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Actualités

analyse Rébellion des télévisions ukrainiennes contre la censure

Démissions, grèves, manifestations : les journalistes des chaînes de télévision ukrainiennes contrôlées par le pouvoir se sont rebellés contre la censure et, fait sans précédent et qui pourrait influencer la suite des événements, couvrent désormais la crise de la façon la plus objective possible. La chaîne ukrainienne progouvernementale 1+1, réputée pour être l’une des plus agressives à l’égard de l’opposition, s’est engagée à donner des « nouvelles objectives », avant de reprendre la diffusion de ses bulletins d’informations suspendue depuis lundi en raison du refus des journalistes de les présenter à cause de la censure. Les collaborateurs de 1+1 ont déclaré, dans un communiqué, refuser de diffuser des « informations partiales sous la pression des forces politiques ». « Les événements actuels nous obligent à faire la déclaration suivante (...) : toute information sera complète et objective », promettent-ils. Cette rébellion des journalistes de la chaîne contrôlée par le chef de l’Administration présidentielle Viktor Medvedtchouk, considéré comme l’éminence grise du pouvoir, avait commencé à prendre forme après le premier tour de la présidentielle le 31 octobre. Evhen Hlibovitski, l’un des journalistes de la chaîne qui a démissionné ces derniers jours pour protester contre la censure, reconnaît que la couverture médiatique de la campagne « a contribué » à radicaliser la société et à approfondir les divergences entre l’ouest nationaliste pro-Iouchtchenko et l’est et le sud russophones pro-Ianoukovitch. M. Ianoukovitch était présenté comme le candidat « du peuple », un croyant orthodoxe garant de la stabilité. M. Iouchtchenko était au contraire accusé d’être à la solde des Américains et entouré de radicaux prêts à déclencher une guerre civile. « Les falsifications ont commencé quelques mois avant le vote avec une représentation biaisée de la réalité sur le petit écran. Les régions de l’est et du sud n’ont pas reçu d’informations alternatives », estime Natalia Lihatcheva, experte dans les médias. « C’est notre responsabilité collective », reconnaît M. Hlibovitski. « Nous avons pour la plupart raconté des mensonges », a pour sa part déclaré le présentateur de la chaîne publique UT-1 Volodymyr Melnik en s’exprimant sur la télévision de l’opposition Kanal 5. Il a appelé ses collègues à la grève, suivie par une vingtaine de journalistes. UT-1 a installé une tente sur la place de l’Indépendance pour se joindre à une centaine de milliers d’Ukrainiens qui manifestent depuis dimanche leur soutien à Viktor Iouchtchenko et contestent la victoire de M. Ianoukovitch, proclamé mercredi officiellement vainqueur du scrutin. Une présentatrice pour les malentendants sur UT-1, Natalia Dmitrouk, au lieu de citer les chiffres de la commission électorale centrale, a expliqué par gestes à ses spectateurs : « Les résultats sont falsifiés. N’y croyez pas. Notre président est (l’opposant Viktor) Iouchtchenko. » Cette révolte sans précédent a conduit le pouvoir à attaquer à nouveau la chaîne d’opposition Kanal 5. « Le langage provocateur de la prétendue chaîne de nouvelles honnêtes prépare le terrain pour un coup d’État », a accusé mercredi le président ukrainien Léonid Koutchma. La télévision diffuse en permanence un « marathon électoral » où des personnalités ukrainiennes viennent s’exprimer en direct sur la situation politique en Ukraine. Le marathon est entrecoupé par les images de la manifestation sur la place de l’Indépendance et les déclarations en direct des opposants. La transmission a été coupée dans la région de Donetsk (est) et dans une ville de la région de Soumi (nord-est), mais les journalistes espèrent que le pouvoir n’osera pas fermer la télévision. Olga NEDBAEVA (AFP)
Démissions, grèves, manifestations : les journalistes des chaînes de télévision ukrainiennes contrôlées par le pouvoir se sont rebellés contre la censure et, fait sans précédent et qui pourrait influencer la suite des événements, couvrent désormais la crise de la façon la plus objective possible. La chaîne ukrainienne progouvernementale 1+1, réputée pour être l’une...