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Actualités - CHRONOLOGIE

Le chef du PSP accueilli comme un chef d’État à l’Élysée, hier ; la présence syrienne au cœur des entretiens Joumblatt : « Adnane Addoum mérite d’être lapidé pour ses propos sur Marwan Hamadé »

PARIS, de Élie MASBOUNGI Journée de « petits gestes » et de « petites phrases », hier, pour Walid Joumblatt à Paris, qui, après avoir été reçu en audience par le président Jacques Chirac au palais de l’Élysée, a rencontré au Quai d’Orsay le ministre des Affaires étrangères, M. Michel Barnier, puis donné une conférence de presse au Centre d’accueil de la presse étrangère en présence d’une centaine de journalistes français et étrangers. Petit geste à grande signification sur le perron du palais présidentiel où le chef de l’État français a raccompagné son hôte, démarche habituellement réservée aux chefs d’État ou de gouvernement. Avec cependant plus d’une dérogation puisqu’il est arrivé au président français de raccompagner jusqu’à la sortie le président Rafic Hariri en tant qu’ancien Premier ministre. Pour les « petites phrases », elles étaient formulées par Walid Joumblatt qui, dans une diatribe contre les membres du gouvernement, a estimé que le ministre de la Justice, Adnane Addoum, méritait d’être « lapidé » pour avoir menacé d’engager des poursuites contre Marwan Hamadé au moment même où l’ancien ministre était hospitalisé pour les séquelles de l’attentat qui a failli lui coûter la vie. « C’est une ordure, et nous l’aurons un jour », a-t-il indiqué. Ajoutant plus loin qu’avec « un certain M. Frangié au gouvernement », on ne pouvait s’attendre à des élections régulières. Pour en venir aux entretiens du leader du PSP avec les responsables français et à ses déclarations devant la presse, on peut affirmer que tant à l’Élysée qu’au Quai d’Orsay, il s’agissait d’un échange de vues sur la situation « libano-syro-françaises », échange au cours duquel M. Joumblatt a dit « tout ce qu’il avait sur le cœur », précisant que sa position était claire. À savoir qu’il n’est ni contre la Syrie ni contre la présence militaire syrienne au Liban puisque cette présence est régie par les accords de Taëf, mais qu’il est contre l’interventionnisme syrien et les ingérences d’agents « syro-libanais » dans la vie quotidienne des Libanais. « Atteindre l’objectif essentiel » « Le souci principal du président français et de la France est l’indépendance et la souveraineté du Liban et des relations normales avec la Syrie. (...) La France n’a pas de visées sur le Liban, le Moyen-Orient ou la Syrie. Elle veut juste l’établissement de relations saines entre le Liban et la Syrie, et l’indépendance et la souveraineté du Liban », a indiqué Walid Joumblatt à sa sortie de l’Élysée. Et de poursuivre, concernant la 1559 : « Nous voulons atteindre l’objectif essentiel. Certaines clauses, certains détails de la 1559 pourraient faire l’objet de débats. Nous verrons, avec la France, comment aboutir à l’objectif principal. » « Comment y arriver ? Il faudra entamer un processus de dialogue avec toutes les parties concernées et aussi faire comprendre aux Syriens qu’un Liban indépendant, démocratique, souverain est à leur avantage. C’est un défi qui vaut la peine, et je crois qu’avec l’appui de la France on peut y arriver », a-t-il ajouté. De son côté, le président Chirac a « salué la détermination avec laquelle M. Joumblatt défend les valeurs d’indépendance, la souveraineté du Liban, ainsi que l’application des principes démocratiques dans ce pays auquel la France est également très attachée », rappelant l’attachement de la France à l’application « pleine et entière » de la résolution 1559 du Conseil de sécurité qui invite notamment la Syrie à mettre fin à son ingérence au Liban. « On veut nous faire taire par les bombes » Dans une déclaration liminaire devant les journalistes, M. Joumblatt a indiqué qu’il était venu en France à l’invitation du président Chirac pour exprimer le mécontentement d’une majorité écrasante du peuple libanais face à la situation insupportable créée par le comportement d’agents de services de renseignements syriens et libanais dans la vie politique libanaise et même la vie tout court des citoyens qui ne demandent, a-t-il dit, qu’à vivre en paix et « avec un minimum de démocratie ». Se démarquant des autres mouvements libanais d’opposition, le chef du PSP a souligné que son mouvement est pour le maintien des troupes syriennes au Liban « pour défendre notre pays contre Israël », contre tout changement de régime en Syrie et contre le désarmement du Hezbollah qui a libéré le Liban-Sud de l’occupation israélienne et qui reste vigilant contre la présence armée israélienne dans les fermes de Chebaa. Il devait ensuite exprimer sa grande inquiétude au sujet de l’invasion de l’Irak par les troupes américaines et des conséquences de la situation actuelle dans ce pays, notamment la confusion qui règne au moment où Washington et ses alliés veulent y organiser à tout prix des élections au début de l’année prochaine. Revenant, au gré des questions-réponses, sur des problèmes strictement libanais, M. Joumblatt a estimé que les tiraillements entre l’opposition et les loyalistes alliés au clan prosyrien tournent à l’affrontement et que son parti est « prêt à toute éventualité puisqu’on veut nous faire taire par les bombes ». Et c’est dans ce contexte qu’il a lancé à l’adresse de M. Adnane Addoum, ancien procureur général et actuel ministre de la Justice, qui a parlé hier de poursuites contre Marwan Hamadé : « Il mérite d’être lapidé pour de tels propos inacceptables. Et nous le ferons, nous l’aurons un jour... » « Nous ne demandons que des relations saines et claires avec la Syrie, c’est-à-dire des relations d’État à État », a encore dit le conférencier dans le cadre du compte-rendu de ses entretiens avec le président Chirac, auquel il a rendu hommage pour sa compréhension et sa condamnation de l’attentat contre Marwan Hamadé ainsi que pour l’hospitalisation de Yasser Arafat et l’hommage qui a été rendu par la France officielle au chef de l’Autorité palestinienne avant et après son décès en terre française. « Ce que je veux, a encore dit M. Joumblatt, c’est un Liban libre souverain, démocratique et indépendant, ce qui ne va pas à l’encontre des intérêts de la Syrie. Mais nous refusons la tutelle syrienne ou l’amarrage du Liban à la Syrie. J’ai été l’allié inconditionnel de la Syrie, mais je n’oublie pas l’héritage indépendantiste de mon père », a-t-il indiqué. « Les Syriens et leurs acolytes libanais se mêlent de tout et cela devient suffocant », a ajouté le leader libanais qui a par ailleurs expliqué ses perceptions des accords de Taëf et de la résolution 1559, précisant que « ce n’est pas la même chose », qu’il y a à cet égard de légères divergences entre les positions françaises et les siennes. « L’opposition libanaise ne s’ingère pas dans les affaires internes syriennes. Partant, la Syrie ne devrait pas intervenir dans les affaires libanaises », a-t-il ajouté. En réponse à des questions – dont une de L’Orient-Le Jour sur le climat hostile à la chaîne al-Manar qui règne en France dans certaines sphères du pouvoir et certains médias –, M. Joumblatt a indiqué qu’il n’a pas ressenti cette hostilité lors de ses entretiens avec le président Chirac, reconnaissant implicitement que cette question avait été abordée hier matin à l’Élysée. « Je soutiens clairement et nettement le Hezbollah qui a bouté les troupes israéliennes hors du Liban-Sud et je ne pense pas que les programmes d’al-Manar contiennent une incitation à la haine raciale, comme le prétendent certains médias », a encore dit le chef du PSP.
PARIS, de Élie MASBOUNGI

Journée de « petits gestes » et de « petites phrases », hier, pour Walid Joumblatt à Paris, qui, après avoir été reçu en audience par le président Jacques Chirac au palais de l’Élysée, a rencontré au Quai d’Orsay le ministre des Affaires étrangères, M. Michel Barnier, puis donné une conférence de presse au Centre d’accueil de la...