CORRESPONDANCE - Une inspiration pour la nouvelle génération L’hommage de la Nasa à Charles Elachi, un fils du Liban (photo)

WASHINGTON – Irène MOSALLI «Outre l’arrivée de la nouvelle année, la nuit du 31 décembre 2003 était marquée par le déroulement de plusieurs événements célestes. À des millions de kilomètres de la Terre, un orage de poussière tourbillonnait autour des crêtes et des ravins de Mars pendant qu’un robot à six roues s’ancrait sur cette planète. Du côté du système solaire, un autre vaisseau spatial s’approchait d’une boule de glace et de rochers, crachant une tempête de grêles qui s’échauffaient en se balançant vers le Soleil. Plus près de nous, deux télescopes scrutaient les cieux. Leurs miroirs recueillaient des photons qui avaient traversé l’immensité de l’espace pendant des milliards d’années, et enregistraient des événements ayant trait à des galaxies éloignées. Et juste au-dessus de notre planète Terre passaient toutes les quelques minutes une poignée de satellites qui notaient les activités d’un cyclone frappant la côte Est de l’Afrique, de même que l’évolution d’un blizzard s’étendant sur le nord-ouest des États-Unis. » Ce n’est ni un poète ni un romancier qui s’exprime ainsi, mais un homme de science américain qui est en train de conquérir l’espace. Et qui, en plus, est un Libanais d’origine nommé Charles Elachi, directeur du Jet Propulsion Laboratory (le JPL relevant de la Nasa) et que nous avons déjà présenté dans cette même page. Tout récemment, ses pairs lui ont rendu un vibrant hommage au cours d’une cérémonie intitulée « Spirit of Exploration ». Au cours de cette cérémonie, qui s’est déroulée à l’Air and Space Museum à Washington, l’administrateur de la Nasa, Sean O’Keefe, a salué en lui « ce fils du Liban qui ne cesse, avec succès, de mettre sur orbite l’Amérique de la recherche et de l’exploration, et qui la mène vers d’autres univers que le nôtre ». « Il n’a pas fini de faire de ces planètes que l’on croyait inaccessibles nos voisins les plus proches. Quel meilleur exemple pour la nouvelle génération ? » Le plus grand expert en télédétection La nouvelle génération, elle, est pleinement engagée dans cette voie comme l’a montré un documentaire sur le JPL, projeté au cours de cette cérémonie et qui donnait à voir de jeunes scientifiques en action. Des hommes et des femmes dans leur trentaine, ralliés à la bannière de Charles Elachi qui est arrivé à leur communiquer sa flamme. Le dernier en date de ses exploits est la préparation et la supervision de l’opération de prospection de Mars par les deux robots Spirit et Opportunity. Né à Rayak en 1947, Elachi a fait ses études secondaires au Liban, qu’il a quitté en 1964 pour commencer à accomplir un cursus académique impressionnant qui le mène successivement dans les meilleures universités de France et des États-Unis. Puis ce fut une brillante carrière à la Nasa. Aujourd’hui, ce chercheur américain de très grande envergure, qui cumule le savoir, l’expérience et les inventions scientifiques, est considéré comme le plus grand expert au monde en matière de télédétection. On a même donné en 1989 son nom à un astéroïde pour sa contribution à l’exploration planétaire. Depuis 2001, Charles Elachi dirige le Jet Propulsion Labarotory situé en Californie, qui s’étend sur plus de 700 000 mètres carrés et emploie 5 000 personnes à plein temps ainsi que plusieurs milliers de consultants. À noter qu’il aime autant les profondeurs de la Terre que les hauteurs des cieux. Il a participé à plusieurs explorations archéologiques dans le désert égyptien, la péninsule arabique et le désert de l’ouest de la Chine, à la recherche d’anciennes routes de commerce et de cités enterrées. Pour cela, il a utilisé des informations fournies par les satellites, dont certaines ont été évoquées par la revue National Geographic. Et l’un des nombreux ouvrages qu’il a rédigés a été traduit en chinois.