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Actualités - CHRONOLOGIE

Des milliers de Libanais seront acheminés vers la capitale, à leur corps défendant Téléguidée par le pouvoir, la manifestation anti-1559 paralysera Beyrouth aujourd’hui

Téléguidée par le pouvoir, une manifestation aspirant à réunir un million de personnes doit défiler aujourd’hui, dans les rues de Beyrouth, à l’appui de la position officielle du régime libanais, qui rejette la résolution 1559 de l’Onu comme une ingérence dans les affaires internes du Liban. La manifestation est organisée par une coalition de partis laïcs prosyriens, auxquels le Hezbollah a décidé de se joindre, ainsi que le mouvement Amal. Le parti Kataëb, sous la présidence de M. Karim Pakradouni, a également décidé de participer au cortège. Même la CGTL s’est mise de la partie. Plus surprenant, le mufti de la Réublique, cheikh Mohammed Kabbani, a publiquement apporté son appui à la manifestation, qui revêt un aspect nettement antiaméricain. Le mufti de la Békaa, cheikh Khalil Meiss, prononcera le mot du mufti Kabbani, au cours du meeting oratoire qui se tient, place des Martyrs, pour conclure la manifestation. Les manifestants sont invités à se rassembler à partir de midi en quatre points distincts de Beyrouth, les ronds-points Tayyouné, Chatila, Palais de justice et Cola. À 13 heures, les manifestants se mettront en marche et convergeront vers la place des Martyrs, où un meeting oratoire est prévu, avant la dispersion des manifestants. Les FSI encadreront étroitement les défilés. Des consignes strictes ont été données pour que les manifestants ne portent pas de signes distinctifs et pour que seul le drapeau libanais soit brandi. Toutes les rues que doivent emprunter les manifestants seront libres, à partir de midi, et les rues adjacentes qui y mènent fermées à la circulation. Le stationnement des véhicules des deux côtés des rues empruntées par les manifestants sera interdit. Même les motos seront empêchées de s’approcher du défilé. Les autobus qui doivent acheminer les manifestants des quatre coins du Liban se gareront sur l’avenue des Français et la corniche du front de mer. En dépit des mesures d’encadrement adoptées et d’une planification aussi minutieuse que possible des différents moments de la journée, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises autour de la Maison de l’Onu, place Riad el-Solh, qui abrite le siège de l’Escwa, de crainte qu’elle ne soit l’objet de quelque agression. Par ailleurs, toutes les écoles situées près des voies que vont emprunter les manifestants ont décidé de fermer leurs portes. La décision vaut notamment pour l’école des Franciscaines, le Lycée franco-libanais, l’école des sœurs de Nazareth ainsi que pour les diverses facultés de l’USJ, qui seront fermées à partir de 11 heures. Instruits par ce qui s’est passé lors d’une précédente manifestation en faveur de l’application de la 1559, les Libanais éviteront d’eux-mêmes de se retrouver pris au piège des embouteillages inévitables que la manifestation provoquera, estiment les organisateurs. Pour prouver qu’aucune pression n’a été imposée aux fonctionnaires, l’État a tenu à maintenir ouvertes les administrations publiques, en dépit du risque de voir les fonctionnaires bloqués, des heures durant, loin de leur domicile, passées les heures de bureau. Les banques et autres établissements commerciaux ont suivi l’exemple. Mais ces mesures ne sauraient masquer la mobilisation massive des municipalités et d’autres services plus discrets pour la réussite de la manifestation, comme l’assurent des témoins. Et s’il est vrai que des Libanais appuient sans doute sincèrement la présence syrienne au Liban et rejettent la 1559, l’acheminement, à leur corps défendant, de milliers de manifestants des régions reculées du Liban sera une preuve supplémentaire que les Libanais ne sont pas maîtres de leur destin et de leur souveraineté. Unir plutôt que diviser L’une des plus sages observations faites au sujet de la manifestation d’aujourd’hui est venue du député Nassib Lahoud qui, après avoir reçu au siège du Renouveau démocratique M. Carlos Eddé, Amid du BN, a jugé « regrettable » une initiative politique qui divise les Libanais, alors que la tâche la plus urgente, en ce moment, est de les unir. Explicitant sa position à la fois hostile à la 1559 et à la manifestation, M. Émile Rahmé, du parti Solidarité, a laissé entendre qu’il aurait préféré voir les responsables confirmer, par leurs actes, leur disposition à se prêter au dialogue, plutôt que « de régler leurs différends dans la rue ». Le parti Kataëb, tout en participant à la manifestation, a mis en garde contre l’arbitrage de la rue, dans lequel il voit « un cercle vicieux qui conduira irrémédiablement le pays à la cassure, comme cela s’est produit dans les années qui ont immédiatement précédé la guerre ». « La rue, a affirmé M. Pakradouni, ne doit pas se substituer au dialogue national au sein des institutions constitutionnelles. » Les députés Henri Hélou, Nehmetallah Abi Nasr et Élie Aoun, ainsi que l’ancien député Gabriel Murr ont pris position contre la manifestation, soulignant à leur tour combien cette initiative était pernicieuse pour l’unité nationale.

Téléguidée par le pouvoir, une manifestation aspirant à réunir un million de personnes doit défiler aujourd’hui, dans les rues de Beyrouth, à l’appui de la position officielle du régime libanais, qui rejette la résolution 1559 de l’Onu comme une ingérence dans les affaires internes du Liban.
La manifestation est organisée par une coalition de partis laïcs...