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Actualités - REPORTAGE

Ce qu’ils en pensent - POLÉMIQUE ADDOUM-JOUMBLATT

Depuis la guerre, jamais une polémique entre deux responsables n’avait atteint une telle ampleur et une telle virulence dans les propos. Certes, il est arrivé, au cours des dernières années, que des « sources » plus ou moins anonymes attaquent certaines figures, mais il n’y a jamais eu, depuis la fin de la guerre, un échange direct aussi violent que celui qui oppose actuellement le ministre de la Justice, M. Adnane Addoum, au leader druze, M. Walid Joumblatt. Ce n’est pas seulement le contenu des accusations que les deux hommes se lancent mutuellement qui choque, mais aussi la manière de les dire. Au point que la rue déjà assez divisée est plus radicalisée que jamais. Nous avons demandé à l’ancien ministre druze, Issam Naaman, ce qu’il en pense. Issam Naaman, ancien ministre Q. : Que pensez-vous de cette polémique et comment les deux hommes ont-ils pu en arriver là ? R. : « J’aurais souhaité que les deux parties utilisent d’autres procédés dans la façon de se parler et dans la façon de se lancer des critiques. Je ne veux pas me prononcer sur le contenu des accusations. Chacun a le droit d’avoir son opinion. En tant qu’homme politique et intellectuel, je ne peux qu’être pour la diversité. Mais je m’oppose vivement aux méthodes pratiquées par les deux parties. Chacune d’elle a été très dure envers l’autre, alors qu’il aurait été possible d’éviter que les choses en arrivent là. Surtout dans cette période critique que traverse le Liban et où les opinions et les intérêts divergents semblent souvent contradictoires. Je souhaite donc que les leaders et les dirigeants politiques, ainsi que ceux qui mènent l’opinion publique évitent de jeter de l’huile sur le feu, car le pays n’a vraiment pas besoin de ce genre de comportement à l’heure actuelle. Les dirigeants politiques devraient plutôt chercher les points de rencontre entre les Libanais au lieu de remuer les couteaux dans les plaies et d’insister sur les points de divergence. » Q. : Mais selon vous, entre Addoum et Joumblatt, qui est le plus fautif ? R. : « Je vous ai dit, je ne me prononcerai pas sur le contenu des accusations, car ce n’est certainement pas le moment de le faire. Quant aux méthodes, je crois que tous deux sont globalement responsables. Chacun des deux hommes a, dans ses propos, été violent et dur avec l’autre. Sur le plan de la forme, je les place pratiquement au même niveau, mais quant au fond, c’est une autre histoire. » Q. : Comment arrêter maintenant ce cercle vicieux de la violence verbale ? R. : « À mon avis, seule l’autodiscipline peut arrêter ce cercle vicieux. Personnellement, je mise encore sur une action concertée et sage des leaders et des responsables pour tenter de calmer le jeu et éviter tout ce qui peut mobiliser les sensibilités et les susceptibilités. Nous avons plus que jamais besoin de sagesse et d’élévation. » Q. : D’aucuns diront que quand les Syriens se mêlaient directement de la politique libanaise, les choses n’atteignaient jamais ce stade. Qu’en pensez-vous ? R. : « Je ne crois pas que le problème se pose en ces termes. Cela ne me paraît pas être, en tout cas, l’élément important. Il y a actuellement des défis nationaux, politiques et sociaux très importants qui apparaissent en même temps que grandit un intérêt multinational à l’égard du Liban. Il est normal, dans un tel climat, que les susceptibilités soient plus aiguisées que jamais sur tous les plans. » Q. : Pensez-vous que le ministre Addoum conservera son portefeuille, malgré la campagne dont il fait l’objet ? R. : « Je pense qu’il est trop tôt pour se prononcer sur cette question. Ce que vous entendez actuellement peut n’être qu’un épisode ponctuel vite oublié... » Hoda Geara, étudiante en droit Q. : Que pensez-vous de la polémique entre MM. Addoum et Joumblatt ? R. : « En vérité, je ne sais plus que penser. Je ne croyais pas que la violence verbale pouvait atteindre de tels niveaux. Honnêtement, je dirais que tout cela me déprime un peu. D’abord, Addoum a une façon de parler qui dérange. Il a toujours l’air de vouloir gronder et menacer les gens. Mais Joumblatt est lui aussi très insultant. À mon avis, il faut les faire taire tous les deux, pour qu’on puisse réellement penser au contenu. Maintenant, sur l’affaire proprement dite, je pense que la justice libanaise traîne un peu les pieds dans son enquête. En tout cas, elle n’a pas l’air très pressée de vouloir aboutir à des résultats. Alors, de voir par la bouche du ministre la victime se transformer en accusée, on ne peut que trouver cela révoltant. Je comprends donc la réaction de Joumblatt, mais j’aime moins les propos qu’il a tenus à Paris sur Addoum. Mais apparemment, un peu de retenue serait trop demander par les temps qui courent... ». Scarlett HADDAD


Depuis la guerre, jamais une polémique entre deux responsables n’avait atteint une telle ampleur et une telle virulence dans les propos. Certes, il est arrivé, au cours des dernières années, que des « sources » plus ou moins anonymes attaquent certaines figures, mais il n’y a jamais eu, depuis la fin de la guerre, un échange direct aussi violent que celui qui oppose...