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Aoun qualifie le mouvement de « téléguidé », Harb dénonce le rôle des services et de l’armée Le rassemblement de Beyrouth est « un échec », clame l’opposition

Rejoignant d’autres ténors de l’opposition qui ont jugé que la manifestation de Beyrouth était « un échec », le général Michel Aoun a évalué à « quelques dizaines de milliers » le nombre des manifestants qui y ont participé. Pour l’ancien commandant en chef de l’armée, la manifestation n’était « rien d’autre qu’un mouvement populaire manipulé et téléguidé par la Syrie ». Interrogé hier soir par la chaîne satellitaire al-Arabiya, le général Aoun s’est demandé comment ces groupes de manifestants « peuvent se dire libanais et prendre part à un mouvement de protestation dirigé contre l’indépendance de leur pays ». Pour le général, qui s’exprimait de Paris, il s’agit d’« une manifestation syrienne à visage libanais ». À tous ceux qui affirment que les partis libanais étaient majoritairement représentés lors de cet événement, le général a rappelé qu’il n’y a pas lieu de parler de majorité puisque seul « un dixième du million de manifestants attendus, soit moins de 100 000 personnes », a pris part à cette marche, soulignant toutefois qu’il faudra attendre 24 heures pour obtenir les chiffres exacts. D’ailleurs, a-t-il dit , il n’y a qu’à voir la nationalité des participants pour comprendre cette équation. « Les protestataires étaient en majorité des ouvriers syriens qui sont sous la coupe des services secrets et des Palestiniens. » « Quant aux Libanais parmi eux, ce sont ceux à qui il est demandé de remettre leurs armes », a indiqué le général dans une allusion claire au Hezbollah. Et de se demander comment l’État peut tolérer en son sein des partis et des formations politiques « qui ont acquis, avec le temps, une indépendance militaire , politique et administrative ». « Il s’agit d’une situation qui remet en question la souveraineté de l’État, soutenu par des milices armées, créant par là un “climat mafieux” ». Accusant « ces partis d’être encouragés et financés par la Syrie », il a en outre indiqué qu’ils « sont devenus une véritable force de division » au sein du pays. Le général a enfin rappelé que la 1559 « est dans l’intérêt du Liban puisqu’elle vise à lui restituer sa place au sein de la communauté internationale », soulignant qu’aussi bien le Liban que la Syrie, tous deux signataires de la Charte de l’Onu, doivent respecter les décisions émanant de l’organisation onusienne. Harb : « Un triste jour » « C’est un triste jour dans l’histoire de la démocratie libanaise, puisqu’il a consacré l’exploitation des citoyens par les services pour défigurer la réalité de la lutte politique », a déclaré de son côté le député du Nord, Boutros Harb, en commentant le déroulement de la manifestation prosyrienne. Dans un communiqué publié hier, M. Harb a souligné « les efforts prodigués en vue de cacher le rôle des services dans la mobilisation des citoyens libanais pour participer à la manifestation », dénonçant « la mise à la disposition des participants de moyens de transport pour faciliter leur arrivée », alors que, selon lui, ces mêmes services ont l’habitude de tout faire pour empêcher les étudiants et les citoyens de l’opposition de manifester pour la souveraineté et la liberté. Il s’est également interrogé sur « le nombre des manifestants, leur appartenance politique, leur identité et la nationalité d’une partie d’entre eux », avant de critiquer « l’utilisation des moyens de l’armée, qui est l’armée de tous les Libanais, ainsi que sa force aérienne, pour filmer les manifestations et les regroupements à travers les hélicoptères afin de les transmettre aux médias internationaux ». « Qu’est-ce qui garantit que le pouvoir n’utilisera pas tous ces moyens, encore une fois, pour que les résultats des élections soient à l’image de la manifestation d’aujourd’hui ? » a-t-il demandé. M. Harb a ensuite affirmé que « tous les Libanais, ainsi que la plupart des participants libanais à la manifestation, refusent l’État actuel des relations entre le Liban et la Syrie, qui sont des relations de suivisme », estimant que le fait de placer cette manifestation sous le sloga : « Êtes-vous avec la Syrie ou bien avec Sharon ou Bush » constitue « un contournement de la réalité du problème et une exploitation, non innocente, des sentiments de fraternité des Libanais envers la Syrie pour couvrir l’État des choses au Liban ». « Nous aurions souhaité que les organisateurs de la manifestation osent en faire un référendum » sur les véritables questions qui marquent la réalité libanaise, a-t-il ajouté, avant d’indiquer ne pas vouloir entrer « dans le jeu dangereux que pratiquent les services ». Kornet Chehwane : « Un échec » Trois ténors de l’opposition ont qualifié d’« échec » la manifestation. Le député Farès Souhaid et Samir Frangié, tous deux membres du Rassemblement de Kornet Chehwane, ont jugé dans un communiqué que « le gouvernement doit tirer les leçons de l’échec du référendum qu’il a organisé ». Selon eux, le gouvernement doit « prendre la décision de démissionner pour ouvrir la voie à un gouvernement impartial qui n’organise pas de référendum contraire à la Constitution, mais prépare des élections honnêtes qui rendent le pouvoir » aux Libanais. « La Syrie doit tirer les leçons de l’échec de la manifestation d’appui en sa faveur et réviser sa politique envers le Liban », concluent-ils. Moawad La députée de Zghorta, Nayla Moawad, a de son côté estimé que « malgré l’adoption officielle de la manifestation du “million” (...), et ce qui l’a accompagnée de menaces et de pressions, elle n’a pu rassembler plus de 100 000 personnes (...), et donc 10 % de ce qui était prévu ». « Cela confirme le fait que la confrontation n’est pas entre les partisans et les détracteurs de la 1559, mais entre un État libanais sécuritaire parrainé par la Syrie (...) et la totalité du peuple libanais qui veut un Liban arabe, démocratique, souverain, libre et indépendant », a-t-elle ajouté. Solange Gemayel La femme du président assassiné Béchir Gemayel, Mme Solange Gemayel, a estimé que la manifestation d’hier a été organisée « à la demande de la Syrie, de la direction palestinienne et du Hezbollah ». « La Syrie, qui affirme officiellement vouloir traiter positivement avec la 1559, afin d’éviter une confrontation avec la légalité internationale, pousse ses hommes au Liban vers cette même confrontation », a-t-elle dit.
Rejoignant d’autres ténors de l’opposition qui ont jugé que la manifestation de Beyrouth était « un échec », le général Michel Aoun a évalué à « quelques dizaines de milliers » le nombre des manifestants qui y ont participé.
Pour l’ancien commandant en chef de l’armée, la manifestation n’était « rien d’autre qu’un mouvement populaire manipulé et...