Armée et FSI ont démantelé hier le dispositif de sécurité autour du domicile du chef du PSP à Clémenceau Joumblatt à « L’Orient-Le Jour » : Il faut s’attendre désormais à tout, même au pire... (Photo)

«J’ai bien reçu le message. Il faut s’attendre désormais à tout, et même au pire. Nous vivons une anarchie sécuritaire. » Ces mots sont ceux de Walid Joumblatt, interrogé hier par L’Orient-Le Jour, quelques heures après qu’un groupe formé de soldats de l’armée et de membres des FSI eurent démantelé l’ensemble du dispositif sécuritaire protégeant son domicile beyrouthin, rue Clemenceau. Le chef du PSP croit au mektoub, il n’est pas inquiet, mais il sent. Il sait. Et il prévient : « S’il m’arrive quelque chose, ce serait très mauvais pour tous ceux qui gèrent la sécurité au Liban. D’ailleurs, il n’est pas bon pour eux que l’on soit arrivé à une telle anarchie sécuritaire... » Il souligne qu’il a fait installer ce dispositif « après la tentative d’assassinat contre Marwan Hamadé, surtout que l’État déploie visiblement beaucoup d’énergie pour empêcher que la lumière se fasse autour de ce crime. Mais je n’aurais jamais fait cela si j’avais eu confiance dans les systèmes de sécurité libano-syriens », assure-t-il. Ce dispositif, rappelons-le, avait été mis en place après l’accord du CDR, qui avait à l’époque demandé les conseils techniques de Dar el-Handassa dirigé par Nazih Taleb. Il avait coûté 11 500 dollars. Sauf que l’ancien patron du CDR, Jamal Itani, avait adressé le 7 décembre un courrier au bureau de Nazih Taleb lui demandant de supprimer le dispositif en question, « parce que nous avons été informés que certains éléments destinés à la protection des trottoirs ont été installés sans que ne soient respectées les caractéristiques techniques prédéfinies ». Pourquoi ? Pourquoi les autorités ont-elles décidé que la sécurité d’un des 128 députés de la nation, Walid Joumblatt, n’avait plus lieu d’être assurée ? D’autant plus que c’est le chef du PSP qui a été indirectement visé il y a deux mois par l’attentat à la voiture piégée contre son camarade de parti et colistier Marwan Hamadé. C’est également lui qui est au cœur d’une campagne d’attaques frontales menées par quelques membres du gouvernement ; sans oublier les vexations en tout genre dont lui et plusieurs de ses sympathisants (à commencer par le président de la municipalité de Choueifate) continuent de faire les frais depuis que le seigneur de Moukhtara a été l’un des fers de lance de la bataille anti-prorogation. « Je ne sais pas qui a pris cette décision », avoue-t-il. Les autorités prétendent que ce sont les plaintes des voisins qui ont motivé le démantèlement du dispositif de sécurité. « C’est de plus en plus ridicule. Je comprends le mécontentement de certains riverains de la rue May Ziadé, notamment des commerants. Je comptais moi-même supprimer les éléments protégeant les trottoirs de cette rue. Mais pour le reste, pour la descente de l’hôpital Trad, ainsi que la rue Khalil Gibrane, et même la rue du Mexique, il n’y avait aucun problème », explique Walid Joumblatt. Les riverains étaient d’ailleurs, selon des habitants du quartier, assez rassurés par ces mesures. Le député de Aley, Fouad el-Saad, a posé hier la bonne question : « Pourquoi les autorités s’emploient-elles à multiplier les mesures de sécurité autour des domiciles de Nabih Berry, de Omar Karamé, de Hussein Husseini, de Michel Murr ou de centaines de personnes dans ce pays, pour les supprimer autour de celui de Walid Joumblatt ? » Seul problème : lorsque le pouvoir en place se souviendra que les politiques vengeresses, totalement antidémocratiques et antirépublicaines, sont les plus redoutables des boomerangs, il sera bien trop tard. Z.M.