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Conférence sur le rôle des banques conformes à la « charia » Débat entre experts sur les défis de la finance islamique

Le nombre de banques islamiques opérant dans le monde arabe et musulman augmente d’année en année. Leurs clients aussi. « On recense à l’heure actuelle quelque 270 institutions financières et banques islamiques qui représentent environ 250 milliards de dollars », a déclaré le secrétaire général de l’Union des banques arabes, Fouad Chaker, à l’occasion d’un colloque spécialisé organisé hier à Beyrouth sur les défis auxquels font face les banques régies par la « charia» islamique. Il a précisé que ce type de banques enregistre une croissance moyenne de 15 à 20% en rythme annuel, soit trois fois plus que les banques commerciales traditionnelles. Avec un tel potentiel, l’avenir de ces banques semble prometteur. Au cours de son intervention, Maan Barazi, le directeur exécutif de la boîte « Data & Investment Consult-Liban », a évoqué une étude élaborée par deux chercheurs au FMI en 2001, selon laquelle les banques islamiques accapareront 40 à 50% des épargnes des musulmans en 2009-2010. Des chiffres qui peuvent étonner étant donné la « jeunesse » du secteur bancaire islamique : la majorité des banques et des institutions islamiques est apparue au début des années 80, à quelques exceptions près. Toutefois, bien qu’il soit en pleine expansion, c’est un secteur qui se cherche toujours. « Les banques islamiques sont-elles à vocation commerciale, sociale ou les deux ? » demande Sudin Haron, conseiller à l’Institut de finances et de banques islamiques en Malaisie. « Ce n’est pas parce que ce type de banques bannit les intérêts et le “ reba ” (l’usure) qu’il faut les considérer comme des associations sociales ou caritatives », explique-t-il. Pour M. Chaker, une banque islamique est avant tout une banque d’investissement qui doit « employer l’argent à bon escient », c’est-à-dire en vue du développement de la société. « Les profits ne sont guère en contradiction avec la loi islamique », ajoute-t-il. Or pour faire des profits et lever des fonds, il faut absolument être compétitif, surtout au sein d’une économie mondialisée. Les banques islamiques sont-elles compétitives ? Certains experts considèrent qu’elles ont réussi à créer une « niche », précisément en raison de l’absence d’intérêt, et que leurs instruments financiers commencent à intéresser les agents internationaux. Cette niche comporte toutefois des dangers. Si les banques islamiques peuvent se considérer à l’abri des variations des taux d’intérêt mondiaux, leur mode de fonctionnement suppose des risques au niveau de la liquidité mais surtout au niveau des projets dans lesquels elles s’impliquent. « La gestion du risque n’est pas encore bien élaborée comme c’est le cas dans les banques conventionnelles, explique M. Barazi. Par exemple, si l’on prête de l’argent et que l’emprunteur ne rembourse pas, rien n’est prévu dans la charia à ce sujet. » La banque islamique est en effet fondée sur le principe du « takafol » (solidarité), qui exclut l’existence d’un quelconque garant. Pour lui, les banques islamiques font actuellement face à un défi majeur en ce qui concerne les normes de contrôle des activités bancaires prévues par Bâle II, qui n’évoque pas le cas des banques islamiques. Celles-ci « doivent avoir une vision globale concernant la gestion de tout type de risque (le risque souverain, celui du marché, etc. ), et ce non seulement à l’égard de Bâle II mais également envers les banques centrales qui ne disposent pas encore de véritables régulations qui leur permettent de traiter avec des banques de ce type ». Rana MOUSSAOUI
Le nombre de banques islamiques opérant dans le monde arabe et musulman augmente d’année en année. Leurs clients aussi. « On recense à l’heure actuelle quelque 270 institutions financières et banques islamiques qui représentent environ 250 milliards de dollars », a déclaré le secrétaire général de l’Union des banques arabes, Fouad Chaker, à l’occasion d’un...