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Actualités - CHRONOLOGIE

Rencontre-Express - Le directeur du Festival international des francophones au Limousin (Limoges) de passage à Beyrouth Patrick Lemauff: «Le théâtre, c’est l’art de la compassion…» (photo)

Imperméable et chapeau à la Dick Tracey, yeux vert de gris derrière des lunettes retenues par un cordon au cou, grande taille, silhouette élancée, cheveux châtain clair lisses, joues roses comme piquées par la fraîcheur d’un vent glacial, voilà Patrick Lemauff, comédien amoureux de la flaque de lumière mais, pour le moment, c’est-à-dire depuis quatre ans, directeur du Festival international des francophones au Limousin (Limoges), en passage éclair à Beyrouth. Humour mordant, sens lapidaire et parfois poétique de la formule. Rencontre-express, entre tasse de café et verre de vin, au Zicco House, pour nous entretenir de théâtre. Des connexions avec le théâtre en Orient? «Non, dit-il, juste avec Istanbul… Pas vraiment versé encore dans le théâtre libanais. Je suis ici en quelque sorte en éclaireur. Un pays décide ou non de mettre le théâtre dans sa vie. Si un pays prend le théâtre comme une danseuse, ce sera sympa le samedi soir mais ce n’est pas profitable… Une danseuse, à part quelques caresses, nous éclaire rarement sur notre vie. Pour le Liban, j’ai discuté poésie à Tunis avec Paul Chaoul (étonné que je lui confie qu’il est aussi dramaturge!) et je viens d’assister à L’émigré de Brisbane de Georges Schéhadé mis en scène par Nabil el-Azan en arabe. Et je connais bien sûr les stars de votre littérature, tel Amin Maalouf. Par ailleurs, pour notre festival, on a importé des spectacles en arabe, notamment Djounoun de Fadel Djarbi. Je considère qu’importer des œuvres pour la francophonie en français n’ajoute rien… à la francophonie! Les surtitres font parfaitement tout comprendre au spectateur. Je suis toujours frappé par un certain phénomène finalement assez révélateur de l’esprit des gens. Par exemple quand un Anglais, un Allemand ou Américain parle bien le français, on dit qu’il parle bien une langue étrangère. Mais quand un Arabe ou un Maghrébin parle le français, on dit que c’est un immigré! Et si peut-être on ne le dit pas, on le pense! Je voulais qu’on parle arabe sur scène et non seulement dans l’épicerie et la rue. Il est temps et important de donner la noblesse à cette langue… À Noël, on met toujours une assiette supplémentaire, c’est une porte ouverte. Il en est ainsi de la francophonie, il y a toujours une place libre...» Et quels sont les critères de sélection pour une œuvre? «Quand on fait la cuisine, on essaye de partager les ingrédients… On a envie de faire découvrir aux gens ce que l’on aime. La beauté nous pousse au partage. Par conséquent, là c’est une volonté de partage.» Quelle serait votre définition du théâtre? «Des gens qui parlent à d’autres gens et qui arrivent à se faire entendre… On se parle en prenant un objet prétexte. Le théâtre pour moi, c’est l’art de la compassion.» On évoque en vitesse les années passées sous les feux de la rampe. Patrick Lemauff a joué du Shakespeare, Tchekhov, Eschyle, Gorki et le Faust de Goethe. De la nostalgie pour votre formation et carrière de comédien (diplômé de l’École de Strasbourg, la même où Roger Assaf a fait ses études!) maintenant que vous êtes dans les labyrinthes et les écheveaux administratifs de l’arrière-scène? «J’ai énormément pris du plaisir à diriger ce festival. Nos vies ressemblent aux mues des serpents… Mais je vais m’y remettre… dans ma peau de comédien! D’ailleurs je vais jouer avec un auteur d’origine libanaise. Ce sera Forêt de Wajdi Mouawad, durant six semaines à Paris, au théâtre Malakoff. Ensuite on donnera cette même œuvre durant trois mois au Canada.» Et le Liban, sempiternelles questions à tous les visiteurs qui viennent au pays du Cèdre, comment l’avez-vous trouvé? Sourire qui illumine le visage de Lemauff et la formule fuse: «Je n’ai été que dans quelques villes et très rapidement. Je me suis promené à la corniche hier et j’ai eu l’impression exquise d’être chez moi…» Edgar DAVIDIAN
Imperméable et chapeau à la Dick Tracey, yeux vert de gris derrière des lunettes retenues par un cordon au cou, grande taille, silhouette élancée, cheveux châtain clair lisses, joues roses comme piquées par la fraîcheur d’un vent glacial, voilà Patrick Lemauff, comédien amoureux de la flaque de lumière mais, pour le moment, c’est-à-dire depuis quatre ans, directeur du...