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Actualités - RENCONTRE

Le sommet de Ouagadougou adopterait deux déclarations sur le P-O et la Côte d’Ivoire Accueil au tam-tam, dans la plus pure tradition africaine, pour les chefs d’État des pays francophones (Photo)

Ouagadougou, de notre envoyé spécial Michel TOUMA C’est en présence d’une trentaine de chefs d’État et de gouvernement – en tête desquels le président Jacques Chirac – et d’une vingtaine de représentants officiels que s’est ouvert vendredi matin (hier) à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, le Xe sommet de la francophonie. Le général Émile Lahoud – qui était, en principe, président en exercice du sommet depuis la réunion de Beyrouth, en octobre 2002 – devait passer la main, lors de la séance d’ouverture, au président burkinabé. Pour des raisons que nul à Beyrouth n’a pris la peine de préciser officiellement, le chef de l’État s’est toutefois abstenu de se rendre à Ouagadougou, préférant se faire représenter par le ministre de la Culture, Nagi Boustany. Indépendamment du fait que cette absence contribue à accentuer encore plus l’isolement du Liban sur la scène internationale, la participation libanaise au niveau du chef de l’État aurait été souhaitable en raison de l’importance que revêt le sommet de Ouagadougou pour l’action de la francophonie dans les prochaines années. Les sommets précédents de Hanoi (novembre 1997) et de Moncton (Canada-Nouveau-Brunswick, septembre 1999) avaient posé les jalons de l’institutionnalisation de la dimension politique de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Le sommet de Beyrouth, réuni sous la présidence du général Lahoud, avait donné une approche particulière à cette dimension politique en mettant l’accent sur le rôle du dialogue des cultures comme instrument de la paix, de la démocratie et du respect des droits de l’homme. Cette vision étant ainsi consolidée, l’OIF a consacré les assises de Ouagadougou à la redéfinition de sa stratégie d’action au niveau du développement durable, thème qui concerne de près le Liban et, à ce titre, il est déplorable qu’il n’ait pas fait entendre sa voix avec force au moment où des choix importants devaient être arrêtés sur ce plan. C’est dans une atmosphère digne de la plus pure tradition africaine que les 56 chefs d’État et de gouvernement (ou leurs représentants) des pays ayant le français en partage ont entamé hier matin leur sommet, placé sous le thème « La francophonie, espace solidaire pour un développement durable ». Dès la veille, Ouagadougou était déjà en fête. À l’occasion de l’arrivée successive des présidents, des centaines de jeunes et d’écoliers, revêtus des habits africains traditionnels aux mille couleurs éclatantes, s’étaient rassemblés par petits groupes, parsemés le long des routes asphaltées (toutes ne le sont pas) du nouveau quartier « Ouaga 2000 », construit pour recevoir les sommets, les conférences internationales et les hôtes étrangers. Débordant d’enthousiasme, ces jeunes accueillaient les chefs d’État au rythme endiablé et ensorcelant de leurs tam-tams dont les sons et l’écho retentissaient de façon concomitante dans plusieurs quartiers de la zone d’accueil. La délégation française accompagnant le président Chirac était à l’évidence la plus imposante. Elle regroupait plusieurs députés et sénateurs, le maire de Paris et président de l’Association internationale des maires francophones (AIMF), Bertrand Delanoë, des figures de proue du monde des Lettres, dont notamment Mme Hélène Carrère d’Encausse, les présidents de RFI et de TV 5, ainsi que de nombreux journalistes. Peu après son arrivée, dans l’après-midi de jeudi, le président Chirac a participé à la séance de clôture de la XXIVe assemblée générale de l’AIMF. Se sont succédé à la tribune, le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, le secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf, et le maire de Paris, qui a confirmé pour l’occasion ses extraordinaires talents de brillant orateur. Dernier à prendre la parole, le président Chirac a notamment appelé à « bâtir le développement au sein d’un mouvement à la fois solidaire et fraternel ». La réunion au sommet « Développement » et « solidarité ». Tels sont précisément les deux mots-clés de la réunion au sommet des chefs d’État et de gouvernement qui s’achèvera samedi (demain) par la publication de la déclaration finale. Les débats seront axés essentiellement sur deux volets : le développement durable et les dossiers chauds de l’actualité internationale. Concernant le premier point, les présidents et chefs de délégation donneront leur aval à l’adoption d’un plan stratégique décennal qui définira les grands axes de l’action de l’OIF et qui portera sur quatre chapitres : la promotion de la diversité culturelle ; la solidarité économique et sociale ; l’éducation, l’enseignement et la formation professionnelle ; la démocratie, la paix et le respect des droits de l’homme. Un plan décennal ambitieux que le ministre de la Culture, Nagi Boustany, a qualifié dans son discours prononcé hier matin de « feuille de route » pour l’action de la francophonie dans les années à venir. Dans la pratique, les actions et projets qui concrétiseront ces quatre chapitres seront exécutés sur base d’un programme planifié sur quatre ans, et non plus deux, comme c’est le cas actuellement. Une nouvelle organisation du travail, une approche nouvelle, sera ainsi mise en œuvre pour accroître le rendement et l’efficacité. À cet égard, le sommet de Ouagadougou devrait constituer un tournant dans la stratégie d’action au niveau du développement, tout comme les précédents sommets de Hanoi, de Moncton et de Beyrouth ont marqué un tournant pour la consolidation de la dimension politique de l’OIF. Cette dimension politique était d’ailleurs clairement perceptible dans les principaux discours prononcés lors de l’ouverture des travaux. Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a ainsi souligné la nécessité de poursuivre les efforts de médiation pour « trouver des solutions pacifiques aux crises politiques en Côte d’Ivoire, en Haïti et dans les régions des Grands Lacs ». La situation en Côte d’Ivoire a constitué – on s’en doute – une bonne partie de l’allocution prononcée par le président Chirac qui a réaffirmé que la France est « présente aux côtés du peuple ivoirien, comme de tant d’autres peuples affligés par la guerre, pour l’aider à trouver lui-même le chemin de la réconciliation et du renouveau ». Il a relevé à ce propos, d’une manière plus globale, que « la francophonie a pour mission d’aider à l’enracinement de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit ». Autre dossier discuté par les chefs d’État : le Proche-Orient. Lors de la séance d’ouverture, il n’a toutefois été évoqué que par le ministre de la Culture, M. Boustany, qui a prôné à ce sujet une « approche globale dans l’application des résolutions des Nations unies concernant le Proche-Orient », affirmant qu’il ne saurait y avoir « une justice internationale à géométrie variable ». Si la conjoncture proche-orientale a été ignorée dans la quasi-totalité des discours prononcés hier matin, il n’en reste pas moins qu’elle ne sera nullement négligée dans les débats à huis clos. Les chefs d’État et de gouvernement devraient à ce sujet avaliser une proposition de la conférence ministérielle qui a suggéré, à l’issue de sa réunion tenue mercredi pour préparer l’ordre du jour du sommet, de dissocier les dossiers de Côte d’Ivoire et du Proche-Orient de la déclaration finale. Ces deux volets pourraient faire l’objet de documents séparés. Concernant la crise israélo-arabe, le sommet mettrait l’accent sur la nécessité de relancer la « feuille de route » adoptée par le quartette (États-Unis, Russie, Union européenne, Onu), se prononçant en outre pour l’organisation des élections palestiniennes dans une atmosphère démocratique et saine, avec la participation des habitants de Jérusalem-Est. Les délégations clôtureront leurs travaux aujourd’hui en fin de matinée et se donneront rendez-vous dans deux ans en Roumanie.
Ouagadougou, de notre envoyé spécial Michel TOUMA

C’est en présence d’une trentaine de chefs d’État et de gouvernement – en tête desquels le président Jacques Chirac – et d’une vingtaine de représentants officiels que s’est ouvert vendredi matin (hier) à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, le Xe sommet de la francophonie. Le général Émile Lahoud – qui...