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Actualités - CHRONOLOGIE

Éducation - L’Université jésuite de New York et l’USJ élaborent un projet de partenariat Gerald R. Blaszczak : La pédagogie de demain doit être capable de s’adapter à la mondialisation

L’université du XXIe siècle est un espace cosmopolite, pluriculturel. C’est-ce que l’Université Saint-Joseph (USJ) semble avoir très bien compris depuis un certain nombre d’années, comme le montrent l’adoption du nouveau système de crédits ECTS, ainsi que le nombre croissant d’accords de partenariat avec des universités à travers le monde, et notamment d’Europe. Et c’est justement dans un souci d’ouverture sur le monde anglo-saxon qu’un contact a été dernièrement établi, grâce à la visite de l’ancien ministre Nasser Saïdi, membre du Conseil stratégique de l’USJ, avec l’Université jésuite de New York, Fordham, fondée en 1841, et dont les responsables ont montré un grand enthousiasme en vue d’une éventuelle collaboration. C’est dans ce cadre que se déroule actuellement la visite du vice-président de Fordham, le père Gerald R. Blaszczak, S.J., à Beyrouth, afin de fixer, avec les responsables de l’USJ, les grandes lignes de la future coopération entre les deux universités. D’autant plus que, et comme tient à le signaler le père Blaszczak, les deux universités partagent la même tradition jésuite, une tradition qui semble profondément imprégner la mission de Fordham (qui fait partie des 28 universités jésuites des États-Unis) au sein de la société américaine : « Nous voulons donner toute sa place et toute son importance à la tradition et à l’exigence morales dans une Amérique de plus en plus consumériste, individualiste et sécularisée », indique-t-il. D’emblée, le père Blaszczak souligne l’importance stratégique d’un partenariat avec une grande université libanaise, qui constituera « un pont vers les autres pays du Moyen-Orient ». « Il est très important pour nous de permettre à nos étudiants de mieux connaître le Liban, et à travers lui toute la région, mais également aux étudiants libanais de découvrir l’autre visage de l’Amérique », précise-t-il, en mettant en exergue l’importance du réseau des universités jésuites à travers le monde, qui leur donne la chance « d’avoir une vision plus universelle des choses, et d’entretenir une conversation avec l’autre, alors que les universités aujourd’hui n’ont pas toujours tendance à réfléchir globalement ». Mais le fait que l’enseignement jésuite au Liban, aussi bien au niveau universitaire que scolaire, reste essentiellement francophone ne risque-t-il pas de donner à cette collaboration une coloration de prosélytisme culturel ? Le père Blaszczak s’empresse de rejeter une telle thèse, estimant que son université ne « cherche absolument pas à remplacer la culture française au Liban et au Proche-Orient, où la francophonie est très importante ». « La question de la langue est peut-être un défi pour nous, mais c’est surtout une grande source de richesse, puisque nos étudiants pourront profiter chez vous des patrimoines francophone et arabophone », ajoute-t-il. À propos de la concrétisation de la future collaboration entre Fordham et l’USJ, il conçoit des échanges d’étudiants, de professeurs, mais surtout une étroite coopération au niveau de la recherche, notamment dans les domaines de la biologie expérimentale, de la gestion, de l’économie et du droit. C’est à ce moment que le père Blaszczak se lance dans une argumentation passionnée sur les caractéristiques de l’enseignement jésuite, aussi bien à Fordham qu’ailleurs : « Des directeurs d’entreprise viennent nous demander pourquoi nos étudiants disposent d’une faculté de critique, d’une curiosité et d’une exigence intellectuelles beaucoup plus rares ailleurs, d’une capacité de prendre des décisions morales, d’aller jusqu’au bout de leur analyse et de leur raisonnement. » Et de répondre : « L’esprit même de notre enseignement se fonde sur la formation d’hommes et de femmes engagés socialement et moralement, et qui formeront des acteurs sociaux capables d’apprécier la différence et d’en profiter pour construire une société plus riche. » « Nous poussons nos étudiants à poser les questions les plus difficiles, et à aller au cœur des choses pour trouver les réponses, sans être satisfaits par les explications faciles, par les banalisations et la vulgarisation », affirme-t-il. « Ce sont ces raisons qui nous poussent aujourd’hui à collaborer avec l’USJ, qui partage avec nous les mêmes valeurs, la même mission, la même quête », indique-t-il, avant d’exprimer sa joie de voir le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, qu’il a visité il y a quelques jours pour lui exposer le projet de coopération avec l’USJ, et lui faire comprendre la portée et l’intérêt d’un tel partenariat. Parce que le père Blaszczak, tout en donnant son importance à la dimension strictement académique de la collaboration entre les universités jésuites, souligne avant tout son caractère intellectuel et humain. Il élabore ainsi un parallélisme entre le XVIe siècle – qui a vu l’enseignement jésuite s’ériger, selon lui, pour briser « la glace » dans laquelle s’étaient emprisonnées les universités occidentales de l’époque, incapables de faire face à la renaissance et à la réforme – et l’époque actuelle, avec ses universités souvent désemparées face à la mondialisation. « Nous devons être capables de développer la réponse adéquate face à la mondialisation en cours, pour que l’on puisse s’y adapter », ajoute-t-il, avant de préciser que personne ne peut prétendre avoir la réponse et l’imposer aux autres. « Nous devons imaginer ensemble la pédagogie de demain, qui pourra, dans le cadre des nouveaux phénomènes qui secouent le monde, former des citoyens fermement engagés dans la construction d’une société meilleure », conclut-il. Samer GHAMROUN
L’université du XXIe siècle est un espace cosmopolite, pluriculturel. C’est-ce que l’Université Saint-Joseph (USJ) semble avoir très bien compris depuis un certain nombre d’années, comme le montrent l’adoption du nouveau système de crédits ECTS, ainsi que le nombre croissant d’accords de partenariat avec des universités à travers le monde, et notamment...