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Actualités - CHRONOLOGIE

MUSIQUE Lamoureux: la mort peut-être, à 123 ans, pour un orchestre de légende

Les plus grands chefs y ont dirigé les plus grands solistes pour des créations mondiales – comme «La Mer» de Debussy –, pourtant, à 123 ans, le légendaire orchestre français Lamoureux risque bien de mourir, faute de subventions suffisantes. Si rien n’est fait rapidement, la fin est proche. Elle devrait suivre le dernier concert programmé, le 30 janvier à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées. Les dernières notes seraient alors celles de la 9e Symphonie de Beethoven, sous la conduite du chef japonais Yutaka Sado, 43 ans, «chef principal invité» de l’orchestre Lamoureux depuis dix ans. Mort ou survie ? Jean-Luc Caradec, délégué général de l’orchestre, a lancé un énième appel au secours. «La réponse est entre les mains de la mairie de Paris et du ministère de la Culture. Il faut qu’ils nous disent si, oui ou non, ils nous accordent une subvention suffisante pour continuer de vivre, et que ne disparaisse pas un orchestre devenu en 123 ans un patrimoine mondial de la musique.» Jusqu’à présent, ni la ville de Paris ni le ministère n’ont fait signe. L’orchestre, qui s’autofinance à 53 pour cent (soit quatre à cinq fois plus que les grands orchestres nationaux), n’est doté que de 270000 euros de subventions annuelles alors qu’il estime qu’il lui en faudrait 900000. Depuis cinq ans, une dotation de mécénat bancaire lui tenait la tête hors de l’eau, mais elle prend fin elle aussi. La somme n’a rien d’excessif pour M. Caradec, qui souligne que la subvention annuelle accordée à un grand orchestre national permanent assurerait aux «Lamoureux» cinquante ans d’activités. Fondé en 1881 sur le modèle associatif Fondé en 1881 sur le modèle associatif par Charles Lamoureux, qui fit découvrir Wagner à la France, l’orchestre compte 101 musiciens, jeunes pour la plupart (32 ans en moyenne), quatre salariés administratifs permanents, et réussit, malgré la faiblesse de l’aide publique, à proposer des concerts à 5 euros pour les moins de 25 ans. Des concerts qui, depuis 123 ans, se comptent par milliers avec une discographie à l’avenant. Lamoureux a été à l’origine de la création, souvent en première mondiale, de dizaines de chefs-d’œuvre. Qu’il s’agisse de Ravel (La Valse, Le Boléro, le Concerto en sol, Ma mère l’Oye), de Claude Debussy (La Mer, Les Nocturnes), Chabrier (España), Pierre Boulez (Doubles) ou Jacques Ibert (Escales). Les plus grands ont un jour ou l’autre joué ou chanté avec les «Lamoureux» comme chefs invités, virtuoses ou divas. Le résultat est un Who’s Who de la clé de sol qui court sur plus d’un siècle. On y rencontre Richard Strauss, Pablo Casals, Marguerite Long, Clara Haskil, Otto Klemperer, Seiji Ozawa, Arthur Rubinstein, Igor Markevitch, Ruggero Raimondi, Julia Migenes, Rostropovitch, Lorin Maazel, Lily Laskine, Placido Domingo, Paul Badura-Skoda, Nikolai Luganski... Nommé directeur musical du nouvel orchestre et de l’Opéra de Kobé, au Japon, Yutaka Sado, depuis cinq ans, a entrepris chez Lamoureux d’ouvrir plus encore la palette en suscitant des rencontres avec des musiciens étrangers comme, par exemple, Didier Lockwood, Richard Galliano ou le chanteur brésilien Caetano Veloso. «Avec Lamoureux, je peux me permettre d’oser, de faire preuve d’audace», avait souligné le jeune chef japonais avant d’attaquer l’actuelle saison musicale. Après une véritable déclaration d’amour («Je suis amoureux des Lamoureux, je leur dois une partie de ce que je suis»), il avait appelé les pouvoirs publics à ne pas laisser mourir l’orchestre. «Il est tellement absurde, avait-il dit, que les appels d’un orchestre de cette valeur soient ignorés. Je ne peux croire que l’on puisse nous abandonner en si bon chemin».
Les plus grands chefs y ont dirigé les plus grands solistes pour des créations mondiales – comme «La Mer» de Debussy –, pourtant, à 123 ans, le légendaire orchestre français Lamoureux risque bien de mourir, faute de subventions suffisantes. Si rien n’est fait rapidement, la fin est proche. Elle devrait suivre le dernier concert programmé, le 30 janvier à Paris, au...