’aille plus loin, qu’on ne fasse mieux, en revenant au caza, comme en 1972 et avant. Il faut dire que Berry lui-même indique dans ses assises privées que s’il ne parvient pas à réimposer le mohafazat, ou même les deux mohafazats ensemble comme chez lui au Sud, il préfère encore le caza à la formule moyenne. Sur le plan des dates, la consultation devrait se dérouler, selon les opposants, sur trois étapes étalées entre le 3 et le 17 avril prochains. Donc un peu avant qu’Annan ne remette son rapport sur la 1559, via Terjé Roed-Larsen, nouveau commissaire des Nations unies au Liban. Mais pour l’heure, tout dépend encore des décideurs. C’est ce que reconnaissent des loyalistes. Qui pensent que si Karamé a parlé de février, c’est parce que les décideurs ne se sont pas encore décidés, justement. Car ils attendent, pour savoir s’ils vont ou non défier encore les puissances, USA en tête, de voir ce qu’on va faire avec la « feuille de route » ou avec l’Irak. Or les élections, palestiniennes ou irakiennes, n’ont lieu qu’en janvier. Reste à savoir si les décideurs voudront ou non, également, procéder à une lecture positive de la rencontre historique du Bristol. Qui montre une vague de fond libanaise rassemblant des parties qui jadis s’étaient fait la guerre. Et qui plaident pour de vraies relations privilégiées avec la Syrie, dans le respect d’une indépendance profitable finalement aux deux pays. Ce que Hoss lui-même souligne, en estimant que 90 % des Libanais sont avec les 90 % du manifeste opposant. Philippe ABI-AKL
Bien entendu, pour le moment, la caste politique reste focalisée sur le manifeste du Bristol. Donc sur l’unification de l’opposition, à travers ce programme commun. Présenté par certains angélistes, qui se bercent probablement d’illusions, comme constituant une ouverture de dialogue avec le système, féaux libanais et décideurs syriens inclus. Pour ces optimistes, qui ne...