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MÉDIAS - Malgré le refus de l’opérateur, la chaîne peut toujours être captée en Europe Al-Manar cesse volontairement sa diffusion sur le satellite d’Eutelsat en France

L’opérateur satellitaire Eutelsat a annoncé que la diffusion de la chaîne du Hezbollah al-Manar avait cessé hier en France à 15h00, heure de Paris (14h00 GMT). Eutelsat a également indiqué dans un communiqué avoir été officiellement informé par Arabsat de la décision prise par al-Manar de cesser volontairement sa diffusion. Al-Manar était principalement diffusée en Europe par le satellite Hot Bird 4 de la société française Eutelsat, au sein d’un bouquet de neuf chaînes arabes proposées depuis un multiplex situé à Tunis par la société de télévision par satellite Arabsat, dont le siège est à Ryad. La décision d’al-Manar d’interrompre « volontairement » ses émissions permettra aux autres chaînes du bouquet (Sharjah TV, Qatar TV, Saudi Arabian TV, Kuwait Space Channel, Jamahiriya Satellite Channel, Sudan TV, Oman TV, Egyptian Satellite Channel et une quinzaine de stations de radio) de continuer à être diffusées normalement en Europe. « Nous avons adressé un message à Arabsat l’informant de notre décision de cesser volontairement la diffusion via le satellite Hotbird 4 d’Eutelsat afin que les choses ne se compliquent pas davantage », a indiqué, de son côté, le directeur de l’information de la chaîne du Hezbollah libanais, Hassan Fadlallah. La décision a été prise « notamment après qu’Eutelsat eut annoncé qu’elle se trouverait contrainte de cesser la diffusion de tout le bouquet » de chaînes arabes dont fait partie al-Manar. « Nous ne souhaitions pas impliquer dans ce problème les chaînes arabes qui participent avec nous à ce bouquet, ce qui aurait conduit à une nouvelle affaire », a-t-il ajouté. « Cette mesure, a-t-il souligné, s’inscrit dans le cadre de la décision d’al-Manar de poursuivre cette affaire par le biais des canaux juridiques. » La décision de la chaîne d’interrompre sa diffusion en France par le satellite Hot Bird 4 d’Eutelsat n’empêche pas totalement al-Manar de parvenir sur les écrans français et européens. Elle dispense uniquement Eutelsat de procéder à une opération complexe : « Dégrader » un signal diffusé depuis une chambre d’amplification située dans son satellite Hot Bird 4. Le signal d’al-Manar était mêlé dans cette chambre d’amplification à celui de huit autres chaînes arabes. Tout en étant une société de droit français, Eutelsat constituait le principal moyen de diffusion d’al-Manar dans les pays de la Communauté européenne. Mais selon le PDG d’Eutelsat, Giuliano Berretta, al-Manar est diffusée par sept satellites dans le monde, dont quatre pour l’Europe. Outre Eutelsat, la chaîne peut être captée grâce aux satellites de l’opérateur égyptien Nilesat, de l’opérateur néerlandais Newskies (par l’intermédiaire de son client Globecast) et de la société Arabsat elle-même. Ces trois derniers opérateurs, n’étant pas gérés par des sociétés de droit français, sont donc hors de portée des lois et des règlements français. Cliente d’Eutelsat, la société Arabsat dispose d’un satellite qui couvre les pays du pourtour méditerranéen, notamment ceux du sud de l’Europe. Selon la société Arabsat, le sud de la France est couvert directement par ce satellite. Pour le téléspectateur européen qui souhaite capter al-Manar à tout prix, il lui suffit donc de se doter d’une antenne satellitaire et de l’orienter dans la bonne direction. La chaîne diffuse d’ailleurs sur son site Internet les coordonnées d’orientation pour Arabsat ou Nilesat. Il est facile de trouver en vente sur Internet des paraboles, dont certaines sont présentées comme « idéale pour la réception d’Arabsat et autres satellites à faible signal ». Dans le pire des cas, pour ceux qui veulent à tout prix suivre les programmes de la chaîne, on peut les regarder directement, en format « Real Players », sur un ordinateur, en consultant un site dont al-Manar donne les références sur son site. Série de réactions Malgré l’arrêt de sa diffusion en France, la direction d’al-Manar a relevé que l’ordonnance du Conseil d’État français stipulait qu’une révision de la décision était possible à la demande d’Eutelsat, qui diffuse al-Manar, ou du CSA. La justice française pourrait ainsi avoir laissé à al-Manar la possibilité de s’amender, espèrent les responsables de la télévision. Une audience contradictoire doit avoir lieu devant le CSA vendredi à Paris. La direction d’al-Manar y sera présente, a indiqué hier Ibrahim Farhat, chargé des relations publiques de la chaîne, qui estime que « le conventionnement signé avec le CSA est toujours valable ». Mais le conseil pourrait aussi décider de retirer son conventionnement lors de l’audience de vendredi. M. Farhat a réaffirmé, dans un entretien avec l’AFP, que la chaîne « est en train de mettre au point un code déontologique pour assurer le respect du conventionnement conclu avec le CSA et éviter certains manquements », tout en refusant de renoncer au « militantisme » qui lui est reproché par le Conseil d’État. « Al-Manar n’est pas prête à se départir de ses convictions. Elle est et restera une chaîne engagée qui défend les thèses arabes dans le conflit avec Israël », a-t-il ajouté. « Nous ne sommes pas la seule chaîne militante. La Télévision française juive (TFJ, également diffusée sur Eutelsat) prend constamment fait et cause pour Israël et cela ne lui a pas valu une interdiction », a-t-il accusé. « Nous voulons nous adapter et effectuer des modifications, mais cela ne peut se faire que par le dialogue, notamment avec le CSA français. Mais si l’on nous traite de chaîne obscurantiste n’ayant pas sa place dans le monde civilisé, cela ne fera qu’accentuer les extrémismes », avait auparavant affirmé le directeur de la chaîne, Mohammed Haïdar. L’ordonnance du Conseil d’État a provoqué maintes réactions en Europe. « Il n’y a pas de complaisance à avoir avec les propos qui appellent à la haine », a déclaré hier le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier. « La loi française est très claire », a-t-il ajouté, soulignant : « C’est une décision indépendante, que nous devons respecter », a déclaré le ministre. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a estimé que « la fermeture pure et simple d’un média n’est jamais la bonne méthode ». « Certes, al-Manar a diffusé des propos antisémites inacceptables, mais la précipitation du CSA et des autorités françaises dans cette affaire n’a pas permis de donner le temps de la réflexion nécessaire avant de prendre une telle décision », souligne RSF. Selon l’organisation, la procédure « expéditive » d’une interdiction d’antenne est « inquiétante ». RSF se demande si les autorités françaises vont « tenter d’épurer l’espace audiovisuel français ». Enfin, RSF souligne que « les déclarations à l’emporte-pièce de plusieurs responsables français ont offert à al-Manar une publicité que les programmes de la chaîne ne méritaient sûrement pas ». À Bruxelles, la commissaire européenne aux Médias, Viviane Reding, a salué par contre la décision de la justice française qui donne, selon elle, un bon exemple « du partage de responsabilité » dans l’UE. « La décision du Conseil d’État montre que le partage de responsabilité au sein du système audiovisuel européen fonctionne très bien », a estimé la commissaire dans une déclaration écrite. Les règles européennes, à travers la directive « Télévision sans frontières », « interdisent clairement des émissions incitant à la haine pour des raisons de race, de sexe, de religion ou de nationalité », a-t-elle rappelé, estimant que « l’Europe ne peut pas tolérer de tels contenus audiovisuels ».

L’opérateur satellitaire Eutelsat a annoncé que la diffusion de la chaîne du Hezbollah al-Manar avait cessé hier en France à 15h00, heure de Paris (14h00 GMT). Eutelsat a également indiqué dans un communiqué avoir été officiellement informé par Arabsat de la décision prise par al-Manar de cesser volontairement sa diffusion.
Al-Manar était principalement diffusée en...